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Cléopâtre, la reine qui traverse tous les temps

Dalia Farouq, Mardi, 13 mai 2014

Reine d'Egypte, femme sensuelle et d'une grande beauté, Cléopâtre fait rêver depuis la nuit des temps. L'exposition Le mythe de Cléopâtre qui se tient actuellement à la Pinacothèque de Paris est l’occasion de replonger dans son monde fantastique.

Cléopâtre

L’exposition s’ouvre sur une récente découverte, un portrait de Cléopâtre VII appartenant au Musée des antiquités de Turin. Dans ce portrait, dont le nez est presque entièrement préservé, la coiffure est différente. « Des trous sur le sommet de sa tête prouvent qu’elle portait certainement une couronne royale », affirme Giovanni Gentili, le commissaire de l’exposition sur le site de la Pinacothèque de Paris qui y est consacré. C’est la pièce maîtresse de cette exposition intitulée Le mythe de Cléopâtre qui se tient à la Pinacothèque de Paris jusqu’au 7 septembre prochain. C’est à partir de cette sculpture, conçue au milieu du Ier siècle av. J.-C. que les archéologues ont tenté de trouver d’autres représentations de la reine égyptienne.

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350 pièces, sculptures, pièces de monnaie, bijoux mais aussi peintures des siècles passés, décors de théâtre, voire même les robes de Liz Taylor etMonica Bellucci au cinéma, forment un tableau fascinant du mythe de cette grande reine devenue une véritable muse au fil des temps. L’autre pièce marquante de l’exposition vient du Musée du Vatican: une autre statue de Cléopâtre conçue en marbre blanc, ce portrait datant de la 2e moitié du Ier siècle av. J.-C., est la plus célèbre de Cléopâtre VII. Il a probablement été réalisé par un des artistes de sa cour lors du voyage de la reine à Rome, en 46 av. J.-C. Invitée par César, elle s’était installée dans une grande partie de sa courdans la villa du Trastevere, éloignée du centre de Rome et de tous les regards. Ce déplacement avait créé de vives réactions à Rome. Certains n’appréciaient pas la présence d’une reine possédant un immense et riche royaume, alors que d’autres au contraire l’admiraient. Fascinées par cette femme puissante qui gérait la situation politique, sociale, économique et culturelle de son pays, les femmes romaines commencèrent à l’imiter. Elles se mirent à copier sa coiffure, voire son chignon, et à porter des bijoux en forme de serpent, typiques de la période alexandrine.

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« Ce portrait n’est pourtant pas significatif de l’esthétique de cette période, puisque Cléopâtre, d’origine grecque et héritière de la dynastie de Ptolémée, est ici représentée comme une reine hellénistique », explique Giovanni Gentili. « Elle porte une coiffure hellénistique caractérisée par un bandeau royal très simple en or, surmonté d’une petite décoration en forme de boule supportant probablement un autre élément décoratif absent aujourd’hui. Caractéristiques que l’on retrouve dans les portraits d’Alexandre le Grand, le fondateur d’Alexandrie », ajoute le commissaire.

Muse célèbre et femme politique peu connue

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Cette reine, dont la beauté a été érigée au rang de légende et au destin tragique, a été source d’inspiration pour des dramaturges et des écrivains allant de Horace et Shakespeare, jusqu’aux auteurs de bande dessinée. Les cinéastes ont également été touchés par sa grâce qui ne se souvient pas du classique Cléopâtre avec Lyz Taylor du chef-d’oeuvre hollywoodien de Mankiewicz. L’exposition présente dans l’optique Cléopâtre la muse, les robes d’Elizabeth Taylor, et même celle de Monica Bellucci dans Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre. « Le cinéma notamment, influencé par la tragédie Antoine et Cléopâtre de Shakespeare, a façonné une image de femme capricieuse, luxurieuse, exclusivement préoccupée par sa beauté et avide de richesse », note Giovanni Gentili. La robe longue et dorée de Liz Taylor illustre le goût du luxe supposé de cette reine, tandis que celle, toute en transparence, portée par Monica Bellucci dans Astérix et Obélix: Mission Cléopâtre semble rendre compte d’unesensualité assumée de la souveraine égyptienne. Dans la culture arabe et notamment égyptienne, le grand compositeur Mohamad Abdel-Wahab lui a consacré, en 1941, une chanson qui a donné encore plus de profondeur au mythe. Au théâtre, c’est le grandissime poète égyptien Ahmad Chawqi qui écrit une pièce intitulée La Mort de Cléopâtre en 1927 et qui est devenue un classique de la littérature. Sans oublier les divers courants picturaux à travers le temps qui se sont approprié l’histoire de Cléopâtre, en particulier l’épisode de sa mort. De nombreux tableaux du XIXe siècle présentés dans l’exposition la dévoilent dans des poses romantiques, souvent au moment de sa mort. Selon la légende, la reine se suicide en se laissant mordre par un aspic. Dans ces oeuvres, la mort de Cléopâtre est souvent magnifiée, comme l’illustre le tableau du peintre italien Achille Glisenti, La Mort de Cléopâtre, dans lequella souveraine égyptienne est allongée sur son lit de mort, tenant dans sa main le serpent meurtrier.

« Ici, comme dans beaucoup d’autres peintures traitant du même sujet, Cléopâtre est peinte nue », raconte Giovanni Gentili. Symbolisant l’érotisme, elle est, depuis les récits antiques, associée à l’image d’une femme fatale. Réalisé dans les années 1870, en pleine période où l’Egypte faisait l’objet d’une importante fascination, ce tableau présente une image faussée de Cléopâtre. Elle apparaît, ici, comme une reine de l’Egypte des pharaons, période très différente de l’époque ptolémaïque dans laquelle a vécu Cléopâtre VII.

Mais au-delà de sa sensualité ou de sa beauté tant chantée, Cléopâtre fut d’abord une femme politique à la tête d’un empire colossal. Si cet aspect a été très peu évoqué au cours des siècles, c’est, comme l’affirme Giovanni Gentili, parce que « le rôle politique de la reine n’était pas reconnu dans la Rome antique. Elle a surtout été décrite comme une femme à la beauté singulière jouant de ses charmes pour arriver à ses fins ».

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