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Balade d’une après-midi rue Khalifa

Lundi, 21 avril 2014

Dans Le Caire fatimide, épiceries et cafés côtoient certains des plus beaux monuments historiques de la ville. Concentrée de cette richesse centenaire, la rue Khalifa offre une balade simple et merveilleuse entre légende et vie d'aujourd'hui.

Jouir d’une ambiance de sainteté et vivre une journée de paix et d’amitié: la rue Khalifa offre ce privilège à ses visiteurs. Là, les maisons côtoient des monuments du IXe siècle de l’hégire (XIIIe siècle ap. J.-C.). Les épiceries et boulangeries jouxtent les boutiques des antiquaires, les cafés et restaurants populaires sont côte à côte avec les restaurants luxueux… Un contraste harmonieux qui forme le paysage particulier de la rue Khalifa.

Malgré cette richesse, la rue, à première vue, ne paraît pas attirante. Elle s’ouvre sur un marché de légumes et de fruits et se termine par un café populaire et le mur de l’hôpital Maghrabi.

De petits groupes de Malaisiens s’y rendent souvent. « Ils viennent visiter les dômes et les mausolées d’Al Al-Beit (membres de la famille du prophète Mohamad) », souligne Am Eissa, habitant du quartier et guide à ses heures, précisant que le nom de la rue « Khalifa » n’est pas connu de la plupart des habitants du quartier. Ici, elle s’appelle Al Al-Beit.

Pour lui, les visites sont presque quotidiennes. La rue comprend les mausolées et mosquées d’Al-Sayeda Sakina et Sayeda Roqaya, petites-filles du prophète Mohamad, ainsi que le dôme de sa tante paternelle Ateka et celui d’Al-Gaafari, l’un des amis du prophète.

Mais ces trésors ne sont pas les seuls …

D’après Am Eissa, la rue Khalifa faisait partie du projet de l’itinéraire touristique d’Al Al-Beit mis en place par le ministère du Tourisme il y a une dizaine d’années. Mais l’itinéraire a été arrêté, sans aucune raison. « La rue est à côté des mosquées d’Al-Sayeda Nafissa et Al-Sayeda Zeinab, sans oublier la citadelle qui se dresse sur le mont d’Al-Moqattam », renchérit Am Eissa en soulignant l’importance religieuse de la rue.

La rue Khalifa possède d’autres monuments d’importance, peu connus des habitants eux-mêmes. Pour les remarquer, il faut commencer sa tournée à partir de la mosquée Ibn Touloun. Là, des groupes de visiteurs accompagnés d’un guide écoutent les explications. Chaque touriste, appareil photo en main, immortalise sa visite.

La carte merveilleuse

A côté d’eux, une merveilleuse carte touristique est peinte sur la muraille de l’école Chagar Al-Dor. Cette carte représente les monuments situés entre la mosquée Ibn Touloun et la fin de la rue Khalifa. On trouve des mosquées comme celle de Sarghatmach, des maisons anciennes, à l’instar de celle de Sakna pacha, la célèbre chanteuse égyptienne de la Ire moitié du XIXe, ou encore les dômes comme celui de la dernière souveraine ayyoubide Chagar Al-Dor, sans oublier le musée remarquable de Gayer Anderson.

La carte signale aussi les restaurants, cafés, ateliers artisanaux, épiceries… Toutes les activités sans exception y sont indiquées. « Cette carte a été faite avec l’aide des habitants eux-mêmes en coopération avec des spécialistes du graffiti », souligne Mariam Al-Touni, membre de l’ONG Megawra : Al-Athar lana (lire encadré).

Grâce à cette carte, le visiteur est capable de se diriger dans la rue Khalifa, de reconnaître les monuments et de parcourir la liste des activités artisanales populaires. Il sait aussi où prendre un café ou un thé à la menthe.

Et s’il est perdu, cela lui donnera l’occasion de demander son chemin aux habitants, la vraie richesse du quartier.

Valoriser monuments et habitants

Megawra : Al-Athar lana (voisinage : le monument est à nous) est une ONG formée en 2011 par des experts en architecture et en urbanisme. Elle s’intéresse non seulement au monument lui-même mais aussi à ses alentours et à ceux qui y vivent.
La première phase du programme consistait en un ensemble d’activités : ateliers, conférences avec la communauté locale, expositions … cela afin de déterminer ce dont le quartier avait besoin. Les citoyens voulaient surtout un programme pédagogique de sensibilisation à l’importance des monuments historiques. Restaurer ces monuments, notamment le dôme de la reine Chagar Al-Dor, et réutiliser les anciens édifices déjà sauvegardés pour les transformer en centres accessibles aux habitants du quartier faisaient aussi partie des priorités.
« La deuxième phase de l’initiative consistait à programmer des activités à l’école Chagar Al-Dor. Les enfants apprenaient l’importance des monuments à travers des dessins et des pièces de théâtre », explique Mariam Al-Touni, membre de l’ONG.
Quant à la troisième phase, elle consiste à restaurer le dôme de Chagar Al-Dor et à transformer le bâtiment d’à côté en une clinique. De même, ont été peintes deux cartes touristiques, l’une indiquant les cafés de la rue, l’autre les monuments. « Ces cartes ont été peintes grâce aux citoyens eux-mêmes », précise Al-Touni.
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