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Restauration de la maison en terre d’Ahmad Orabi

Marianne Ramsès, Lundi, 10 février 2014

Le Conseil Suprême des Antiquités (CSA) va restaurer la maison d'Ahmad Orabi, leader nationaliste qui a conduit la révolution contre le khédive Tewfiq en 1882. Une demeure simple, presque paysanne, à la valeur toute symbolique.

Restauration de la maison en terre d’Ahmad Orabi

Le comité des monuments islamiques et coptes relevant du CSA a décidé de restaurer la maison du leader nationaliste Ahmad Orabi, vieille de plus de 150 ans. Celle-ci pourrait être transformée en musée. Issu d’une famille paysanne, Ahmad Orabi est le premier leader natio­naliste à conduire une révolution contre le pouvoir du khédive Tewfiq.

Selon le secrétaire général du CSA, Moustapha Amin, la décision de restaurer la maison de Orabi et de la transformer en musée s’inscrit dans le cadre d’un plan conçu par le ministère d’Etat pour les Affaires des antiquités visant à attirer davantage de touristes. C’est donc une étape visant à relancer le secteur du tou­risme qui trébuche depuis 3 ans. Le ministre d’Etat pour les Affaires des anti­quités, Mohamad Ibrahim, estime que ce projet « traduit une nouvelle tendance du ministère à restaurer et rénover les mai­sons et les résidences des dirigeants de la nation partout dans les gouvernorats d’Egypte, en vue de les sauvegarder et d’en faire un flambeau qui guide les pas de la postérité ».

L’importance de cette simple maison paysanne réside dans sa valeur historique. Le président du secteur des antiquités islamiques et coptes, Ibrahim Abdel-Rahman, souligne : « La valeur de cette maison se mesure par sa valeur histo­rique. C’est vrai qu’elle n’est pas inscrite en tant que patrimoine, mais cette maison est le symbole d’un leader qui a marqué l’histoire de notre pays ».

La maison, située dans le village de Hriya Razna, à Charqiya, reflète typique­ment l’aspect rural du lieu. Elle est construite en briques de terre et se com­pose de 3 chambres, dont la principale renferme un mastaba de 5 cm de large et de 2 m de long. Deux cadres en bois accrochés sur les murs renferment des documents historiques : le premier récla­mant la démission de Chérif pacha et la désignation de Mahmoud Sami Al-Baroudi comme premier ministre et d’Ahmad Orabi comme sous-secrétaire du gouvernement ; le deuxième concer­nant le décret du khédive Tewfiq d’exiler Orabi.

Toutefois, abîmée par le temps, cette maison se délabre. Les murs se sont fissu­rés et des parties du plafond se sont effon­drées et ont été remplacées par des pan­neaux de bois. Vu son état, le ministère a réagi en décidant sa restauration. Les tra­vaux devront colmater les fissures et consolider le toit et les murs. Les portes et les fenêtres en bois de même que les objets de décoration seront également restaurés. Modeste, mais témoin d’une époque importante de l’histoire moderne de l’Egypte, la maison de Orabi parle d’elle-même .

Orabi, un rebelle face au khedive

Né dans le village de Hriya Razna, à Charqiya, Ahmad Orabi (1841-1911) fut sans conteste le premier leader à mener une révolution contre le pouvoir autori­taire de son temps. Il rentre à l’armée en 1854. 6 ans après, il devient colonel, puis lieutenant-général en 1879, au moment où l’Egypte prend le parti des Turcs et des Circassiens.

Face au mépris ressenti, aux injustices endurées et à la mauvaise gouvernance du khédive Tewfiq, les offi­ciers égyptiens de l’armée cherchent dans leurs rangs un homme qui puisse devenir leur porte-parole pour réclamer leurs droits : ils voient en Orabi ce dirigeant vaillant. Le 9 septembre 1881, Orabi, secondé par les militaires et le peuple, conduit une révolution contre la détérioration de la situation économique, le pouvoir du khédive et l’ingérence étrangère dans les affaires du pays.

Face au soutien populaire dont jouit Orabi, Tewfiq se plie aux revendications de la nation, en renvoyant Riyad pacha, son premier ministre, le remplaçant par Chérif pacha, connu pour son patriotisme. Orabi accède ensuite au poste de ministre de la Guerre dans le gouvernement de Mahmoud Sami Al-Baroudi.

Le 13 septembre 1882, les troupes égyptiennes com­mandées par Ahmad Orabi s’engagent dans la bataille de Tel Al-Kébir, qui se termine par la défaite des Egyptiens et l’occupation britannique de l’Egypte. Battu mais pas vaincu, Ahmad Orabi fut condamné en décembre 1882 à l’exil sur l’île de Serendib. Il en revient en 1903 .

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