Le comité des monuments islamiques et coptes relevant du CSA a décidé de restaurer la maison du leader nationaliste Ahmad Orabi, vieille de plus de 150 ans. Celle-ci pourrait être transformée en musée. Issu d’une famille paysanne, Ahmad Orabi est le premier leader nationaliste à conduire une révolution contre le pouvoir du khédive Tewfiq.
Selon le secrétaire général du CSA, Moustapha Amin, la décision de restaurer la maison de Orabi et de la transformer en musée s’inscrit dans le cadre d’un plan conçu par le ministère d’Etat pour les Affaires des antiquités visant à attirer davantage de touristes. C’est donc une étape visant à relancer le secteur du tourisme qui trébuche depuis 3 ans. Le ministre d’Etat pour les Affaires des antiquités, Mohamad Ibrahim, estime que ce projet « traduit une nouvelle tendance du ministère à restaurer et rénover les maisons et les résidences des dirigeants de la nation partout dans les gouvernorats d’Egypte, en vue de les sauvegarder et d’en faire un flambeau qui guide les pas de la postérité ».
L’importance de cette simple maison paysanne réside dans sa valeur historique. Le président du secteur des antiquités islamiques et coptes, Ibrahim Abdel-Rahman, souligne : « La valeur de cette maison se mesure par sa valeur historique. C’est vrai qu’elle n’est pas inscrite en tant que patrimoine, mais cette maison est le symbole d’un leader qui a marqué l’histoire de notre pays ».
La maison, située dans le village de Hriya Razna, à Charqiya, reflète typiquement l’aspect rural du lieu. Elle est construite en briques de terre et se compose de 3 chambres, dont la principale renferme un mastaba de 5 cm de large et de 2 m de long. Deux cadres en bois accrochés sur les murs renferment des documents historiques : le premier réclamant la démission de Chérif pacha et la désignation de Mahmoud Sami Al-Baroudi comme premier ministre et d’Ahmad Orabi comme sous-secrétaire du gouvernement ; le deuxième concernant le décret du khédive Tewfiq d’exiler Orabi.
Toutefois, abîmée par le temps, cette maison se délabre. Les murs se sont fissurés et des parties du plafond se sont effondrées et ont été remplacées par des panneaux de bois. Vu son état, le ministère a réagi en décidant sa restauration. Les travaux devront colmater les fissures et consolider le toit et les murs. Les portes et les fenêtres en bois de même que les objets de décoration seront également restaurés. Modeste, mais témoin d’une époque importante de l’histoire moderne de l’Egypte, la maison de Orabi parle d’elle-même .
Orabi, un rebelle face au khedive
Né dans le village de Hriya Razna, à Charqiya, Ahmad Orabi (1841-1911) fut sans conteste le premier leader à mener une révolution contre le pouvoir autoritaire de son temps. Il rentre à l’armée en 1854. 6 ans après, il devient colonel, puis lieutenant-général en 1879, au moment où l’Egypte prend le parti des Turcs et des Circassiens.
Face au mépris ressenti, aux injustices endurées et à la mauvaise gouvernance du khédive Tewfiq, les officiers égyptiens de l’armée cherchent dans leurs rangs un homme qui puisse devenir leur porte-parole pour réclamer leurs droits : ils voient en Orabi ce dirigeant vaillant. Le 9 septembre 1881, Orabi, secondé par les militaires et le peuple, conduit une révolution contre la détérioration de la situation économique, le pouvoir du khédive et l’ingérence étrangère dans les affaires du pays.
Face au soutien populaire dont jouit Orabi, Tewfiq se plie aux revendications de la nation, en renvoyant Riyad pacha, son premier ministre, le remplaçant par Chérif pacha, connu pour son patriotisme. Orabi accède ensuite au poste de ministre de la Guerre dans le gouvernement de Mahmoud Sami Al-Baroudi.
Le 13 septembre 1882, les troupes égyptiennes commandées par Ahmad Orabi s’engagent dans la bataille de Tel Al-Kébir, qui se termine par la défaite des Egyptiens et l’occupation britannique de l’Egypte. Battu mais pas vaincu, Ahmad Orabi fut condamné en décembre 1882 à l’exil sur l’île de Serendib. Il en revient en 1903 .
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