Du centre-ville du Caire, 30 minutes suffisent pour atteindre la corniche de la banlieue de Hélouan. C’est au bout de cette route que se dresse discrètement Rokn Farouq, littéralement le coin du roi Farouq.

Deux portes en fer forgé surmontées des emblèmes de la famille alide gardent un paysage où la nature s’impose. Dès le portail franchi, c’est un vaste jardin fleuri qui accueille le visiteur. Onze manguiers plantés à l’époque du roi Farouq trônent au milieu d’un nombre infini de plantes rares sur plus de 11 hectares.

La villa royale a été construite sur 440 m2. Au centre, une fontaine en marbre blanc, entourée de quatre sculptures d’inspiration classique tenant un coquillage entre leurs mains, apporte de la fraîcheur.

Le relais a été édifié dans un style moderne, en forme de yacht, comme s’il flottait sur la rive du Nil. A l’époque, le rez-de-chaussée était consacré aux serviteurs. Il est désormais occupé par les bureaux des employés du musée. « Le premier étage constitue la partie essentielle du musée. Il comprend la salle de réception, les chambres, la salle à manger et le fumoir. Le troisième étage referme la cuisine », explique Samia Al-Fateh, directrice du musée.

Dès que le visiteur monte quelques marches, il est aussitôt immergé au coeur des années 1940, date de la construction de ce bâtiment dédié au repos, à la tranquillité. A l’époque pharaonique, un nilométre se trouvait à l’emplacement du jardin. Puis au début du siècle, un ingénieur italien fit construire un kiosque à thé à côté des rares vestiges du nilométre. « A l’époque, ce genre de kiosque était très en vogue pour boire un café, un thé ou des jus de fruits », poursuit la directrice. Enfin, au début des années 1940, le terrain fut racheté par le roi Farouq. Le kiosque à thé a aujourd’hui disparu.

Mobilier pharaonique

A l’entrée du premier étage, deux lanternes en verre teinté précèdent la salle de réception où se remarquent trois armoires incrustées d’ornementations pharaoniques en ivoire datant de l’époque de la construction du relais. « Ces armoires renferment les cadeaux offerts au roi Farouq », précise Fatma Moustapha, conservatrice du musée. Mais le plus frappant reste les copies des statuettes pharaoniques stockées dans les armoires ou exposées sur des consoles. Deux sphinx ailés en bronze « incarnent la Haute-Egypte et la Basse-Egypte. Ils signifient la domination du roi sur ces deux régions », explique la conservatrice.

Le roi Farouq était, en effet, fasciné par la civilisation de l’Egypte Ancienne. Les sculpteurs de l’époque fabriquaient régulièrement des reproductions pour les lui offrir, comme ces trois lits identiques à ceux du roi-enfant Toutankhamon, visibles dans la salle de réception.

Hormis la salle à manger qui comprend notamment une intéressante représentation d’un mariage pharaonique, la pièce la plus remarquable reste le fumoir. « Dans toutes les villas de repos du roi Farouq, installées aux quatre coins de l’Egypte, se trouve une pièce similaire », précise la conservatrice. Le fumoir était en effet l’un des lieux les plus intimes du souverain. Il se caractérise par son mobilier, notamment une copie du trône de Toutankhamon, et un paon en cuivre placé devant la cheminée en marbre pour conserver la chaleur.

Le confort était en effet le maître mot de ces relais destinés au repos du roi. Celui de Hélouan comprend deux ailes, est et ouest. L’aile ouest donne sur le Nil et comprend 5 balcons semi-cylindriques. A l’origine, deux statues complétaient la décoration de l’aile ouest. Selon la conservatrice, l’une d’elles fut retirée pour être exposée à l’Académie de Rome. Demeure une seule statue, celle d’une femme nubienne. « L’autre statue reflétait l’Egypte, montrant que le roi Farouq était bien le roi de l’Egypte et de la Nubie ».

Alors que l’aile ouest, donnant sur le Nil, comprend la salle de réception, la salle à manger et le fumoir, l’aile ouest abrite les chambres à coucher du roi et de la reine, ainsi qu’une maquette du temple de Karnak et de l’Allée des béliers.

A travers Rokn Farouq, le visiteur n’est pas immergé dans la somptuosité des pièces d’apparats. Il est plongé dans l’intimité du roi à travers des pièces de vie à taille humaine consacrées avant tout au repos, loin de l’agitation des palais royaux. Aujourd’hui, le lieu invite toujours à la détente ... un espace de calme loin de l’agitation de la ville.