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Découvertes exceptionnelles à Abydos

Nasma Réda , Dimanche, 02 avril 2023

Des pièces antiques appartenant à différentes époques ont été découvertes à Abydos, aux environs du temple de Ramsès II dans le gouvernorat de Sohag.

Découvertes exceptionnelles à Abydos

Plus de 2 300 têtes de bélier à cornes momifiées datant de l’époque ptolémaïque, les vestiges d’une structure palatiale remontant à la VIe dynastie de l’Ancien Empire, des parois du 1er pylône du temple de Ramsès II et de multiples pièces antiques de valeur de différentes époques ont été mis au jour aux alentours du temple du grand roi Ramsès II (XIXe dynastie) à Abydos, dans le gouvernorat de Sohag, en Haute-Egypte. « Une découverte exceptionnelle de la mission américaine dirigée par Sameh Iskandar de l’Université de New York, opérant sur le site depuis 2017 », indique Mohamad Abdel- Badie, chef du département central des antiquités de la Haute-Egypte auprès du Conseil Suprême des Antiquités (CSA).

Le secrétaire général du CSA, Moustapha Waziri, a pour sa part affirmé que la saison 2023 est prometteuse, notant l’importance majeure de cette nouvelle découverte qui dévoile des détails importants de la vie et de l’histoire du temple de Ramsès II à Abydos et ses environs. « Cette découverte contribue grandement à la connaissance de l’emplacement du temple et de la vie dont il a été témoin », déclare Waziri. A noter que le temple de Ramsès II est découvert il y a plus de 150 ans, mais ses alentours sont restés inexplorés. « On pense qu’il s’agit d’offrandes représentant une vénération pour Ramsès II, même 1 000 ans après sa mort », souligne Iskandar. Il ajoute que « parmi ce grand nombre de têtes de bélier momifiées remontant à l’époque ptolémaïque, on a trouvé celles à cornes courbées, qui représentent les offrandes au dieu Amon, et d’autres à cornes horizontales utilisées pour le culte du dieu Khnoum, tandis que la région d’Abydos n’est pas un lieu de culte d’Amon ou de Khnoum. Il est alors très probable que ces têtes momifiées aient été transférées d’un endroit lointain pour être cachées dans les entrepôts du temple de Ramsès II ». Il note que les futures études révéleront prochainement la cause de ce grand nombre de têtes de bélier trouvées sur place.

La mission archéologique a pu dévoiler au côté est du temple un mur de 8 m d’épaisseur qui représente le 1er pylône du temple jamais découvert. « On a pu également découvrir les vestiges d’une grande structure dont les murs sont d’une largeur de 5 m et d’une longueur de 160 m, remontant toujours à la VIe dynastie. Actuellement, on poursuit les fouilles pour s’assurer si ces murs changeront de direction ou continueront tout droit. On cherche à savoir s’ils appartiennent à un temple de l’Ancien Empire ou à des parois de l’ancienne ville ou autres », explique Essam Chéhab, vicedirecteur de la mission et directeur du site archéologique, ajoutant que des brebis, des chiens, des chèvres sauvages, des vaches et des gazelles momifiés y ont été aussi découverts avec les têtes de bélier. « Au même endroit où la mission a découvert les têtes de bélier momifiées, on a pu trouver des rouleaux de papyri, des tas de cire, des sandales et le plus exceptionnel était une cloche antique remontant à l’époque romaine et qui est considérée parmi les pièces maîtresses découvertes. Seulement au British Museum est exposée une cloche similaire », indique Chéhab, ajoutant que les fouilles se poursuivent afin de dévoiler la cause pour laquelle ce grand nombre de pièces étaient cachées sur ce site. Pendant les travaux de fouilles de cette saison qui ont duré plus de 4 mois, la mission a également découvert une tombe en brique crue voûtée remontant à l’époque ptolémaïque, qui a été creusée dans l’allée nord du temple de Ramsès II. Aussi un puits d’eau potable a été découvert. « La trouvaille de ce puits d’eau potable pour l’irrigation est venue confirmer notre théorie, selon laquelle les citoyens après l’époque de Ramsès II ont fouillé les entrepôts du temple à la recherche du limon pour l’utiliser dans la fertilisation du sol et la culture de certaines plantes », raconte Chéhab, notant que cette théorie est confirmée par le fait que les archéologues ont découvert les racines de quelques plantes remontant à l’époque romaine.


Les trouvailles découvertes cette saison datant de plusieurs dynasties.

Parmi les trouvailles de la mission figurent aussi une statue d’Osiris remontant aux XXVIe et XXVIIe dynasties de l’époque tardive, des stèles d’offrandes datant du Nouvel Empire, des ouchebtis et des amulettes en bronze et en faïence de l’époque ptolémaïque qui a duré environ 3 siècles avant la conquête romaine en 30 av. J.-C. « On a aussi trouvé un cercueil en brique crue conservant sa momie avec deux chiens momifiés », souligne le vicedirecteur de la mission américaine. A noter que depuis 2019, en intensifiant les fouilles, la mission américaine a découvert de rares pièces antiques en plus d’une dizaine de réservoirs (entrepôts), remontant à l’époque du roi Ramsès II. Ces fouilles ont également abouti à la découverte du palais royal de Ramsès II, et au sud du temple, les archéologues ont révélé des cartouches qui portaient les titres et les noms du roi.

« Notre but est non seulement de découvrir des structures cachées, mais en plus de les maintenir, de reconstruire et retracer le site tel qu’il était aux anciennes époques. On poursuivra les fouilles durant les prochaines saisons, surtout dans la région qui sépare le temple de Ramsès II de celui de son père Séthi Ier afin de révéler les résidences ou tombes des prêtres qui côtoient certainement les deux temples funéraires », conclut Chéhab.

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