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Découverte exceptionnelle à Louqsor

Nasma Réda , Mercredi, 18 janvier 2023

Une tombe vieille de 3500 ans a été découverte dans la région des Vallées à Louqsor par une mission égypto-anglaise. Elle appartiendrait à une princesse de la lignée des Thoutmosides (XVIIIe dynastie). Explications.

Découverte exceptionnelle à Louqsor
L’entrée de la tombe.

C’est sur la rive ouest du Nil, dans la région des Vallées, que les archéologues de la mission égypto-anglaise ont fait la découverte exceptionnelle d’une tombe qui, selon toute vraisemblance, appartiendrait à un membre de la dynastie des Thoutmosides. « A presque 500 mètres sous terre, on a découvert l’entrée d’une tombe qu’on suppose appartenir à une reine ou à une princesse. Les fragments de poteries et le style de la tombe laissent à penser qu’elle remonte à la dynastie des Thoutmosides (XVIIIe dynastie), vieille de 3 500 ans », explique Fathy Yassine, directeur égyptien de la mission et des antiquités à Louqsor. Il s’agit d’une entrée dans la montagne rocheuse qui mène à un long couloir, puis une grande salle connectée à une chambre. Selon Moustapha Waziri, secrétaire général du Conseil Suprême des Antiquités (CSA). « Les premiers éléments découverts jusqu’ici à l’intérieur de la tombe semblent indiquer qu’elle date de la XVIIIe dynastie, considérée comme l’apogée et la période la plus prospère de l’Egypte Antique (de 1550 à 1292 av. J.-C.) », précise-t-il dans un communiqué de presse. A cet égard, Piers Litherland, de l’Université de Cambridge, directeur britannique de la mission de New Kingdom Research Foundation, explique que « la tombe possède plusieurs chambres. Le corridor principal s’est complètement effondré. On estime qu’il y a une possibilité de trouver d’autres chambres que l’on n’aurait pas encore réussi à atteindre », espère-t-il. « La tombe est située dans une région où il n’y a que des tombes royales appartenant toutes à des femmes. D’après les dimensions de la tombe et le style décoratif des fragments, celle-ci appartiendrait très probablement à quelqu’un d’important, de haut rang, et pourrait même appartenir à une épouse royale ou une princesse de la lignée des Thoutmosides, dont très peu de choses ont été mises au jour à leur propos. La céramique trouvée remonte au règne de Thoutmosis III et de Hatchepsout, ce qui nous confirme son appartenance à la XVIIIe dynastie », explique-t-il.

La région des Vallées, située sur la rive ouest du Nil, regroupe la Vallée des rois, des reines, la nécropole de Deir Al-Madina, Al-Gourna et la Vallée des singes. « Ces vallées s’étendent entre la Vallée des reines à l’ouest et la principale montagne thébaine à l’est. Elles sont divisées en secteurs : A, B, C, D, E, F et G qui sont tous reliés aux deux vallées principales, celles des singes et de Gourna. Le travail actuel de la mission s’est concentré sur le secteur C », explique Fathy Yassine. Cependant, « l’intérieur de cette tombe est en mauvais état de conservation, de nombreuses inscriptions ont été détruites du fait des multiples inondations durant l’Antiquité. Alors, les chambres et les couloirs ont été remplis de sable, ainsi que de débris de calcaire », explique l’archéologue égyptien Mohsen Kamel, qui opère également dans toute la région ouest des Vallées.

Cette mission archéologique travaille dans la région ouest des Vallées depuis 2013. Pendant quatre saisons consécutives, elle ne faisait que des enquêtes dans toute la région, et ce n’est que cette saison que la mission a pu entamer le travail de fouille archéologique. « On a bien étudié la région d’après les documents publiés par les anciens archéologues qui y ont travaillé, tels que Howard Carter en 1916 et 1917, Baraize en 1921, Thomas en 1966 et Lilyquist en 2003 », retrace Litherland, chef anglais de la mission. « Nos premières missions, surtout celles menées en 2013 et 2014, visaient à réexaminer ces vallées, en particulier les secteurs F et G. Carter a suggéré que les tombes qui s’y trouvent remontent au règne de Thoutmosis III et d’Amenhotep III. Notre découverte actuelle vient alors répondre à la question de Carter: où se trouvent les sépultures manquantes de la XVIIIe dynastie ? », ajoute Litherland.


Le corridor qui mène aux chambres funéraires.

Par ailleurs, ce site montagneux est considéré comme une zone archéologique accidentée. « C’est la raison principale pour laquelle la plupart des missions ne préfèrent pas y travailler, et c’est pour ça que l’archéologue anglais Carter, qui a découvert la tombe de Toutankhamon, n’a pas lui aussi terminé les fouilles dans cette partie de la vallée », déclare Mahmoud Al-Hossary, professeur d’archéologie à l’Université de la Nouvelle Vallée. Il ajoute que la poursuite des travaux dans cette région contribuera à révéler de manière plus claire la structure architecturale de cette tombe et à identifier de nouveaux modes de vie, ce qui ouvre la porte à une possible réécriture de l’histoire d’une dynastie égyptienne riche. « Notre travail de fouille, d’étude et de nettoyage se poursuit, et nous espérons que cette découverte sera la première d’une série de révélations exceptionnelles dans les prochaines saisons », conclut Litherland.

Les quatre pharaons de l’ère thoutmosienne

L’époque thoutmosienne réfère à quatre pharaons de la XVIIIe dynastie égyptienne ayant tous le préfixe Thout à leur nom. Celui-ci fait référence au dieu Thot qui les aurait mis au monde, selon la mythologie. Il s’agit en premier lieu de Thoutmosis Ier (1530-1520 av. J.-C.), troisième roi de la XVIIIe dynastie du Nouvel Empire qui a pris le pouvoir après la mort d’Amenhotep Ier. C’est le premier pharaon à avoir aménagé sa tombe dans la Vallée des rois. Vient ensuite son fils Thoutmosis II (1520-1505). Peu connu, il a étouffé avec succès une rébellion en Haute-Nubie. Mais il n’a pas eu le temps d’achever son temple funéraire qui sera finalisé plus tard par Thoutmosis III— son règne n’ayant duré que 3 ans.

Quant à Thoutmosis III (1484-1450 av. J.-C.), il ne régna effectivement qu’après la mort d’Hatchepsout (1484). Il conquit alors la Palestine, la Phénicie et la Syrie. L’Egypte jouit sous son règne d’un immense prestige et d’une grande prospérité. Le quatrième et dernier Thoutmosien est Thoutmosis IV (1425-1408 av. J.-C.), petit-fils du précédent et fils d’Aménophis II. En plus de créer une véritable diplomatie sous son règne, il est également celui qui a dégagé du sable le Sphinx de Guiza.

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