Al-Ahram Hebdo : Vous vous dites sceptique quant au plan de développement du parc zoologique et de celui d’Al-Orman. Pourquoi ?
Soheir Zaki Hawass : Le Zoo de Guiza et le parc d’Al- Orman sont des jardins patrimoniaux vieux de plus de 130 ans et conservent jusqu’à aujourd’hui des éléments distingués. L’Egypte est connue par ses parcs et jardins historiques et patrimoniaux non seulement en Afrique, mais aussi dans le monde entier. C’est le cas du zoo, d’Al-Orman, des parcs du Palais d’Al-Manial et de Choubra, d’Antoniadis et autres. Or, le développement est souvent synonyme de modernisation, et cela ne doit pas être appliqué aux parcs historiques et patrimoniaux. Le développement de tels parcs doit, avant tout, mettre en avant leur valeur historique.
— Comment peut-on faire cet équilibre entre le développement et la conservation dans le cas du Zoo de Guiza ?
— Avant de commencer les travaux, une étude approfondie de tous les éléments du jardin doit être faite pour les documenter, tels que le plus ancien arbre, les cages et les édifices. Il faut ensuite déterminer les espaces verts pour atteindre le but d’un zoo sans cages. Il y a une idée pour exploiter, par exemple, le pont suspendu d’Eiffel, unique en son genre, qui se trouve au sein du zoo, ainsi que la grotte royale. En tant qu’urbaniste et membre de l’Organisme national de l’harmonisation urbaine, j’aimerais avoir des réponses à beaucoup de questions avant qu’il ne soit trop tard.
— Pensez-vous alors qu’il soit impossible de transformer le zoo en un parc à ciel ouvert ?
— Ce genre de parcs nécessite de vastes espaces où les animaux peuvent vivre librement. Des allées spéciales doivent être tracées et équipées de véhicules électriques pour transporter les visiteurs dans des tours sécurisés. Est-ce qu’on va entraîner et équiper les gardiens du zoo à l’intervention immédiate en cas d’attaque incontrôlée des animaux sauvages ?
— Et que pensez-vous du plan de développement du parc d’Al-Orman et de l’idée de lier les deux jardins par un téléférique ?
— Avec les espèces botaniques rares d’Al- Orman, le jardin est considéré comme étant un lieu de recherches plutôt qu’un endroit de villégiature. Ce jardin conserve, depuis sa création jusqu’à nos jours, des plantes et arbres rares. Je ne vois aucun besoin de lier les deux jardins par un téléphérique, surtout qu’ils sont sur le même niveau, sachant qu’ils étaient, au début du XIXe siècle, un seul jardin. Ce genre de projet se fait pour relier les hauts niveaux, des collines ou montagnes comme Al-Moqattam, aux bas niveaux. Dans notre cas, ce sera juste un moyen de divertissement.
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