Depuis la révolution du 25 janvier 2011, le patrimoine égyptien affronte un vrai danger. Pillage de pièces des musées du Caire et de Mallawi, violation des sites archéologiques et dernièrement vol des entrepôts de Mit Rahina. Ce vol a été découvert la semaine dernière lorsque les inspecteurs du site archéologique de Mit Rahina ont trouvé les plafonds de deux galeries du site brisés et un grand nombre d’objets manquants. Bien que 104 pièces aient pu être récupérées, le ministre d’Etat pour les Affaires des antiquités, Mohamad Ibrahim, a demandé au procureur général d’ouvrir une enquête et d’interroger les responsables sur le pillage de plus de 200 pièces. En effet, ce n’est pas la première fois que des sites soient pillés. Les vols et les violations continus en plus des craintes internationales au sujet du patrimoine égyptien ont amené les autorités à prendre des mesures concrètes pour assurer la sécurité des sites archéologiques et des musées. «
Nous avons décidé, en collaboration avec Ziad Bahaeddine, vice-premier ministre, de créer un fonds de protection du patrimoine pour doter les sites archéologiques non protégés de dispositifs de sécurité », explique Mohamad Ibrahim. Et d’affirmer : «
Le seul moyen de sécuriser les sites c’est de collaborer avec la police du tourisme ». «
Nous avons près de 40 musées dans les différents gouvernorats du pays, dont certains sont équipés de systèmes sophistiqués, mais la plupart des musées dépendent encore de systèmes désuets qui demandent à être remplacés par d’autres plus modernes », ajoute le ministre.
Les « deux épées », soi-disant vues au Qatar, se trouvent toujours exposées au Musée islamique au Caire.
(Photos: Nasma Réda)
L’idée d’avoir recours à des compagnies privées pour sécuriser les musées et les sites ne peut pas être mise en oeuvre faute de budget. « Le ministère d’Etat pour les Affaires des antiquités n’a pas les ressources financières nécessaires pour poursuivre les fouilles et pour réhabiliter les musées et les sites archéologiques », souligne Ahmad Charaf, directeur du secteur des musées. Pour sa part, la directrice de l’Unesco, Irina Bokova, a affirmé que son institution était prête à fournir une aide technique aux sites archéologiques en Egypte ou de lancer des campagnes mondiales de financement en faveur de ces sites.
Le sort des antiquités égyptiennes suscite désormais une grande préoccupation. Les violations des sites archéologiques inquiètent non seulement les responsables égyptiens, mais aussi les institutions internationales. « Le patrimoine culturel exceptionnel de l’Egypte n’est pas seulement un héritage du passé, reflétant son histoire riche et plurielle, c’est également un legs pour les générations à venir et sa destruction fragilise les fondations de la société égyptienne », a déclaré Irina Bokova.
Le président de l’Icomos (Conseil international des monuments et des sites), Gustavo Araoz, a exhorté les autorités égyptiennes à protéger les musées, les bibliothèques et les archives des monuments et des sites, y compris ceux recelant une importance religieuse. Il a demandé à ce que l’Egypte fasse tout son possible pour dissuader et prévenir le trafic des biens culturels. L’Icomos appelle également le peuple égyptien à respecter et à protéger le patrimoine culturel de l’Egypte, quelles que soient les périodes historiques, les communautés ou les confessions auxquelles il appartient, ainsi qu’à empêcher le trafic illégal du patrimoine culturel égyptien, au bénéfice des générations futures
A Mallawi, les monuments sont menacés
(Photos: Nasma Réda)
Le ministre pour les Affaires des antiquités, Mohamad Ibrahim, s’est rendu la semaine dernière au musée de Mallawi, à Minya, pour faire le point sur l’état du musée qui a été récemment pillé. « Ce petit musée régional a été fortement endommagé », a pu constater le ministre. L’Unesco a, à son tour, envoyé son délégué à Mallawi, accompagné d’Ahmad Charaf, directeur du secteur des musées.
L’Unesco a déclaré que les objets volés avaient été enregistrés et leur vente interdite. Pour l’Unesco, le vol du musée de Mallawi est un exemple flagrant de l’insécurité et l’instabilité politique qui menacent le patrimoine culturel égyptien.
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