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200 ANS D’ÉGYPTOLOGIE : Mobilisation pour le retour de la pierre de Rosette

Nasma Reda , Mercredi, 28 septembre 2022

En marge de la célébration du bicentenaire de déchiffrement des hiéroglyphes, plusieurs campagnes égyptiennes sont lancées pour demander la restitution de la pierre de Rosette.

Mobilisation pour le retour de la pierre de Rosette

Depuis des années, et lors de tous ses discours à l’étranger, le célèbre égyptologue Zahi Hawas, ancien ministre des Antiquités, crie le retour de la pierre de Rosette. Avec l’approche du bicentenaire de déchiffrement des hiéroglyphes, il se prépare à relancer en octobre sa campagne, assurant le droit de l’Egypte à restituer ses propres pièces, surtout celles uniques, en tête desquelles la pierre de Rosette. « Celui qui ne possède pas donne à celui qui ne mérite pas », se lamente Hawas, racontant que la cause remonte au début du XIXe siècle quand les forces ottomanes, françaises et anglaises ont signé la Capitulation d’Alexandrie en 1801. Les clauses de l’accord stipulaient que les Français cèdent aux forces anglo-ottomanes la pierre de Rosette, découverte par le Français Bouchard. « J’insiste toujours sur le fait de lancer une campagne populaire exigeant le retour de la pierre à son pays d’origine pour l’exposer au Grand Musée égyptien (GEM) », souligne-t-il. D’après lui, cette stèle ptolémaïque est l’icône de la civilisation égyptienne. « Le British Museum n’a pas le droit d’exposer au public notre pièce antique. Il n’est pas logique qu’elle soit loin de sa patrie », crie-t-il, décidé à lancer cette campagne contre le Royaume-Uni en général et le British Museum en particulier en appelant le monde entier, surtout l’Unesco, à agir contre toutes sortes de pillage des monuments. Il s’agit en fait de faire une pétition réunissant la signature d’un grand nombre de spécialistes et d’intellectuels égyptiens, européens et autres. En fait, Hawas a décidé d’élargir sa campagne pour comprendre le retour non seulement de la stèle de Ptolémée V, mais aussi le buste de Néfertiti qui se trouve au Musée de Berlin et le zodiaque de Dendara, conservé au Louvre. « Ces trois objets sont uniques. Nous avons toutes les preuves qui assurent que ces pièces sont volées et sorties d’une manière illégale du pays », conclut-il.

La restitution d’autres pièces

Hawas n’est pas le seul à lancer une pétition pour la restitution de la pierre de Rosette. Monica Hanna, doyenne du Collège d’archéologie et du patrimoine culturel de l’Académie arabe des sciences, de la technologie et du transport maritime, souhaite elle aussi collecter la signature de tous les Egyptiens, demandant la restitution de la pierre de Rosette et de 16 autres pièces antiques sorties toujours en 1801 par des moyens qu’elle considère « illégaux », dont une partie de la barbe du Sphinx de Guiza. « La pierre de Rosette est une pièce importante pour l’histoire égyptienne et a quitté l’Egypte selon un traité négocié et signé par les forces occupantes, sans aucune signature de la part d’un Egyptien. A savoir qu’en temps d’occupation ou de guerre, le pays occupant n’a pas le droit de s’emparer des pièces antiques. D’après l’Unesco, les pièces d’art doivent rester loin des conflits et doivent retourner à leur pays », souligne Hanna qui pilote cette campagne, affirmant que les articles de cette capitulation violent toutes les lois internationales tout en privant l’Egypte de sa souveraineté sur son patrimoine culturel. Collectant toutes sortes de documents, de photos de la sortie de la pierre de Rosette et des traités internationaux, cette campagne appelle à récupérer cette pièce unique, ainsi que les autres pièces sorties illégalement de l’Egypte. « Nous appelons les citoyens égyptiens à signer cette pétition pour montrer au monde entier leur volonté de récupérer leur patrimoine culturel et de travailler à mettre fin à la colonisation culturelle du patrimoine égyptien », indique la porte-parole de cette campagne, assurant que l’emplacement de la stèle à Rachid, sa ville d’origine, serait idéal et changerait également la carte touristique de cette région historique.

Une campagne populaire

Par ailleurs, le guide touristique égyptien Bassam Al-Chamaa a lancé une campagne populaire appelant les Egyptiens à envoyer au British Museum des courriels demandant le retour de la pierre de Rosette. « J’ai commencé ma campagne à travers les médias depuis début septembre, puis parmi les étudiants et les universitaires et je l’ai postée sur ma page Facebook », renchérit-il, ajoutant que bien que l’affiche de sa campagne porte la photo de la pierre de Rosette, elle s’inscrit dans un cadre plus large, puisqu’elle réclame la récupération des cinq grandes et uniques pièces sorties de l’Egypte de façon illégale, comme la tête de Néfertiti et le zodiaque du temple Dendara. « Si on réussit à récupérer une pièce, l’affaire sera facile pour les autres », dit Al-Chamaa, qui a appelé le ministère du Tourisme et des Antiquités à demander au British Museum la récupération de la pierre de Rosette qu’il préfère nommer « la stèle de Rachid ». « En octobre, je mettrai entre les mains du président de la République toutes les signatures collectées, espérant qu’il réclamera, lors de son prochain discours à l’Onu, le retour de ces pièces, puisqu’il est normal que l’emplacement des antiquités égyptiennes soit le territoire égyptien », estime Al-Chamaa. Pour sa part, Chaabane Abdel-Gawad, chef du département de restitution des pièces antiques égyptiennes au ministère du Tourisme et des Antiquités, a assuré la possibilité de récupérer toutes les pièces sorties illégalement du pays à travers les moyens diplomatiques et judiciaires.

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