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Le Musée de la poste reprend vie

Nasma Réda , Mercredi, 27 juillet 2022

Le Musée de la poste égyptienne ouvre ses portes aux visiteurs après trois ans de travaux de réaménagement et d’agrandissement. Le musée retrace avec beaucoup d’originalité l’histoire de la poste en Egypte.

Le Musée de la poste reprend vie

Au coeur du quartier surpeuplé de Ataba au centre-ville du Caire se dresse somptueusement le grand bâtiment de la poste égyptienne. Cet édifice au style européen néobaroque qui remonte au XIXe siècle est prêt à accueillir le public après trois ans de restauration. L’édifice est désormais digne de l’histoire de la poste égyptienne. « Vu l’importance historique du bâtiment et son emplacement stratégique, le ministère des Télécommunications et de la Technologie de l’information a décidé de le restaurer et de l’élargir en ayant recours non seulement aux experts des universités égyptiennes, mais aussi aux spécialistes du patrimoine urbain pour mettre en relief la valeur historique et culturelle de cet édifice. Après sa restauration, ce bâtiment historique, remontant à la famille alide, ouvre ses portes », explique Heba Barakat, conseillère du chef de l’Organisme de la poste égyptienne pour les affaires muséales.

Après avoir traversé la foule, les véhicules et les marchands ambulants, une petite entrée située au milieu de l’édifice sous la coupole nous guide au musée. A l’intérieur, tout est calme. En traversant les portails de sécurité modernes, un carrosse de la poste, transféré du Musée des carrosses royaux de Boulaq se trouve au rez-de-chaussée. « Ce carrosse était utilisé à l’ère khédiviale pour transporter les lettres importantes envoyées par les différents établissements officiels au Caire », a déclaré Amr Talaat, ministre des Télécommunications et de la Technologie de l’information, lors de l’inauguration, soulignant la « bonne coopération » entre son ministère et celui du Tourisme et des Antiquités. L’escalier menant au premier étage est rampé de fer forgé. Ornés de motifs du XIXe siècle, la coupole, le plafond ainsi que les murs ont retrouvé leur beauté d’antan après les travaux de restauration. Le buste du khédive Ismaïl (1863-1879) est à l’accueil du visiteur, puisque c’est grâce à lui que l’Organisme de la poste égyptienne a été créé. « Ismaïl était convaincu de l’importance de la poste nationale, notamment avec l’extension du commerce et la multiplication des bureaux de poste à Alexandrie et à Port-Saïd où vivaient de grandes communautés étrangères. Le service postal devait, selon lui, être un service national. Il a alors acheté en 1864 la Posta Europea qui était une compagnie postale européenne privée fondée en 1841 à Alexandrie par Titoqini et Muzzi, deux hommes d’affaires italiens », raconte Barakat. Le 1er janvier 1865 marque la naissance du bureau de la poste égyptienne dit « bureau khédivial de la poste », dont le siège se trouvait au sein du ministère des Finances. Tous les sceaux étrangers ont été remplacés par d’autres égyptiens. « Le siège de l’Organisme de la poste a été créé à Alexandrie pour être proche des activités commerciales étendues entre l’Egypte et les pays de la Méditerranée », ajoute Barakat. Et d’affirmer qu’en janvier 1866, le premier ensemble de timbres égyptiens a été imprimé en Italie.


Les boîtes postales décoraient les rues du Caire.

L’histoire de la création de la poste égyptienne est racontée en détail dans les trois premières salles du musée. Et l’histoire continue dans les autres salles. C’est le roi Fouad Ier qui a ordonné la création au Caire du musée en 1934, au sein du nouveau siège de l’organisme, bâti place Ataba en 1931 à l’occasion de l’accueil au Caire du 10e congrès de la poste. Mais, vu l’état de santé du roi, l’inauguration du musée n’a été faite qu’en 1940 sous le règne du roi Farouq Ier. « C’est le seul musée qui a deux décrets et deux dates d’ouverture, une en 1934 sous le roi Fouad Ier et la deuxième en 1940 sous le roi Farouq Ier », explique Talaat. Une vitrine spéciale expose ces deux décrets côtoyant le buste du roi Fouad. Le musée était composé d’une seule salle avec un corridor exposant 1256 pièces, alors qu’aujourd’hui, il renferme 15 salles et des milliers de pièces. En fait, au fil des années, le Musée de la poste égyptienne a réussi à réunir un ensemble inestimable de timbres-postes émis par l’Egypte depuis 1866. Ce panorama complet de timbres reflète l’histoire du pays et le savoir-faire de la poste. Le musée comprend aussi des exemplaires de timbres étrangers qui ont apporté des souvenirs pour l’Egypte lors du congrès de la poste.

Muséologie moderne

L’originalité et la modernité ne manquent pas à l’intérieur du musée dans sa nouvelle forme de 2022. Un grand écran tactile apparaît à côté du buste du khédive Ismaïl. Une seule touche permet d’entendre une voix rauque : « C’est moi le facteur, je suis toujours à votre service ». A travers cet écran, le visiteur peut accéder à toutes les informations sur les salles du musée. Les vêtements que portaient les facteurs aux quatre coins du pays, leurs photos en noir et blanc et leurs cartables sont également exposés dans des salles spéciales. Les corridors sont décorés des portraits des PDG de l’Organisme de la poste égyptienne. Très bien organisée, chaque salle a son cachet. L’histoire est racontée à travers des pièces historiques où à travers des tableaux, des cartes, des décrets, des documents et des documentaires diffusés sur les écrans dans toutes les salles. Il y a également les QR codes où plus de détails sont offerts aux visiteurs. « Pour les personnes ayant des besoins spéciaux, surtout les non-voyants, nous avons équipé le musée de panneaux en braille. Nous avons produit de la même manière le premier timbre sur les pyramides et le Sphinx pour qu’ils puissent non seulement le lire, mais aussi le voir », déclare Barakat.


Les timbres-postes reflétaient les événements importants du pays.

A savoir que la fabrication des timbres-postes a aussi beaucoup évolué. A leur lancement, ils avaient un aspect purement égyptien avec des portraits de khédives, de rois, ou de membres de la famille royale à l’exemple du portrait de la princesse Férial, fille du roi Farouq, qui apparaît sur un timbre de 1940 pour une raison humanitaire, puisque son prix était destiné aux orphelins. Mais la plupart des timbres montraient un monument important tel que la tête de Toutankhamon, la Citadelle ou encore un événement politique comme la nationalisation du Canal de Suez ou la construction du Haut-Barrage. A savoir aussi que tout au long de son histoire, la poste égyptienne a commémoré des personnalités célèbres, telles que Ahmad Zoweil, Naguib Mahfouz, cheikh Chaarawi et autres, en imprimant des timbres avec leurs portraits. Aujourd’hui, ces timbres portent des QR codes donnant plus d’informations sur leur contenu. En effet, la nouvelle muséologie et l’exposition des boîtes postales d’autrefois et des répliques des différents moyens de transports de la poste à travers les époques attirent les regards au sein du musée. « Bien que l’Organisme de la poste égyptienne conserve toujours le logo du pigeon, employé à l’époque ottomane pour envoyer les lettres, la direction du musée a déployé de grands efforts pour créer un musée moderne du XXIe siècle, avec une muséologie créative », conclut Talaat.

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