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Minimalistes et somptueux

Dina Kabil , Mardi, 08 février 2022

« Bilingual » est le titre d’une exposition tenue récemment au Musée national de la civilisation égyptienne présentant des pièces de mobilier (13 tabourets) inspirées de l’Egypte Ancienne. Ce projet dano-égyptien en dit long sur la mode pharaonique dans le domaine des meubles.

Un tabouret inspir  de la forme du temple de Hatchepsout.
Un tabouret inspiré de la forme du temple de Hatchepsout

Contrairement aux habits, aux bijoux et aux motifs décoratifs, l’art du mobilier de l’Egypte Ancienne est peu visité. L’Initiative égypto-danoise pour le dialogue (DEDI) a eu l’idée de mettre ensemble la somptuosité de l’art sublime de l’antiquité égyptienne et le minimalisme du design danois. Tout a commencé lorsqu’au début de 2021, la DEDI a lancé la 2e édition de son projet mobilier Bilingual qui a réuni des stylistes et des étudiants de l’Académie royale danoise et leurs homologues égyptiens pour créer des designs innovants inspirés de l Egypte Ancienne. Ces designs ont ensuite été réalisés à Damiette, la ville du mobilier, par des artisans virtuoses de l’usine Pinocchio, dirigée par le designer Amr Orsana.

Photos : Hecham Aboul-Amayem

Ce projet de coopération artistique a été réussi à plusieurs niveaux. D’une part, il a comblé le fossé qui existait entre le créateur de meubles et les artisans sur le terrain, en permettant aux deux un dialogue direct. « Les designers ont besoin d’être en contact direct avec les fabricants et savoir comment ces derniers travaillent avec leurs mains. Ils ne doivent pas s’éloigner de leur création », affirme Amr Orsana.

 

Un brin d’innovation

D’autre part, le projet apporte un brin d’innovation à l’industrie du mobilier en Egypte, qui oscille entre le classique et l’ultra-moderne. Les deux cultures et leur conception du monde du mobilier peuvent paraître opposées, mais elles sont, d’une certaine manière, complémentaires. C’est ce qu’explique Nicolai de Gier, designer et professeur à l’Académie royale danoise. « Dans l’Egypte Ancienne, le bois était rare, c’est pourquoi ils devaient faire le maximum de ce qu’ils ont entre les mains. C’est aussi un point fondamental dans la tradition du design danois. Notre pays a des ressources limitées, ce qui s’est reflété sur le design des meubles qui est un art minimaliste », insiste-t-il. D’ailleurs, « Less is more » est la devise des designers danois et la clé de leur succès. Les grands noms du design danois se sont inspirés du mobilier de l’Egypte Ancienne, comme Finn Juhl qui a créé la chaise égyptienne en 1949. Le choix des étudiants et des designers de travailler uniquement sur les tabourets n’est pas aléatoire. Car en plus de son côté artistique, le tabouret est un moyen d’expérimenter le minimalisme. Dans l’Egypte Ancienne, les chaises étaient réservées aux riches, tandis que la plupart des gens utilisaient des tabourets bas.

La sobriété offerte par la forme même du tabouret a permis des designs des plus créatifs. La troisième et dernière étape du projet était l’exposition du Musée national de la civilisation égyptienne (NMEC) qui a présenté 13 tabourets dont 4 créations égyptiennes et 9 créations danoises. L’un des tabourets a la forme de la tombe de Hatchepsout, un autre est inspiré des dessins de pattes d’animaux pour créer les courbes du pied du tabouret, alors qu’on a eu recours à des étoffes typiques comme le lin, utilisé par les Anciens Egyptiens pour réaliser la partie supérieure du tabouret. Rangées au sein du musée prestigieux, les 13 pièces d’art sont dignes de leur place : elles exhalent un sentiment de recueillement et incitent à chercher impatiemment la continuité de la coopération dans le mobilier

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