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L’Egypte d’il y a 150 ans

Doaa Elhami, Mercredi, 17 novembre 2021

« Le Retour à l’Egypte » est le titre d’une exposition de photos tenue au Centre de Guézira pour les arts, qui retrace la visite de l’empereur brésilien Dom Pedro II en Egypte au XIXe siècle. Visite.

Des marchands exposant leurs marchandises en 1871.
Des marchands exposant leurs marchandises en 1871.

L’ambassade du Brésil au Caire, en coopération avec le ministère égyptien de la Culture, organise une exposition de photos sous le titre « Le Retour à l’Egypte ». Il s’agit de 90 photos faisant partie de la collection privée de l’empereur brésilien Dom Pedro II, prises lors de sa première visite (il y en a eu trois) en Egypte au XIXe siècle. L’exposition commémore le 150e anniversaire de cette visite qui a eu lieu en 1871. Inaugurée le 3 novembre pour le grand public, l’exposition se tient au Centre de Guézira pour les arts jusqu’à la fin du mois. Les photos ont été prises par des photographes renommés de l’époque comme J. Pascal Sébah, Félix Bonfils, Francis Frith, Hippolyte Delie et Emile Bechar.

L’empereur Dom Pedro II était accompagné de l’impératrice Dona Thereza Christina et d’une délégation officielle. Ils ont d’abord fait, en cinq jours, le tour d’Alexandrie et des villes du Canal de Suez avant de se rendre au Caire. Des photos ont été prises de la place des Consuls et de la colonne de Pompéi à Alexandrie, de même que de l’entrée du canal à Port-Saïd, du canal d’eau douce d’Ismaïliya et des kiosques riverains du canal. La visite du Caire et de Guiza a duré 7 jours durant lesquels la délégation brésilienne a été éblouie par la civilisation égyptienne.

Du palais de Guézira aux pyramides

Coupoles et minarets dans le désert au XIXe siècle.
Coupoles et minarets dans le désert au XIXe siècle.

Le visiteur de l’exposition peut voir des photos du palais de Guézira (l’actuel Marriott), du palais Mohamad Ali dans le quartier cairote de Choubra et du pont Qasr Al-Nil place Ismaïliya (l’actuelle Tahrir). Il y a aussi des photos de l’empereur près des pyramides et du Sphinx, en compagnie de deux égyptologues, l’Allemand Heinrich Karl Brugsch et le Français Auguste Mariette. L’exposition reflète les impressions de l’empereur lorsqu’il s’est rendu sur le Plateau des pyramides à Guiza.

« Les pyramides paraissent très petites de loin. On ne prend conscience de leur hauteur que lorsqu’on voit ceux qui les escaladent et qui deviennent très petits », lit-on sur les panneaux explicatifs bilingues, arabe et anglais. L’exposition comprend aussi des photos de certaines pièces archéologiques exposées au Musée de Boulaq. « La perfection de la sculpture chez les Anciens Egyptiens est impressionnante » lit-on sur un autre panneau.

L’exposition comprend aussi une photo de l’obélisque de Sénousert III à Matariya, reflétant la splendeur de l’Egypte Ancienne. Le visiteur sera surpris de voir une photo de l’arbre de la Vierge Marie, dont les tiges sont couvertes de feuilles denses et vertes. Aujourd’hui, il ne reste plus de ce sycomore que du bois. L’exposition met l’accent sur Le Caire historique et les vues panoramiques des tombes mameloukes, des mosquées surmontées de coupoles et de minarets de différents styles, ainsi que la Citadelle et la mosquée de Mohamad Ali érigées sur une colline pour protéger et surveiller Le Caire.

Si la première partie de l’expo retrace le premier voyage de l’empereur, la deuxième couvre son deuxième voyage en Egypte qui a eu lieu 5 ans plus tard, en 1876. Cette fois-ci son séjour a duré 40 jours pendant lesquels il a visité les villes de la Moyenne et de la Haute-Egypte et la région de Wadi Halfa au Soudan. Cette excursion riveraine a donné lieu à des photos de paysages naturels comme celles de la cataracte de Wadi Halfa. L’exposition comprend aussi des photos des tombes de Béni-Hassan à Minya, des colonnes des temples de Philae, couvertes de sable, de la salle hypostyle des temples de Karnak, de l’Allée des béliers à Louqsor dont les statues étaient dans un état désastreux et de la ville d’Assouan. Les organisateurs ont réalisé une vidéo où sont projetées d’innombrables photos, enrichissant ainsi l’exposition .

La collection de l’empereur et l’Unesco

La collection de l’empereur et l’Unesco

Au cours de ses tournées en Europe et au Moyen-Orient, l’empereur Dom Pedro II notait heure par heure ses voyages. Il écrivait ses impressions, prenait beaucoup de photos. Il achetait des livres et des timbres. Ces voyages ont donné lieu à une collection considérable de 23000 photos dont 500 prises durant ses deux voyages en Egypte et au Soudan. En 1889, l’empereur offre cette collection à la Bibliothèque nationale brésilienne à condition de lui donner le nom de son épouse, Dona Thereza Christina Marea. Après sa conservation pendant plus d’un siècle, la collection a été étudiée et archivée par le Musée impérial de Petropolis qui, en 2012, a présenté un dossier à l’Unesco afin que la collection soit inscrite au patrimoine mondial en 2013. « Les photos prises pendant les voyages de l’empereur et ses notes personnelles sont une excellente référence sur la situation dans le monde au XIXe siècle », lit-on sur l’un des panneaux descriptifs de l’exposition

Qui est l’empereur Dom Pedro II ?

Qui est l’empereur Dom Pedro II  ?

Fils du premier empereur du Brésil, Dom Pedro de Alcäntara, il est né en 1826 et a accédé au trône du Brésil en 1831 à l’âge de 5 ans après les troubles qui ont obligé son père, l’empereur Dom Pedro I, à abdiquer. 10 ans plus tard, le jeune Dom Pedro de Alcäntara est nommé officiellement empereur du Brésil. Il rétablit la stabilité dans le pays jusqu’en 1889, date de l’avènement de la République.

Dom Pedro II s’intéressait aux anciennes civilisations. Il connaissait 15 langues dont l’arabe. En 1886, il traduit les Mille et Une Nuits vers le portugais. Avant de visiter l’Egypte, l’empereur correspondait avec les égyptologues de l’époque, notamment le Français Auguste Mariette et l’Allemand Heinrich Brugsch

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