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Roqaya Doudou retrouve son éclat

Dalia Farouq, Mardi, 02 mars 2021

Le sabil Roqaya Doudou dans Le Caire islamique est prêt à accueillir les visiteurs après sa restauration qui a rendu à ce joyau architectural sa beauté d’antan.

Roqaya Doudou retrouve son éclat
La façade du sabil a repris sa beauté d'antan.

Situé dans la rue Souq-Al-Sélah dans la région d’Al-Darb Al-Ahmar au Caire islamique, le sabil Roqaya Doudou a fait l’objet d’une impor­tante restauration qui lui a rendu son éclat d’origine. Une des structures les plus décorées du XVIIIe siècle encore debout dans Le Caire historique, le sabil Roqaya Doudou est considéré comme un exemple rare d’architec­ture rococo durant la période otto­mane. Il a longtemps souffert d’une dégradation générale d’autant plus qu’il se trouve dans un quartier très peuplé. La pollution, le niveau élevé d’humidité, les infiltrations d’eau souterraine et les murs fissurés, tous ces éléments ont fortement menacé l’édifice. « La restauration du sabil Roqaya Doudou s’inscrit dans le cadre de la campagne nationale lan­cée par le ministère du Tourisme et des Antiquités en 2015 qui vise à revaloriser le patrimoine historique et archéologique. Le but est la restau­ration de 100 monuments de la région (voir encadré). Ce projet vise à sauver les monuments mais aussi à valoriser leur contribution au déve­loppement de la région. Il s’agit également d’une prise de conscience de la communauté qui a participé à l’arrêt de la détérioration du monu­ment en évacuant les débris et en remettant en valeur les sites et leurs environs », explique Hicham Samir, assistant du ministre et superviseur du projet de réhabilitation du Caire historique.

Réplique des sabils ottomans

Le sabil a été construit en 1761 pour matérialiser un acte de charité en mémoire de Roqaya Doudou, fille de Badawiya Chahine et du prince mamelouk Radwan Katkhoda Al-Jalfi. Malgré les inscriptions qui abondent sur la façade du sabil, ni le nom de Roqaya, ni celui de son père ne sont inscrits sur le bâtiment. La défaite d’Al-Jalfi face aux Mamelouks en 1756 est la raison de cette absence. Selon Mokhtar Al-Kassabani, professeur d’archéo­logie à l’Université du Caire, le sabil, avec sa façade voutée, réplique dans son architecture les sabils ottomans. L’intérieur de la structure, qui servait de fontaine publique, est orné d’un plafond en bois décoré de nombreuses inscrip­tions, profanes et sacrées. « La façade se distingue par ses car­reaux de céramique turcs, ses arcs segmentés, ses muqarnas, ainsi qu’une abondante ornementation géométrique et florale sculptée dans la pierre », souligne Al-Kassabani. Il ajoute que les Mamelouks utilisaient ces sabils à des fins de charité pour délivrer l’eau aux pauvres.

Pour sa part, Mahmoud Abdel-Basset, directeur général du Caire historique, explique que, lors des travaux de restauration, les murs du bâtiment ont été renforcés, la maçonnerie nettoyée et dessalée, les parties usées des fenêtres des mou­charabiehs ont été restaurées et rem­placées par des ouvrages à l’iden­tique. Le plafond en bois a été réhabilité et ses peintures retou­chées. De nouveaux systèmes d’éclairage et de drainage moderne ont été installés. « La restauration du sabil Roqaya Doudou est réali­sée selon les méthodes scientifiques les plus récentes dans le respect des documents originaux, afin de s’as­surer que toutes les caractéristiques architecturales ont été conser­vées », conclut Abdel-Basset.

Un projet prometteur

La restauration du sabil Roqaya Doudou s’inscrit dans le cadre de la campagne nationale lancée par le ministère des Antiquités en 2015 pour sauver, préserver et protéger 100 bâtiments archéologiques de l’héritage islamique du Caire. A cet égard, l’administration a alloué la somme de 21 millions de livres et a pris toutes les mesures nécessaires pour garantir à ces monuments une réhabilitation de qualité.

Mohamad Abdel-Aziz, ancien directeur général des antiquités historiques du Caire, explique que les édifices soumis à ces travaux se trouvent dans les régions de Sayéda Zeinab, Al-Khalifa, Al-Darb Al-Ahmar et Sayéda Aïcha. D’autres ouvrages importants se situent à Al-Azhar et Al-Ghouri. La restau­ration de ces bâtiments historiques touchait la structure et l’architecture, elle comprenait une mise en valeur minutieuse des décorations, des pierres et du bois, ainsi que le traitement des plafonds, des sols, des fenêtres, des portes, de même que des opérations de drainage et d’éclairage.

Selon Mohamad Abdel-Aziz, l’idée du projet est née du constat que Le Caire historique possède des centaines de monuments qui figurent parmi les plus beaux joyaux mondiaux de l’art islamique. Cependant, un bon nombre de ces édifices souffre de dégradations dues au temps et à la négli­gence. « Il s’avère qu’il n’existait pas de plan permanent d’entretien, alors que la plupart de ces bâtiments nécessitait une intervention urgente de sauvetage », souligne Abdel-Aziz, en ajoutant que le ministère du Tourisme et des Antiquités s’efforce d’améliorer la beauté architecturale et archéolo­gique du Caire historique.

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