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Saqqara encore et toujours

Dalia Farouq, Mardi, 19 janvier 2021

Un temple funéraire complet, 50 sarcophages datant de plus de 3 000 ans et d’autres pièces de valeur ont été mis au jour cette semaine à Saqqara par la mission archéologique égyptienne du Centre Zahi Hawas de la Bibliotheca Alexandrina, en coopération avec le Conseil suprême des antiquités. Focus.

Saqqara encore et toujours
Les ouvriers mettent leurs dernières touches au temple funéraire de Nearit de la VIe dynastie découvert à Saqqara.

La nécropole antique de Saqqara continue à éblouir le monde par ses trésors intarissables. Cette semaine, elle a été à l’origine de la première grande découverte de 2021, après une série de révélations en 2020. Le temple funéraire de la reine Nearit, des puits, des cercueils, des momies, un papyrus de 4 mètres de long, des statues, des peintures, des bateaux, des masques en bois et des ouchebtis ont été mis au jour par la mission égyptienne conjointe du Conseil Suprême des Antiquités (CSA) et du Centre d’égyptologie de Zahi Hawas à la Bibliothèque d’Alexandrie, qui opère dans le chantier de Saqqara à côté de la pyramide du roi Téti, fondateur de la VIe dynastie de l’Ancien Empire. « Ces découvertes sont d’une grande importance puisqu’elles réécriront l’histoire de cette région, en particulier pendant les XVIIIe et XIXe dynasties du Nouvel Empire, au cours desquelles le roi Téti était vénéré et les citoyens de l’époque étaient enterrés autour de sa pyramide », explique l’archéologue égyptien Zahi Hawas, chef de la mission. Selon l’archéologue Sabri Farag, directeur de la région archéologique de Saqqara, les Egyptiens avaient l’habitude de vénérer les grands rois et d’être enterrés autour de leurs pyramides en guise de bénédiction.

Saqqara encore et toujours

Hawas a déclaré, dans un communiqué de presse, que la mission a trouvé la totalité du temple funéraire de la reine Nearit, l’épouse du roi Téti, dont une partie avait été découverte au cours des saisons de fouilles précédentes, indiquant que la mission avait également trouvé le plan de construction du temple, en plus de trois entrepôts en terre cuite dans son côté sud-est. Ceux-ci étaient utilisés pour stocker les offrandes, les provisions et les outils pour s’en servir dans l’autre monde. En outre, 52 puits ont été découverts, dont la profondeur varie entre 10 et 12 mètres. A l’intérieur, plus de 50 sarcophages en bois datant du Nouvel Empire ont été trouvés. « C’est la première fois dans la région de Saqqara que des sarcophages datant de 3 000 ans soient découverts. Une preuve qui confirme que la région de Saqqara n’était pas utilisée pour l’enterrement pendant la période tardive seulement, mais aussi pendant le Nouvel Empire », assure Zahi Hawas.

Le site de Saqqara, où se trouve une dizaine de pyramides, des monastères anciens ou encore des sites de sépulture pour animaux, est une vaste nécropole de l’ancienne capitale égyptienne Memphis, inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. « Saqqara contient plusieurs couches archéologiques allant de l’Ancien Empire à la période tardive en passant par le Nouvel Empire. En revanche, au cours de la dernière décennie, la majorité des découvertes appartenait à l’époque tardive. Cette découverte vient témoigner que cette nécropole était utilisée tout au long de l’histoire égyptienne », explique Farag.

Les sarcophages découverts sont anthropoïdes et leurs surfaces sont ornées de nombreuses scènes montrant les dieux qui étaient adorés pendant cette période en plus de diverses parties des textes du Livre des morts qui aident le défunt à effectuer son voyage vers l'autre monde.

Un papyrus de quatre mètres

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Une stèle en calcaire datant du Nouvel Empire.

A l’intérieur des puits, les archéologues ont trouvé un grand nombre d’artefacts archéologiques et des statues sous forme de divinités telles que le dieu Ozir, Ptah et Sokkar. D’après Moustapha Waziri, le secrétaire général du CSA, l’une des plus importantes découvertes de la mission conjointe à cet endroit est un papyrus de 4 mètres de long et un mètre de large. Il représente le chapitre 17 du Livre des morts, sur lequel est inscrit le nom de son propriétaire (Bu-Khaa-Af). Le même nom a été trouvé sur quatre statues découvertes, ainsi que sur un cercueil anthropoïde en bois, en plus de nombreuses statues en bois et en faïence du Nouvel Empire.

Il s’agit en fait d’une riche découverte puisque la mission a dévoilé également un ensemble de masques en bois, ainsi qu’un sanctuaire du dieu Anubis, le dieu gardien du cimetière. Des statues en bon état de ce dieu ont été aussi retrouvées, ainsi que de nombreux jeux auxquels le défunt avait l’habitude de jouer comme le jeu de senet, qui ressemble au jeu d’échecs actuel. « Ces jeux étaient censés aider à divertir le défunt dans le monde de l’au-delà », explique Farag.

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Le papyrus portant le chapitre 17 du Livre des morts.

De nombreuses pièces représentant des volailles comme l’oie, une hache en bronze indiquant que son propriétaire était l’un des chefs de l’armée à l’époque du Nouvel Empire, ainsi que de nombreuses peintures portant des scènes du défunt et de sa femme et des écrits hiéroglyphiques ont été trouvés sur le site. « L’une des plus belles pièces dévoilées demeure celle d’une grande stèle en calcaire en bon état de conservation sur laquelle est représentée la scène d’un défunt nommé Khu-Ptah et de sa femme (Mut-am-wea). Sur la partie supérieure de la stèle, le défunt et sa femme sont représentés dans une position de dévotion devant le dieu Osir. Quant à la partie inférieure, le défunt est représenté assis avec sa femme derrière lui et, sous la chaise de la femme, une de leurs filles assise, avec, près de son nez, une fleur de lotus », décrit Waziri. Selon Zahi Hawas, ce qui est frappant c’est qu’une des filles porte le nom de Nefertari, elle a été nommée d’après l’épouse bien-aimée du roi Ramsès II, et l’un des fils portait le nom Kha-am-Wast, qui est le nom de l’un des fils du roi Ramsès II, considéré comme l’homme sage de son époque et le premier égyptologue de l’histoire puisqu’il restaurait les antiquités de ses ancêtres. Quant au titre du propriétaire de la stèle, il était le surveillant du char du roi, ce qui indique sa position importante sous la XIXe dynastie. Des quantités impressionnantes de poteries datant du Nouvel Empire ont été trouvées sur le site, prouvant aussi l’existence de relations commerciales entre l’Egypte et la Crète, ainsi que la Syrie et la Palestine.

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Le bateau funéraire qui aide le défunt à voyager vers l’au-delà.

Hawas explique que cette découverte confirme que la zone des antiquités de Saqqara abritait de nombreux ateliers produisant des sarcophages, ainsi que des ateliers de momification. En fait, de nombreuses momies et squelettes ont été mis au jour lors de cette découverte spectaculaire. La mission archéologique a eu recours au Dr Sahar Sélim, professeure de radiologie à la faculté de médecine de l’Université du Caire, pour étudier quelques momies. « J’ai étudié cinq momies dont celle appartenant à un enfant. On a pu déterminer d’une façon préalable les causes du décès et l’âge du défunt au moment du décès », explique Sahar Sélim insistant sur le fait qu’il est encore trop tôt de parler des résultats du scanning de ces momies. Ce n’est que le début car les études détaillées de ce grand nombre de momies découvertes sur le site prendront quelque temps. Cette découverte est l’une des plus importantes puisqu’elle fera de Saqqara, avec les dernières découvertes de 2020, une destination touristique et culturelle importante sur le plan mondial.

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