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Le Musée de Tahrir se réinvente

Dalia Farouq, Dimanche, 29 novembre 2020

Après le transfert au Grand Musée égyptien (GEM) de la collection de Toutankhamon, le Musée égyptien de Tahrir continue d’attirer les visiteurs. Deux importantes expositions d’antiquités égyptiennes viennent d’être inaugurées à l’occasion de son 118e anniversaire.

Le Musée de Tahrir se réinvente
L’un des sarcophages répertoriés et restaurés par le don américain.

Au second étage du Musée égyptien de Tahrir, à l’entrée de la salle 52, l’imposant sarcophage du grand pharaon Ahmès 1er avec ses décorations magnifiquement colorées accueille les visiteurs. Il s’agit de l’exposition « Les Cachettes: trésors dissimulés » inaugurée la semaine dernière à l’occasion de la célébration du 118e anniversaire du musée. Une exposition permanente où sont exposés 50 sarcophages en bois coloré, dont seuls 2 font partie de la récente grande découverte archéologique annoncée à Saqqara. Les 48 sarcophages restants font partie de la collection du musée. Ils étaient déjà exposés dans d’autres salles ou conservés dans les dépôts du musée et montrés pour la première fois au public. Le sarcophage d’Ahmès Merit Amon, de la XVIIIe dynastie, est l’un des plus importants de cette collection. 15 de ces sarcophages faisaient partie d’un grand projet visant à documenter et restaurer 626 sarcophages antiques de la collection du Musée égyptien (voir encadré). Parmi ces sarcophages, les plus importants sont ceux des prêtres Amon Geb Khonsu uf Ankh, Hourry et Badi Amon.

L’organisation de cette exposition permanente vise non seulement à fêter les 118 ans du musée, mais elle s’inscrit aussi dans le cadre du développement du Musée égyptien et de la mise en vigueur d’une nouvelle muséologie. « Le Musée de Tahrir ne disparaîtra jamais et restera pour toujours le musée phare des antiquités égyptiennes », a déclaré Khaled El-Enany, ministre du Tourisme et des Antiquités. Ainsi, la décision de transférer la grande collection du jeune roi Toutankhamon au GEM, de même que le transfert des momies royales au Musée national de la civilisation égyptienne n’affecteront pas le musée. Sabah Abdel-Razeq, directrice générale du Musée égyptien, a déclaré que le bâtiment de deux étages, construit sous le règne du khédive Abbas Helmi II en 1897 et ouvert au public depuis mi-novembre 1902, allait profiter des espaces libérés après le transfert du trésor de Toutankhamon et des momies royales pour exposer d’autres pièces. Celles-ci abondent dans les dépôts du Musée égyptien et ne manquent ni de beauté ni d’intérêt. « Le Musée égyptien passe par un processus de développement complet en gardant son caractère historique et son identité originale et en utilisant les technologies les plus modernes. Nous développons des espaces d’exposition comme la salle 52 où sont exposées les cachettes d’Al-Deir Al-Bahari, dans le cadre d’un plan visant à mettre en place une nouvelle vision muséologique dans toutes les salles du musée », a-t-elle déclaré. Il est à noter que le projet de développement du musée est réalisé en coopération avec les principaux musées internationaux, tels le Musée de Turin en Italie, de Berlin en Allemagne et le Musée du Louvre en France.

Les cachettes de l’Egypte Ancienne

La salle 52, celle des cachettes, a remplacé la salle des momies et expose les sarcophages qui, à l’origine, ont été trouvés dans les abris secrets découverts sur la rive ouest de Louqsor. Selon les pancartes affichées partout dans la salle, les cachettes sont de profondes nécropoles creusées dans la roche afin de garder les défunts et leurs objets à l’abri des voleurs. Les trois cachettes les plus célèbres de l’Egypte Ancienne sont situées dans la région d’Al-Deir Al-Bahari. La première appartient aux prêtres de la divinité Montu, que Mariette a découverte en 1857-1858 autour du temple de la reine Hatchepsout dans la vallée d’Al-Deir Al-Bahari. Sous la XXVe dynastie (vers 712-653 av. J.-C.), cette vallée était le lieu de sépulture préféré des prêtres qui servaient le dogme du dieu Montu dans le temple de Karnak. La deuxième cachette royale est celle creusée dans la roche n° 320, située dans une vallée au sud du temple d’Al-Deir Al-Bahari. Elle est dédiée à la princesse Inn Habi qui vécut à l’époque du Moyen Empire. Quant à la troisième crypte, c’est celle des prêtres du dieu Amon, connue sous le nom de « nécropole de Bab Al-Gossos ». C’est le plus grand cimetière intact découvert en Egypte au XIXe siècle. Il a été révélé par Eugène Grippo, directeur du service des antiquités égyptiennes et du Musée de Guiza, en janvier 1891. Ce caveau comprenait 153 sarcophages de prêtres et prêtresses d’Amon de la XXIe dynastie (1070-945 av. J.-C.) accompagnés de leurs objets funéraires: des amulettes, des scarabées, des ouchebtis, des papyrus, des peintures et des vases canopes.

Exposition des pièces confisquées

A part l’exposition permanente sur les cachettes, une seconde exposition a aussi été inaugurée la semaine dernière. Il s’agit d’une exhibition concernant les saisies des pièces archéologiques confisquées aux frontières égyptiennes et destinées à la contrebande. Au premier étage, 170 objets antiques parmi les milliers de pièces saisies sont exposés dans des vitrines. Il s’agit pour la plupart de pièces de monnaie en or et de bustes de souverains datant de l’époque gréco-romaine. Par ailleurs, on remarque quelques pièces islamiques comme des éditions du Coran et des appareils astrologiques, tel l’astrolabe. Parmi les prises se trouvent aussi plusieurs décorations datant de l’époque de Mohamad Ali. Le ministre du Tourisme et des Antiquités a tenu à remercier ses collègues en charge de la gestion du département des saisies archéologiques pour leurs efforts. En marge de la célébration des 118 ans du Musée de Tahrir, l’Egypte a rendu 100 pièces de monnaie à l’Arabie saoudite, à la Chine et à l’Inde, qui avaient été confisquées aux frontières égyptiennes avant leur sortie du pays. Il est à noter que le département des saisies antiques a été créé en 1986 afin de lutter contre la contrebande des antiquités à l’étranger par la création d’une unité archéologique à l’aéroport du Caire, avant d’être généralisée à toutes les frontières de l’Egypte .

Des sarcophages conservés au Musée de Tahrir retrouvent leur splendeur
L’exposition « Les Cachettes: trésors dissimulés » se tient non seulement pour célébrer les 118 ans du Musée égyptien, mais aussi pour célébrer l’achèvement d’un projet de documentation et de restauration de 626 sarcophages en bois coloré découverts dans plus d’une cachette thébaïne. Ce projet a été initié en 2016 lorsque le Musée égyptien a réussi à obtenir un don d’un montant de 130000 dollars provenant du Fonds des ambassadeurs des Etats-Unis pour la préservation du patrimoine culturel pour l’année 2016. Grâce à cette action, un inventaire, une documentation et une évaluation de l’état des 626 sarcophages conservés dans le sous-sol du Musée égyptien ont été réalisés. « Le don nous a permis de documenter, photographier et restaurer ces sarcophages. Ils ont été remis en état avec les méthodes scientifiques les plus modernes sous la supervision du Conseil suprême des antiquités », explique Sabah Abdel-Razeq, directrice du Musée égyptien. Elle ajoute que la restauration des sarcophages a permis de les exposer pour que les visiteurs puissent contempler à nouveau les trésors de la civilisation égyptienne .

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