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Splendeurs du patrimoine islamique

Doaa Elhami, Dimanche, 22 novembre 2020

L’Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO) republie la collection « Palais et Maisons du Caire, du XIVe au XVIIIe siècle » en quatre volumes, dont le premier vient de paraître. Passage en revue.

Splendeurs du patrimoine islamique
Façade extérieure du palais Al-Razzaz, ornée d'un moucharbieh.

Qaaet dardir (salle de Dardir), Maqaad Mamaï (siège de Mamaï), Qasr (palais) de Qaïtbay, Qasr Al-Razzaz, Qasr Radwan bey et Manzel Al-Sennari (maison d’Al-Sennari). Ce sont les 6 édifices que présente le Ier volume de la collection « Palais & Maisons du Caire, du XIVe au XVIIIe siècle » déclinée en 4 volumes. L’Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO) vient de republier ce premier volume élaboré par Jacques Revault et Bernard Maury. L’institut va publier les autres volumes de la collection au cours des trois prochaines années. C’est une deuxième édition renouvelée de la collection qui était parue entre 1970 et 1983. La première édition avait documenté la totalité des 29 palais et maisons islamiques encore existants parmi les 600 bâtiments que décrivait le livre monumental de l’Expédition française « Description de l’Egypte ». « Cette collection est épuisée depuis plus de 30 ans. C’est pour cette raison, et surtout grâce au regain d’intérêt accordé actuellement par l’Egypte pour son patrimoine islamique en général, et à ce type d’architecture en particulier ainsi qu’aux nombreuses demandes d’un public intéressé, que l’IFAO a décidé de rééditer cette série d’ouvrages », affirme l’IFAO. Voici ce que l’on peut lire dans la préface de Bernard Maury, l’un des deux auteurs du premier volume. Pour lui, cette collection reste une référence pour ce type d’architecture « grâce à une documentation incomparable due aux relevés architecturaux et photographiques inédits. Ces relevés sont d’autant si uniques que, depuis cette époque, certains bâtiments ont subi de graves dommages, quand ce n’est pas une disparition totale, comme le célèbre palais Al-Mossaferkhana », retrace Bernard Maury dans la préface.

L’ouvrage paru récemment apporte un éclairage sur les six monuments qui témoignent de l’architecture des diverses époques islamiques : fatimide, mamelouke et ottomane. Parfois, on rencontre l’architecture de toutes ces époques dans un seul édifice. C’est l’exemple de Qaaet Dardir, près de la mosquée d’Al-Azhar. Si la salle principale affiche le style mamelouk, elle renferme aussi un panneau de l’époque fatimide, alors que le moucharabieh rappelle les maisons de la période ottomane.

Le livre retrace non seulement l’histoire des bâtiments, mais aussi celle de leurs propriétaires, à l’instar du siège de Mamaï inscrit dans les registres du ministère des Antiquités sous le nom de Beit Al-Qadi (la maison du juge). L’ouvrage n’a pas omis de mentionner les changements qui ont eu lieu dans les régions où se trouvent les monuments présentés dans ce volume, à l’exemple du palais de Qaïtbay. Erigé au XVe siècle par le grand édificateur et monarque Qaïtbay, ce palais est situé à l’intérieur du quartier historique d’Al-Darb Al-Ahmar, plus précisément près de la belle mosquée de Maridani. « A l’origine, le palais de Qaïtbay devait occuper une place plus importante que celle qu’il occupe aujourd’hui, enserré entre des ruelles qui lui étaient propres, joignant les rues de Khyamiya et d’Al-Darb Al-Ahmar. L’intérêt du domaine primitif est mis en évidence par les bâtiments voisins qui semblent y avoir été rattachés, comme tendraient à le prouver les parties les plus ruinées et leur apparence extérieure en belles pierres de taille », lit-on dans l’ouvrage.

Le livre présente un autre palais, toujours du même grand bâtisseur Qaïtbay. Toutefois, cet édifice porte le nom d’Al-Razzaz, qui provient d’Ahmad Katkhoda Al-Razzaz, qui a occupé le palais au XVIIIe siècle. Aussi magnifique qu’il soit, il se distingue par ses façades surmontées de moucharabiehs ainsi que ses deux cours nord et sud. Les éléments architecturaux les plus complets qui se trouvent dans la première cour nord témoignent de la beauté et de l’élégance du palais. Dans la cour nord, on contemple la finesse des plafonds ornés de motifs floraux, les encadrements géométriques des portes et les motifs de décoration des murs et leurs encoignures. Quant à la 2e cour, celle du sud, elle a perdu beaucoup de sa beauté en raison de la destruction d’une partie considérable de ses éléments architecturaux.

Quartiers aristocratiques

L’ouvrage met encore un point d’orgue sur le palais de Radwan bey, lui aussi situé près des palais de Qaïtbay et d’Al-Razzaz. Il s’agit d’un complexe original palais-caravansérail que Radwan bey a bâti au XVIIe siècle sur les vestiges « d’une bâtisse élevée au XIVe siècle pour l’émir Olgaï, mamelouk du sultan Mohamad, fils de Qalaoun (…). Il n’est pas surprenant que plusieurs palais se soient succédé au même endroit à des époques différentes en raison de l’intérêt que l’aristocratie portait à certains quartiers de la capitale », peut-on lire. C’est ce qu’offrait le faubourg de Bab Zoweila dans le quartier d’Al-Darb Al-Ahmar. « Le palais de Radwan bey bénéficia d’une situation privilégiée, à l’un des carrefours les plus actifs et les mieux construits », découvre-t-on. Radwan bey, qui avait un pouvoir considérable à son époque, est le fondateur du bazar de Bab Zoweila, le bazar des cordonniers et des tapissiers. Le palais se distingue par les parements de marbre coloré qui couvrent la partie inférieure des murs du maqaad.

En feuilletant le livre, le lecteur trouvera de belles illustrations décrivant les 6 monuments ainsi que leur état, puisque certains méritent d’être restaurés. De plus, la nouvelle édition compte un résumé en arabe consacré à chaque monument, afin de « toucher un plus vaste public », souligne Bernard Maury .

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