Vingt-sept sarcophages anthropoïdes et de multiples pièces ont été découverts jusqu’à présent dans la nécropole de Saqqara, non loin de la célèbre pyramide à degrés du roi Djoser. La mission archéologique égyptienne, présidée par Moustapha Waziri, secrétaire général du Conseil Suprême des Antiquités (CSA), avait annoncé, il y a une semaine, la découverte d’un puits funéraire de 11m de profondeur. « On y a trouvé 13 sarcophages intacts, dont la plupart sont en bois, finement décorés et coloriés », souligne Waziri. Et d’ajouter que ce puits funéraire renferme également des pièces telles que des statuettes en bois appartenant à différentes divinités pharaoniques. « Une semaine plus tard, la mission a mis au jour un autre puits où nous avons trouvé 14 autres sarcophages toujours intacts conservant leurs momies et plusieurs niches éparpillées au fond du puits renfermant probablement de nombreuses pièces et plus de sarcophages », indique le chef de la mission.
Les premières photos et les vidéos de promotion diffusées par le ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités, le lendemain de la découverte, montrant les motifs complexes encore clairement visibles qui ornent les sarcophages et qui sont peints en bleu, doré, blanc, noir et rouge, ont incité le célèbre égyptologue Zahi Hawas à se rendre sur le site. « Ce qui est surprenant, c’est qu’on a l’impression que ces sarcophages ont été peints aujourd’hui. Les couleurs, de nombreux signes hiéroglyphiques ainsi que les momies à l’intérieur sont magnifiques et en très bon état de conservation », a-t-il déclaré, affirmant que cette découverte est « un rêve ». « Etre témoin d’une nouvelle découverte archéologique procure un sentiment indescriptible », a notamment déclaré Khaled El-Enany, ministre du Tourisme et des Antiquités, précisant qu’il s’agit de la découverte archéologique la plus importante depuis des années. Selon les études primaires sur place, ces sarcophages remontent à la XXVIe dynastie égyptienne (664-525 av. J.-C.). « Les inscriptions en hiéroglyphes ne révèlent ni les noms, ni les titres des défunts qui varient en sexe et en âge. Mais d’après les peintures et les couleurs, on a distingué que ces puits conservaient des pièces remontant à l’époque tardive », assure le secrétaire général du CSA.
S’il est pour l’heure difficile de connaître l’identité exacte des défunts, le mobilier funéraire trouvé suggère que celui-ci appartient à une classe sociale élevée. « Les sarcophages sont finement sculptés et peints, mais la manière dont ils sont enterrés indique que ces puits n’appartiennent ni à des rois, ni à des membres de leurs familles, mais probablement à de hauts fonctionnaires et des dignitaires de cette époque », explique l’égyptologue Hussein Abdel-Bassir, directeur du musée de la Bibliotheca Alexandrina. Selon lui, les propriétaires de ces sarcophages vivaient vers 500 av. J.-C., une période d’importants bouleversements politiques en Egypte. « Les Egyptiens de la XXVIe dynastie avaient l’habitude de construire leurs tombes et enterrer leurs morts dans l’ancienne nécropole de Saqqara. A cette époque, l’empire perse a pris le pouvoir vers 525 av. J.-C. et plusieurs événements politiques et culturels ont eu lieu pendant leurs 400 années de règne. C’était une période oscillant entre prospérité et misère », renchérit Abdel-Bassir. La découverte des sarcophages peints et empilés les uns sur les autres rappelle celle d’Al-Assassif, à Louqsor, avec ses 30 sarcophages en bois, déterrés en 2019. « Vu la beauté exceptionnelle, le nombre et les couleurs de ces sarcophages ainsi que les pièces variées trouvées, je crois que cette découverte est encore plus importante que celle d’Al-Assassif », affirme-t-il.
Succession de découvertes
Il est à noter que la mission archéologique égyptienne opérant sur le site depuis deux ans avait annoncé, en avril dernier, la découverte d’un puits funéraire renferment cinq sarcophages en calcaires scellés, d’autres en bois colorés, un petit obélisque en bois, ainsi que des pièces de tailles et de formes différentes remontant à l’époque tardive dite aussi la Basse Epoque (657-332 av. J.-C.). Suite à cette découverte, un deuxième puits funéraire a été trouvé. « La saison 2020 a commencé par la découverte d’avril dernier, qui n’était qu’un début de plusieurs autres trouvailles. Les travaux de fouille dans le deuxième puits ont commencé il y a quelques mois. Ce puits nous a guidés à un troisième à la même profondeur. On est fasciné et plein d’enthousiasme afin de dévoiler plus de secrets sur ces puits, leurs niches et les pièces trouvées », estime Sabri Farag, directeur de la nécropole de Saqqara.
Ebloui par la valeur des pièces trouvées, le ministre du Tourisme et des Antiquités a diffusé un court documentaire sur les réseaux sociaux, annonçant ces récentes découvertes et saluant les efforts des employés sur le site qui opèrent dans des conditions difficiles en appliquant les mesures de sécurité sanitaire pour éviter le Covid-19. Le ministre n’a pas oublié de mettre à profit cette découverte pour la promotion touristique, invitant le grand public à s’attendre à de nouvelles découvertes spectaculaires dans cette région riche d’Egypte.
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