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Trois monastères rouverts après restauration

Nasma Réda, Mercredi, 02 septembre 2020

Après des travaux de restauration qui ont duré trois ans, les monastères de l’Archange Saint-Michel, de Saint-Pisentius et de Saint-Georges, dans la région de Nagada à Qéna, ont ouvert leurs portes aux touristes. Focus.

Trois monastères rouverts après restauration

L’Archange Saint-Michel, sauvé du délabrement

Situé à deux kilomètres au sud-ouest de Nagada, le monastère de l’Archange Saint-Michel est l’un des joyaux architecturaux de la Haute-Egypte. Il compte deux églises comprenant chacune trois autels et une petite salle, l’une porte le nom d'« Archange Saint-Michel » et l’autre de « la Vierge Marie ». « Ce monastère est un exemple de l’art copte. Sa construction est en harmonie avec l’environnement qui l’entoure. Il est construit avec de la brique crue, et possède plusieurs dômes qui ont un rôle à la fois décoratif et architectural. Ces dômes contribuent à la clémence de l’atmosphère à l’intérieur des monastères dans cette région chaude de la Haute-Egypte », explique Osama Talaat, chef du sec­teur des monuments islamiques, coptes et juifs au ministère du Tourisme et des Antiquités. « Le monastère de l’Archange Michel est l’un des plus anciens de la région. Il est classé sur la liste des antiquités du ministère depuis 1951 », assure pour sa part Ayman Hindi, directeur général des antiquités du gouverno­rat de Qéna au ministère du Tourisme et des Antiquités. Durant les travaux de restauration et de sauvetage des deux églises, entamés en 2017, les archéologues ont découvert une baignoire ronde de 1,5 m de diamètre et de 50 cm de profondeur. Selon les études préli­minaires, cette baignoire remonte à l’époque fatimide et les raisons de sa présence au monastère sont inconnues. « La baignoire a été restaurée et recouverte de verre transparent afin de la conserver. Les visiteurs du monastère pourront la voir », explique Hindi. Les tra­vaux de restauration comprenaient la consolidation des murs des deux églises ainsi que des colonnes qui soulèvent les dômes. « Le plus diffi­cile était de renforcer et de sauver les briques crues avec lesquelles le monastère a été construit. Le défi était de replacer les pierres à leur emplacement d’origine en rempla­çant celles qui ont été détruites par des pierres semblables », explique Talaat. L’ancien système d’éclai­rage du monastère a été remplacé par un réseau neuf. Le monastère a ainsi retrouvé un nouvel éclat.

Saint-Pisentius, restauration et découverte

Saint pisentius est né vers la fin du VIe siècle à Armant, en Haute-Egypte. Après la mort de l’évêque de la région, il a été choisi par le peuple et les moines pour succéder à son oncle. Face à la persécution romaine, il s’est caché dans son monastère et a demandé aux moines de cacher son corps après sa mort dans une fosse qui n’a jamais été dévoilée depuis sa mort au VIIe siècle. « Au cours des derniers travaux de restauration effectués dans le monastère, les restaurateurs ont découvert l’endroit où était caché le défunt saint Pisentius », assure Ayman Hindi. Et d’ajouter : « Il y a eu un affaissement soudain du sol de l’autel central du monas­tère, les archéologues qui opé­raient sur le site ont alors trouvé une tombe et la dépouille du saint. Ils ont également décou­vert, sous de récentes peintures, une grande croix finement sculp­tée ». « La croix, en brique crue, a été restaurée et a retrouvé sa beauté d’autrefois », explique Osama Talaat. Selon le chercheur Hossam Zidaine, le monastère de Pisentius est considéré comme un bel exemple de l’art copte avec ses douze dômes et ses colonnes. Ce monastère et le site qui l’en­toure ont été fouillés par diffé­rentes missions archéologiques durant les XIXe et XXe siècles. On y a trouvé des papyrus, des ostraca et des documents écrits par ou pour Pisentius. « Vu son architecture magnifique, le monastère de Saint-Pisentius est classé sur la liste des monuments du ministère depuis 2008 », conclut Talaat.

Saint-Georges, une rénovation adaptée à l’environnement

Construit vers la fin du IIIe siècle et au début du IVe siècle, le monastère de Saint-Georges (Deir Mar Guirguis) fut utilisé comme entrepôt pour les autres monastères qui se trouvent dans les alen­tours. « C’est à Mar Guirguis que se trou­vaient les approvisionnements des monas­tères de la région. On sait peu de choses sur l’histoire du monastère qui était autre­fois le plus grand et le plus important pour les chrétiens de la région de Nagada », affirme Hossam Zidaine. « A l’ouest du monastère de Saint-Georges se trouve un puits d’eau qui a été visité par la Sainte Vierge, accompagnée de son bébé Jésus et le vieux Joseph, lors de leur voyage en Egypte », explique Ayman Hindi.

Ce monastère renfermait dans le temps quatre églises. Aujourd’hui, il n’en reste que deux : celle de la Vierge Marie, qui se trouve à droite de l’entrée du monastère, et celle de Jean-Baptiste, au sud-ouest, où se trouve le puits sacré. Alors que les deux autres églises, Saint-Georges et Saint-Michel, n’existent plus. « Aujourd’hui, il ne reste presque aucune trace de ces deux dernières églises », se lamente Zidaine.

D’après le ministère du Tourisme et des Antiquités, les travaux de sauvetage et de restauration ont porté sur le monastère et les vestiges de l’église de la Vierge Marie et celle de Jean-Baptiste qui a été reconstruite dans les années 1920. « La mission archéologique a pu consolider le sol et les murs du monastère de même que les dômes, en traitant les fissures avec des matériaux adaptés à l’environnement », affirme Osama Talaat. Les archéologues affirment que le monastère a sans doute témoigné de plusieurs phases de construction. « Les archéologues sont d’avis qu’une partie du monastère, celle où se trouvent les dômes, a probablement été reconstruite au XIIe siècle », ajoute Zidaine. Le monastère compte seize dômes dont trois au-dessus de l’autel nord et un sur le baptême. « Les colonnes sont également un élément architectural important car il paraît qu’elles ont été prises des anciennes églises pour renforcer les voûtes du baptême en pierre rouge », explique-t-il. Le monastère est prêt à accueillir ses fidèles. Les travaux de restauration continueront dans les alentours.

Nagada, une grande civilization

Situé au sud du gouvernorat de Qéna, sur la rive ouest du Nil, à une trentaine de kilomètres au nord de Louqsor, la ville de Nagada est l’une des plus anciennes régions de l’Egypte Antique.

Son nom en langue copte « Ni-Kadai » veut dire « compréhension » ou « connaissance ». Ce nom a changé pour devenir Najada, signifiant sauvetage, car les Anciens Egyptiens utilisaient cette région pendant la saison des inondations pour enterrer leurs biens, puis le nom a changé de « Najada » à « Nagada » ou « Naqada ».

Cette ville a donné son nom à une nouvelle civilisation de la période prédynastique, à savoir la « civilisation de Nagada » ou « la civili­sation nagadienne ». Celle-ci s’est développée sur 650 ans depuis 3800 av. J.-C. et s’est pro­gressivement propagée en Haute-Egypte.

Suite aux fouilles réalisées durant les XIXe et XXe siècles, de nombreuses tombes ont été découvertes à Nagada et de superbes pièces en poterie ont été exhumées. « L’art de cha­cune des périodes de la civilisation nagadienne est révélé sur chaque pot, jarre ou vase », indique Ayman Hindi, directeur général des antiquités du gouvernorat de Qéna au ministère du Tourisme et des Antiquités.

A travers les époques, Nagada acquit des monuments différents : prédynastiques, pha­raoniques, romains, coptes et islamiques.

« Le gouvernorat de Qéna comprend de nom­breux monuments coptes. La ville de Nagada, à elle seule, comprend six monastères antiques dont la plupart remontent aux VIe et VIIe siècles », ajoute-t-il. Parmi ces sites religieux antiques surgissent le monastère de la Croix et de l’anba Chénouda bâti à l’époque de la reine Hélèna, au IIIe siècle, le monastère de l’anba Andrawos remontant à la fin du VIIe siècle et au début du VIIIe, le monastère de Saint-Victor, en plus des trois autres récemment rouverts au public.

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