Mercredi, 24 avril 2024
Al-Ahram Hebdo > Tourisme >

Beyrouth : Mobilisation internationale pour sauver le patrimoine

Nasma Réda avec agences, Mardi, 25 août 2020

L’explosion du 4 août à Beyrouth a causé la destruction de nombreux édifices historiques. Des organisations culturelles mondiales sont mobilisées pour réhabiliter ce patrimoine.

Beyrouth : Mobilisation internationale pour sauver le patrimoine
Une maison traditionnelle du quartier de Gemayzéh détruite.

Gemayzéh, Achrafieh, Mar-Mikhaël, Musée national de Beyrouth, et 640 autres bâtiments et lieux historiques ont été endommagés par l’explosion du 4 août à Beyrouth. Selon les estimations du ministère libanais de la Culture, une soixantaine de bâtiments, gravement touchés, risquent de s’effondrer et nécessitent des travaux de sauvetage en urgence avant l’hiver pour éviter une aggravation des dégâts avec les pluies. Le quartier touristique de Gemayzéh, datant du XIXe siècle, connu pour ses nombreux restaurants et cafés, abrite des édifices historiques de grande valeur. Idem pour Achrafieh, l’un des quartiers les plus touristiques de Beyrouth, connu pour ses immeubles historiques côtoyant les immeubles modernes et les résidences les plus luxueuses. « Ces quartiers magnifiques ont été fortement endommagés », se lamente l’archéologue syrien Yaarob Alabdullah, de la direction générale des antiquités et des musées en Syrie. « D’ailleurs, l’explosion a également eu un impact sur les grands musées comme le Musée national de Beyrouth, le Musée Sursock et le Musée archéologique de l’Université américaine de Beyrouth, ainsi que sur les espaces culturels, les galeries et les sites religieux », a précise pour sa part le directeur général des antiquités au ministère libanais de la Culture, Sarkis Khoury, dans un communiqué. Il appelle l’Unesco et 26 autres institutions mondiales, dont le Conseil international des musées (ICOM) et l’Organisation du monde islamique pour l’éducation, les sciences et la culture (ICESCO), à « évaluer les dégâts » et à « prendre les mesures nécessaires pour préserver le patrimoine culturel de la ville et réhabiliter sa vie culturelle ». « Suite à cet appel, l’Unesco a annoncé une mobilisation pour préserver le patrimoine culturel de Beyrouth », souligne Alabdullah. Il explique que durant les prochains jours, plusieurs organisations internationales se rendront sur le lieu de l’explosion afin de déterminer l’ampleur des dégâts. Selon lui, il semblerait que Sursock soit le plus touché parmi les musées. Ce musée d’art moderne de Beyrouth, construit en 1912 dans un style architectural brassant les styles vénitien et ottoman, était autrefois un palais appartenant à une famille libanaise bourgeoise qui l’a offert au gouvernement pour le transformer en musée.

« Le musée est très endommagé car il est situé à 800 mètres du port où a eu lieu l’explosion. Une vingtaine d’oeuvres d’art ont été endommagées dont 4 sont irrécupérables », a témoigné la directrice du musée, Zeina Arida, aux médias. « L’explosion a non seulement affecté ce palais mais aussi ses extensions et plusieurs édifices historiques dans les alentours », a-t-elle ajouté. Si le Musée Sursock a été durement touché, le Musée national de Beyrouth a été plus chanceux ne déplorant que la destruction des vitres, les pièces d’antiquité ayant été épargnées.

Un soutien international

Après la tragédie du 4 août, la communauté internationale a envoyé un signal fort de soutien au Liban. Le Centre Pompidou était le premier à réagir pour sauver le patrimoine libanais. Il a proposé son aide au Musée Sursock pour restaurer les oeuvres endommagés. L’Unesco est également mobilisée. « Nous nous engageons à diriger l’ensemble des interventions dans le domaine de la culture, qui doit constituer une partie essentielle des efforts plus larges de reconstruction et de redressement », a déclaré Ernesto Ottone R., sous-directeur général de l’Unesco pour la culture.

Les bibliothèques, les musées et les bâtiments historiques endommagés nécessitent des interventions urgentes aussi bien que des opérations de réhabilitation à plus long terme.

L’ambassade de France à Beyrouth a annoncé : « Nous travaillons depuis des décennies aux côtés du peuple libanais pour sauvegarder et préserver le patrimoine culturel unique de cette nation. En tant que membres de la communauté culturelle et praticiens de la protection du patrimoine, nous serons aux côtés du Liban pour poursuivre le travail collectif en ces temps difficiles ».

Côté libanais et pour préserver le patrimoine en péril, les ministres libanais de la Culture, Abbas Mortada, et celui des Finances, Ghazi Wazni, ont interdit toute transaction liée à ces biens culturels, afin d’éviter qu’ils ne fassent l’objet d’exploitations. Les deux ministères ont publié le 12 août une interdiction de vendre les bâtiments à caractère traditionnel et historique sans autorisation préalable du ministre de la Culture, et ce, durant toute la période de déblaiement des décombres et de reconstruction des zones sinistrées. Par ailleurs, le leader Walid Joumblatt a mis en garde contre toute destruction du patrimoine des quartiers historiques et touristiques par la municipalité de Beyrouth, affirmant que « la municipalité possède les fonds nécessaires pour restaurer les bâtiments traditionnels et aider les sinistrés », a-t-il ajouté. Des efforts qui aideront sans doute à sauver une partie de cette ville riche en aspects culturels et historiques.

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique