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Mohamad Morsi, le wali du calife ?

Doaa Elhami, Mardi, 16 juillet 2013

Pour certains historiens, la phase transitoire qui a suivi la révolution peut être rapprochée des troubles qui ont surgi au début du XIXe siècle. Ces événements historiques devraient servir de leçons pour construire un avenir meilleur.

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La Citadelle, résidence du wali pour des siècles, était encerclée par le peuple 3 mois à la file.

Mamelouks, Anglais et Ottomans ont participé à l’expulsion de l’ar­mée de l’Expédition française d’Egypte en 1801. Chaque partie s’est alors octroyé le droit de gouverner l’Egypte. C’est ainsi que plusieurs conflits politiques eurent lieu entre ces trois forces, faisant régner le chaos sur le territoire égyptien.

Un état déplorable qui durera pendant plus de deux ans au cours desquels le peuple sera la pre­mière victime de ces conflits. C’est cet état de dégradation qui sera par la suite la cause d’une série de révolutions populaires.

Tout commence quand le sultan mamelouk Al-Bardissi, suivi par Khorched pacha, le wali ottoman, décide d’augmenter les impôts pour renflouer les caisses de l’Etat. Les plaintes aux oulémas d’Al-Azhar sont nombreuses. Ceux-ci demandent le départ du wali s’il n’accepte pas les revendications du peuple. Des protestataires encerclent la Citadelle, résidence officielle du wali, pendant trois mois en signe de protestation. Mais le wali refuse la demande du peuple tout en martelant sa légitimité à régner, car il est l’envoyé du calife des musulmans, le sultan Al-Bardissi.

« C’est alors que Omar Makram, qui avait été quelques années plus tôt à la tête de la résistance contre l’occupation française, réplique que le peuple est en droit d’éloigner le wali et son sultan s’ils ne répondent pas aux revendications du peuple. Le peuple était la source légitime de tous les pouvoirs », raconte l’historien et sociologue Ali Barakat.

Pour répondre aux demandes du peuple, le sultan finit par se débarrasser de Khorched pacha et nomme Mohamad Ali comme nouveau wali. « C’était la première fois de l’histoire contempo­raine que le peuple avait son mot à dire. C’est lui qui a contraint le wali au départ, comme c’est lui qui a contraint le président Moubarak à s’éloi­gner du pouvoir en 2011 », affirme l’historien et romancier Helmi Al-Namnam. Les situations politiques se répètent : Khorched fut chassé par le peuple et remplacé par un autre comme Mohamad Morsi par Adly Mansour. Ici, l’armée joue le rôle du sultan.

« Au cours des périodes chaotiques, la fermeté et parfois la dictature sont indispensables afin de garantir une stabilité », estime Hossam Ismaïl, professeur d’histoire islamique et contemporaine à l’Université de Aïn-Chams.

Pour lui, le chaos qui a régné entre 2011 et 2013 est naturel lors des phases de révolutions et de périodes transitoires. Il affirme que, comme à l’époque, seul un régime fort sera à même de dépasser les clivages postérieurs au changement de régime du 3 juillet 2013 .

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