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Deux expos et un anniversaire

Nasma Réda, Mardi, 19 novembre 2019

Le Musée égyptien du Caire a célébré, vendredi 15 novembre, ses 117 ans. Pour fêter l’événement, deux expositions y sont organisées, avec pour thème l’éducation dans l’Egypte Ancienne et les cachettes de momies.

Deux expos et un anniversaire
Le scribe, symbole de l'éducation.

Le musée égyptien du Caire à la place Tahrir célèbre son 117e anniversaire avec deux expositions, l’une portant sur l’éducation dans l’Egypte Ancienne et l’autre sur les cachettes pour les momies. La première se tient dans la salle 44 du rez-de-chaussée du musée. « Vu que 2019 est l’année de l’éducation en Egypte, cette exposition vient souligner le rôle de l’éducation pour le développement des pays », déclare Khaled El-Enany, ministre des Antiquités. Cette exposition met en évidence le rôle de l’éducation dans la fondation de la civilisation pharaonique à travers les époques. Une collection unique, composée de plus de 70 pièces, est présentée pour la première fois pour illustrer l’évolution de l’éducation jusqu’à nos jours. « L’exposition illustre également l’importance des sciences, telles les mathématiques, l’astronomie et l’ingénierie », explique Sabah Abdel-Razeq, directrice du musée. Et d’ajouter que cette exposition sera la dernière pour cette année, puisqu’elle durera deux mois, à savoir jusqu’au 15 janvier 2020.

Une statue d’ibis qui accueille les visiteurs. D’origine africaine, cet oiseau était vénéré et souvent momifié comme symbole du dieu Thot. « Les Egyptiens le considèrent comme le maître de l’écriture et des mathématiques », explique Sabah Abdel-Razeq. L’ibis est devenu le dieu sacré Thot depuis la période prédynastique jusqu’à l’époque gréco-romaine. Pour la plupart des anciens Egyptiens, il était le symbole du savoir et de la religion et ils le présentaient toujours tenant un stylet.

Les Grecs, quant à eux, le considéraient comme un astronome de valeur et un médecin. Découverte à Touna Al-Gabal (Minya), la statue exposée, qui remonte à l’époque tardive, attire les regards avec son corps en bois couvert de plâtre et d’une couche dorée, tandis que son bec et ses pattes sont en bronze. « Il est posé sur un socle en bois que les scientifiques considèrent parfois comme le cercueil d’Ibis », indique la directrice. Thot était perçu comme la divinité patronne des scribes, des astronomes, des prêtres et de certains souverains (comme Thoutmosis qui signifie « Né de Thot »). Il était également considéré comme l’inventeur de l’alphabet, des mathématiques et de la géométrie notamment. Dans l’exposition, ces sciences sont représentées par différents pièces et outils, telles la statue du scribe accroupi Ramessesnakht, grand prêtre d’Amon à la fin de la XXe dynastie, tenant son papyrus, et celle de l’architecte Imhotep, auteur de la pyramide à degrés de Saqqarah.

De nombreuses activités accompagnent cette exposition. Des répliques d’outils d’ingénierie antiques utilisés pour bâtir les pyramides et les temples ont été faites pour que les visiteurs puissent les expérimenter. Un film documentaire sur l’astronomie pendant l’ère des pharaons est en outre présenté. « L’exposition cible des visiteurs variés : les adultes, les jeunes et même les enfants, de même que des spécialistes et des personnes aimant de cette civilisation », souligne Névine Nizar, assistante du ministre des Antiquités. Selon cette dernière, le circuit conduit le visiteur d’une science à l’autre en passant entre les pièces et les panneaux explicatifs bilingues (arabe et anglais).

Les enfants ne sont pas oubliés. Le groupe Interactive Egyptian Museum a préparé un livret intitulé L’Education en Egypte, découvrir l’Egypte Antique avec l’ibis. « Il s’agit d’un voyage dans le temps à travers lequel l’enfant répond à des questions, colorie et joue pour collecter les lettres du nom d’un personnage ancien tout en apprenant des informations sur diverses pièces exposées dans la salle ainsi que sur les hiéroglyphes », souligne Névine Nizar, auteure du livret.

Des momies bien cachées

Intitulée Les Cachettes des momies, la deuxième exposition présente les quatre cachettes de momies mises au jour jusqu’à aujourd’hui. Elle occupe la salle 43 au premier étage. Des sarcophages y sont exposés. « On a voulu jeter la lumière sur la découverte du siècle et montrer les dernières recherches et analyses effectuées sur les 30 sarcophages », explique Moustapha Waziri, secrétaire général du Conseil Suprême des Antiquités (CSA). Selon le ministère des Antiquités, ces sarcophages ont déjà été transportés de Louqsor au Nouveau Grand Musée égyptien (GEM), où ils seront exposés lors de l’inauguration de celui-ci, fin 2020. « On a choisi pour cette exposition trois sarcophages avec une taille et des décorations différentes », explique Waziri. Grâce au CT-scan, les archéologues ont pu dévoiler l’âge de l’une des momies. Il s’agit de celle d’un homme de 50 ans. L’autre sarcophage, finement décoré, appartient à une femme, tandis que le dernier, presque dépourvu d’inscriptions, est celui d’un enfant. « Cet enfant porte un bracelet à chaque bras ; les bracelets servaient d’amulettes », indique El-Enany, ajoutant que les travaux pour scanner les momies se poursuivront sans détacher les bandes qui les entourent. Selon lui, l’examen ADN permettra de déterminer s’il y a un lien de famille entre les momies découvertes.

Deux expos et un anniversaire
Le sarcophage de l'enfant d'Al-Assassif.

Les trois autres cachettes ont été découvertes au XIXe siècle. Bien que les sarcophages exposés soient variés, c’est en fait l’histoire de leur découverte qui est fascinante. Ainsi, c’est une coïncidence qui a mené à la grande découverte, en 1881, de la tombe TT320, lorsqu’un membre de la célèbre famille Abdel-Rassoul de Gourna cherchait sa chèvre, tombée dans une fosse dans les falaises de Deir Al-Bahari. La tombe, à l’extrême sud de Deir Al-Bahari, à Louqsor, était la dernière demeure du premier prophète d’Amon, Pinedjem II, et de plusieurs membres de sa famille. Celui-ci et les grands prêtres d’Amon des XXe (1186-1069 av. J.-C.) et XXIe (1070/69-945) dynasties y ont par ailleurs transféré une cinquantaine de momies royales pour les protéger des vols. Des vases canopes et des objets funéraires y ont aussi été découverts. Parmi les noms de cette cachette, citons Séqénenrê, Toutmosis I, II et IIIe ainsi que Ramsès I, II, III et IX.

La deuxième cachette a été trouvée en 1898 dans la Vallée des rois, à Louqsor, à l’intérieur d’une chambre du tombeau d’Amenhotep II (1428/27-1401 av. J.-C., tombeau KV35) de la XVIIIe dynastie. Elle renfermait près de seize autres momies royales, notamment celles de Thoutmosis IV et de la reine Tye. Enfin, la troisième et dernière cachette a été découverte en 1891 au nord de la cour inférieure du temple de la reine Hatshepsout. Il s’agit de Bab Al-Gasous (la porte des prêtres), une immense tombe collective qui abritait plusieurs centaines de cercueils ainsi qu’une multitude d’autres objets funéraires appartenant aux membres du clergé d’Amon, contemporains de la XXIe dynastie.

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