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Ismaïliya : La colline aux mille trésors

Nasma Réda, Mardi, 12 novembre 2019

Des tombes romaines à deux niveaux ont été découvertes dans la colline de Tell Hassan Dawoud à Ismaïliya, à l’ouest du Canal de Suez. Une première pour les archéologues, de retour après 20 ans d’interruption sur ce site, déjà connu pour ses richesses.

Ismaïliya : La colline aux mille trésors
Les tombes collectives et individuelles de l'époque romaine.

Un cimetière antique formé de cinq tombes collectives, sept individuelles et six fosses funéraires vient d’être découvert à Ismaïliya par une mission archéologique égyp­tienne opérant sur le chantier de Tell Hassan Dawoud, à Ismaïliya. « Les tombes découvertes correspondent à différentes époques. Certaines remon­tent à l’époque prédynastique, d’autres aux Ire et IIe dynasties pha­raoniques et d’autres, plus récentes, à l’époque romaine », souligne Moustapha Hassan Nour, directeur des sites antiques d’Ismaïliya.

« Ces cimetières sont fabriqués de briques crues et les tombes collectives regroupent plusieurs défunts placés les uns à côté des autres », indique Nadia Khadr, chef de l’Administra­tion centrale des antiquités du Sinaï et de la Côte-Nord. La mission a égale­ment découvert des poteries, des amu­lettes en faïence, des pierres pré­cieuses, des pièces de monnaie romaine ainsi que dix-huit squelettes dont neuf humains et neuf appartenant à des animaux.

Selon Sameh Hachem, membre de la mission, les différentes dynasties se distinguent facilement selon la manière d’enterrer. « On peut distin­guer les tombes égyptiennes à cause de leurs similitudes alors que les tombes romaines varient en dimen­sion et en style, elles ne sont pas toutes pareilles », explique Hachem. Et cela, c’est une nouvelle informa­tion pour les archéologues. « Les tombes collectives qui remontent à l’époque romaine sont creusées dans le rocher et se distinguent par leurs structures différentes des tombes pharaoniques. Elles sont creusées sur deux niveaux. Le défunt est enterré dans la couche inférieure alors que le dessus est réservé à un animal sacré », explique Moustapha Hassan Nour.

D’après lui, les Romains d’Egypte cherchaient toujours des endroits sécurisés à l’abri des inondations et loin des troubles pour creuser leurs tombes. Lorsqu’ils sont arrivés sur la colline de Hassan Dawoud et ont trouvé les tombes pharaoniques, ils ont creusé à leur tour les leurs.

Situé du côté sud de la plaine inondable cultivée de Wadi Tumilat, à 40 km à l’ouest du gouvernorat d’Ismaïliya, ce site de la colline de Hassan Dawoud, qui s’étend sur 91 feddans, est déjà célèbre pour ses tombes datant de l’ère prédynastique et du début des dynasties pharao­niques où les tombes sont creusées dans les sables alluviaux à quelques mètres au-dessus de l’ancienne plaine d’inondation. « Tell Hassan Dawoud est l’un des rares endroits où se trouvent jusqu’à aujourd’hui des tombes de l’époque prédynas­tique et de la première dynastie pharaonique », explique Moustapha Hassan Nour.

Fouillé depuis 1985

Les travaux sur ce site ne sont pas nouveaux. Les fouilles ont com­mencé en 1985 et ont pris fin en 1999. Après six saisons de fouille, 1 062 sépultures, dont 745 prédy­nastiques et 317 remontant à l’époque tardive à celle ptolémaïque, ainsi que quelques tombes romaines ont été mises au jour. « Dans les années 1980 et 90, les fouilles étaient dirigées par Mohamed Al-Hangouri, qui avait l’intention de construire un musée en plein air racontant l’histoire de la colline, mais les travaux ont été interrompus en 1995 », se rappelle Diab, direc­teur général des fouilles actuelles. Mais vu l’importance du site, les fouilles ont repris avec une mission américano-britannique présidée par Fékri Hassan, fin des années 1990. « Cette mission a lancé un pro­gramme de recherche, de conserva­tion et d’études approfondies des restes humains », indique Nour. Et ce n’est qu’en 2017-2018 que la mission égyptienne a repris les tra­vaux archéologiques après près d’une vingtaine d’années d’arrêt. « Le fait de découvrir des tombes romaines à niveaux encouragera d’autres missions à revenir à Ismaïliya pour continuer les fouilles et les recherches », assure Nour, ajou­tant que pendant les prochaines sai­sons de travail, la mission a l’intention de fouiller dans les environs de la colline, sur les traces d’une vie humaine à proximité de ces tombes.

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