Près de 500000 touristes ont visité l’Egypte en 2018 en passant par le voyagiste Thomas Cook, soit 4 % environ du total des arrivées touristiques venues en Egypte. Un chiffre considérable, mais que les professionnels du tourisme craignent de perdre suite à l’annonce de la faillite du plus ancien voyagiste au monde.

D’autres, cependant, minimisent l’effet de cette mauvaise nouvelle qui a secoué le monde du tourisme du jour au lendemain. En réalité, Thomas Cook s’est déclaré en faillite lundi 22 septembre dernier. Des créanciers avaient demandé à la compagnie de trouver 227 millions d’euros de financements supplémentaires pour adopter le plan de sauvetage initié cet été par le chinois Fosun, premier actionnaire de Thomas Cook (mais aussi du Club Med). Ce qui était très difficile, surtout que ses pertes, au premier semestre, étaient de 1,6 milliard d’euros.

Un désastre pour la saison prochaine

Dans une première réaction, l’opérateur de Thomas Cook en Egypte, le groupe Blue Sky, a assuré que 25000 réservations en Egypte jusqu’en avril 2020 avaient été annulées après l’annonce de la faillite du voyagiste britannique. Dans un communiqué de presse, Hossam Al-Chaer, PDG de Blue Sky, a déclaré que le gouvernement britannique, représenté par l’Autorité britannique de l’aviation civile (CAA), allait régler le rapatriement des touristes de Thomas Cook en Egypte en fonction de leur date de départ. Al-Chaer a expliqué que près de 1600 touristes passaient leurs séjours actuellement en Egypte. Il a ajouté que la société avait envoyé une lettre aux hôtels leur indiquant qu’elle garantissait la prise en charge des frais de prolongement des séjours de ces touristes à cause de la crise et qu’aucune somme ne devrait leur être demandée.

Selon Ahmad Hassanein, membre de la Chambre des agences de voyage, la faillite de Thomas Cook risque de perturber l’industrie pendant quelques mois, surtout si l’on considère que Thomas Cook programme des voyages sur plus de 6 marchés européens, qui sont parmi les plus grands pays exportateurs du tourisme en Egypte, à savoir l’Allemagne, la France, les Pays-Bas, l’Angleterre notamment. « On s’attendait à plus de 150 000 touristes partis avec Thomas Cook pendant la saison touristique hivernale qui commencera dans quelques jours. C’est inquiétant pour l’année 2020 », explique Hassanein, qui ajoute que le fait que cette faillite a eu lieu à quelques jours de la saison touristique hivernale aggrave la situation, puisque les tour-opérateurs avaient déjà programmé leurs voyages pour la saison.

C’est le même constat de Ali Al-Charqawi, tour-opérateur qui décrit la faillite de Thomas Cook comme un désastre touristique mondial. Selon lui, c’est l’industrie du tourisme dans le monde entier qui sera affectée et non pas en Egypte seulement, surtout que les clients de Thomas Cook s’élèvent à plus de 20 millions par an. « Les filiales de Thomas Cook dans le monde entier ont commencé elles aussi à souffrir. On a vu hier Thomas Cook Allemagne annoncer sa faillite, celui de la Pologne a aussi demandé le soutien de l’Etat », explique Al-Charqawi. Au total, quelque 600 000 touristes seraient concernés par la faillite. Dans l’immédiat, les autorités vont devoir organiser des rapatriements massifs de leurs ressortissants partis en vacances avec Thomas Cook. Il ajoute qu’on doit attendre pour savoir exactement l’impact de la faillite du grand voyagiste britannique sur l’industrie du tourisme en Egypte. Il rappelle la nécessité de revoir la situation des touristes qui dépendent de Thomas Cook en Egypte et leur faciliter le retour chez eux, afin de ne pas aggraver la crise.

Moins pessimiste, Adel Zaki, propriétaire d’une agence de voyage, estime que l’impact de la faillite de Thomas Cook sur le marché du tourisme égyptien ne serait pas inquiétant, et que celui-ci se redressera rapidement. « Le tourisme en Egypte sera légèrement affecté. Ceux qui veulent venir en Egypte, si ce n’est pas avec Thomas Cook, il y a des dizaines de tour-opérateurs travaillant sur le marché égyptien qui sont partout en Europe, y compris de méga tour-opérateurs comme TUI et FTI. Et ils vont trouver d’autres moyens de visiter le pays ». Il ajoute que « le ministère du Tourisme et les opérateurs du secteur privé doivent communiquer tout de suite avec les tour-opérateurs et les agences de voyage de par le monde, afin de travailler sur le marché égyptien ».

Avis partagé par Alaa Al-Ghamri, tour-opérateur qui assure que les clients de Thomas Cook chercheront maintenant une entreprise alternative pour programmer leur voyage en Egypte. Sans oublier que la faillite de la société britannique ouvrait de grandes portes aux petites et moyennes entreprises et aux voyagistes pour augmenter le volume des affaires dans le monde. L’Egypte, avec ses atouts touristiques, et les bons indices d’une relance touristique est un marché prometteur qui va attirer ces voyagistes à promouvoir le tourisme égyptien et vendre des séjours aux pays des pharaons.