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Les archéologues exposent leurs trouvailles

Nasma Réda, Mardi, 10 septembre 2019

Une exposition temporaire est organisée au Musée de Louqsor par la mission égypto-américaine opérant sur la nécropole d’Al-Assassif, au sud de la ville. Visite.

Les archéologues

« La nécropole d’Al-Assassif : un voyage à travers le temps » est le nom de l’exposition temporaire tenue actuellement au Musée de Louqsor. Elle regroupe des pièces provenant des travaux de fouille de la mission égypto-américaine opérant sur le site, au sud de Louqsor, depuis des années. Une énorme vitrine placée au sein de la grande salle du musée renferme les pièces. « Les pièces sont placées par ligne chronologique, depuis la XXVe dynastie jusqu’à l’époque moderne », explique Abdel-Razaq Ali, directeur égyptien de la mission. Parmi les objets exposés figurent notamment 39 oushebtis, des vases canopes et une stèle de la dame au foyer « Irtieru ». « Ces pièces ont été découvertes depuis 2006. Elles proviennent des travaux de fouille dans trois tombes de la nécropole d’Al-Assassif sud », indique Elena Pischikova, directrice américaine de la mission.

Le projet « South Assassif Conservation Project » a débuté, il y a 13 ans, dans le but de nettoyer et de restaurer les tombes koushites de Karabasken (TT 391), maire de Thèbes, et du prêtre Karakhamun (TT 223), qui étaient fortement endommagées, ainsi que la tombe d’Irtieru (390). L’exposition vient donc illustrer le long travail de la mission égypto-américaine dans la nécropole. « Ce site est important, surtout que l’architecture des tombes est très diverse. C’est un amalgame entre l’ancienne architecture pharaonique et une plus récente, remontant à la XXVe et la XXVIe dynasties av. J.-C. », ajoute Pischikova.

Pour sa part, le chef égyptien de la mission souligne que cette nécropole a été utilisée non seulement par les hauts fonctionnaires et leurs familles des XXVe et XXVIe dynasties, mais aussi pendant l’ère ptolémaïque, puis copte, et à l’époque moderne. « Les oushebtis de Karabasken, qui présentent des traits nubiens, sont les plus anciens de la nécropole thébaine. Ils ont été soigneusement choisis parmi des milliers de fragments trouvés dans sa chambre funéraire, qui renferme le seul exemple de sarcophage koushite en granit rouge qui mesure 3 mètres de long », indique Ali.

« Depuis 2006, je suis passionnée par cette région ainsi que par la période de la XXVe dynastie. On a bien restauré ces tombes et je pense qu’elles seront ouvertes au public dans quelques mois », assure la directrice américaine. « Les tombes d’Al-Assassif sud se caractérisent par le fait qu’elles ne sont pas creusées dans la montagne ou sur une colline. Elles ont l’aspect d’un temple, parfois on y trouve des colonnes et même des pyramidons à l’intérieur ou à l’extérieur », souligne pour sa part Ali. Et à Pischikova de reprendre : « Les pièces de l’exposition ont été choisies avec beaucoup d’attention. Chacune raconte une histoire. Par exemple, le coffre du haut fonctionnaire Neshor, qui a été trouvé dans la chambre funéraire de la tombe Karakhamun, date de la période ptolémaïque et témoigne de la longue réutilisation de la tombe ».

Magnifiques tombes de hauts dignitaires

Dans la vitrine, qui abritait auparavant le chariot du jeune roi Toutankhamon, transporté au Nouveau Grand Musée égyptien (GEM), on peut aussi admirer des pièces funéraires ayant appartenu à l’épouse du dieu Amon, Ankhnesneferibre. Elles proviennent de la tombe de Karabasken et, bien que retrouvées entières, elles ont été gravement endommagées par les inondations. « En 2006, de nombreuses inondations avaient recouvert la cour de la tombe du haut dignitaire Karabasken, ainsi que la salle des piliers. La partie accessible de la tombe était occupée par les villageois de la région. Les inscriptions ainsi que des murs ont été sérieusement endommagés », raconte Ali.

Al-Assassif est une petite vallée de Thèbes ouest, qui s’étend entre Deir Al-Bahari à Draa Aboul-Naga. La nécropole renferme des douzaines de tombes privées de nobles et de hauts fonctionnaires remontant au Moyen Empire (2022-1650), au Nouvel Empire (1549-1080), à la Troisième Période Intermédiaire (1080-656) et du début de la Basse Epoque (656-332), mais principalement des XIXe (1295-1186) et XXe dynasties (1186-1069). Toutefois, les plus majestueuses datent de l’époque tardive.

Durant les XXVe (747-656) et XXVIe (664-525) dynasties, les hauts dignitaires thébains y ont construit de magnifiques tombes, plus vastes que celles de leurs souverains. Les tombes ont été creusées dans le sol et non dans le flanc d’une montagne ou d’une colline. Plusieurs dizaines de tombes sont connues, la majorité attendant une fouille et/ou une restauration. Actuellement, seules trois tombes se visitent: TT 192 de Khérouef, TT 279 de Pabasa et TT 414 d’Ankhhor (ou Ankhor). Quelques autres sont en cours d’excavation : TT 33 de Padiamenopet (ou Padiamenopé), TT 34 de Montouhemhat (ou Mentouemhat) et TT37 d’Harouah (ou Harwa). « J’espère achever tous les travaux archéologiques d’ici à 2023 et que ces tombes seront accessibles aux visiteurs », conclut Pischikova .

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