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Atef Moftah : Durant la première année, le GEM attirera 4 millions de visiteurs

Nasma Réda, Mardi, 06 août 2019

Le général Atef Moftah, superviseur général du projet du Grand Musée égyptien (GEM), revient sur les travaux de construction du musée et les plans prévus avant l’inauguration.

Durant la première année, le GEM attirera 4 millions de visiteurs
La statue colossale de Ramsès II décore l'entrée du GEM.

Al-Ahram Hebdo : Presque un an nous sépare de l’inauguration du nouveau Grand Musée égyptien (GEM). Où en sommes-nous aujourd’hui ?

Atef Moftah : Les travaux de construction et de réhabilitation des bâtiments du musée et ses alentours sont terminés à presque 95 %. D’ici la fin de cette année, l’Organisme du génie de l’armée égyptienne et les compagnies égyptiennes opérant sur le projet achèveront toutes les fondations architecturales. Notre date limite pour tout achever est le 30 juin 2020. D’ici cette date, tous les ouvriers de construction devraient quitter le site. Mais en ce qui concerne le réaménagement des salles d’exposition, l’arrangement des pièces et l’organisation des galeries d’après le scénario muséologique prévu, ces tâches vont continuer normalement jusqu’à la date de l’inauguration.

— Et quoi de neuf au GEM ?

— Trois grands espaces seront rattachés au GEM, comme par exemple le club Al-Rémaya situé à proximité du musée, pour arriver à un total de 160 feddans au lieu de 117. A noter que la superficie de l’exposition est de 35 000 m2 de salles fermées et 55 000 m2 en plein air, en plus du grand centre de conservation des pièces antiques. Plus de 65 000 m2 sont destinés à créer une zone commerciale qui comprendra un grand bâtiment où se trouvent un centre commercial, une salle de conférences, un cinéma 3D, des boutiques et des magasins de répliques, en plus de la zone réservée aux restaurants et aux loisirs. Ce sont ces projets commerciaux qui rendent bénéfique ce projet culturel. D’autres nouvelles idées sont encore en voie de discussion, dont une zone hôtelière. Côté muséologie, le visiteur va voir pour la première fois un obélisque suspendu. Après avoir fait venir l’obélisque du site archéologique de San Al-Hagar (Tanis) dans le gouvernorat de Charqiya, j’ai eu l’idée de montrer toute la beauté de ce monument et le cartouche du roi Ramsès qui se trouve à sa base en créant à l’entrée du musée une place pour le premier obélisque suspendu au monde. Le comité chargé de la muséologie du GEM l’a accepté. Le visiteur pourra passer sous l’obélisque et découvrir ses secrets.

— Le ministère des Antiquités annonce presque chaque jour le transfert de pièces d’antiquité des quatre coins du pays. Combien de pièces ont-elles été transférées ? Quand pourra-t-on dire que toutes les pièces sont installées au musée ?

— Une cinquantaine de milliers de pièces de tailles et de poids différents ont déjà été transférées. Déjà 44 pièces colossales sur un total de 87 ont été installées à leur place. Parmi celles-ci figurent la statue colossale du roi Ramsès II et la colonne de son fils Mérenptah. En plus, presque toute la collection du jeune roi Toutankhamon a été transférée, à l’exception de son masque et de quelques autres pièces qui, selon une décision du ministère des Antiquités, ne seront déplacées que quelque temps avant l’inauguration du GEM. En fait, les pièces colossales devraient être placées sur le Grand Escalier menant aux galeries du musée.

Durant la première année, le GEM attirera 4 millions de visiteurs
Le général Atef Moftah lors d'une tournée au GEM avec le premier ministre.

— Qu’attendez-vous de ce nouveau musée ?

— C’est le plus grand musée au monde regroupant dans un seul endroit la plus grande collection de monuments de la civilisation égyptienne. Sa mission essentielle est de faire vivre à tous ses visiteurs une expérience culturelle de grande qualité. Grâce à sa position unique, donnant sur le Plateau des pyramides situé à 2 km, le GEM sera le lieu idéal d’exposition de milliers de pièces antiques égyptiennes. Le GEM est l’un des plus grands musées au monde consacré à une seule civilisation. Après l’inauguration du musée, le nombre de nuits touristiques doublera, toute la carte touristique changera. Jadis, le touriste venait au Caire pour un ou deux jours au maximum, après l’inauguration du GEM, il passera au moins 3 à 5 jours. Le flux touristique est l’un des objectifs principaux de ce projet. Le musée figure déjà sur la liste des visiteurs (2020-2021). Il y a des touristes qui ont reporté leurs visites de plusieurs mois pour voir ce grand projet. On estime que durant sa première année d’activité, le musée attirera au moins 4 millions de visiteurs, ce qui contribuera à booster le tourisme en Egypte. Le gain financier n’est jamais ce que visent les musées en premier, mais le message culturel vient en premier lieu.

— Vu l’encombrement de la place Al-Rémaya ainsi que les routes menant aux sites touristiques, n’avez-vous pas réfléchi à un accès plus facile du musée ?

— On a un plan ambitieux pour toute la région. L’accès au musée est bien étudié. Il y aura une nouvelle planification des routes de la région. Un tunnel sera creusé pour faciliter la circulation, et il y aura un élargissement de certaines routes. Une étude pour l’installation de deux stations métro spéciales a été présentée au bureau ministériel pour être approuvée. La première station s’arrêtera à proximité du Plateau des pyramides et ses alentours, alors que l’autre sera à quelques pas du guichet des billets du GEM. De même, l’Etat réfléchit à une ligne spéciale avec des arrêts au Musée égyptien de Tahrir, celui de la civilisation de Fostat, et enfin, le GEM ainsi que le Plateau des pyramides.

— L’administration du musée est accusée d’accélérer les travaux en réduisant les dépenses aux dépens de la qualité du matériel utilisé et des droits intellectuels de l’architecte. Qu’en pensez-vous ?

— La construction du musée a commencé il y a 17 ans, et le coût était prévu. Mais au cours de ces longues années de travail, cette somme a plus que redoublée pour atteindre 1,6 milliard de dollars. Il fallait donc faire attention. On a réussi à réduire la somme de 770 millions de dollars en utilisant du matériel égyptien comme le fer, le marbre et l’albâtre couvrant la façade du musée. C’est le droit de l’Etat, d’après le contrat, car l’Egypte n’est pas forcée d’importer ces matériaux de l’étranger, vu qu’elle a ses carrières. Par ailleurs, depuis 2016, on a changé toutes les lampes par d’autres LED qui réduisent la facture d’électricité. On a quand même pris en considération l’aération des galeries d’exposition sans beaucoup utiliser de climatiseurs. Nous avons construit un bâtiment qui sera à l’abri de tout danger. De même, le recours aux employés et aux spécialistes du ministère des Antiquités a beaucoup réduit les dépenses, surtout en ce qui concerne le transport des pièces antiques, leur maintenance et leur restauration.

— Et qu’en est-il du système de contrôle et de sécurité du musée ?

— Les moyens utilisés sont parmi les meilleurs au monde. En plus, le bâtiment du musée se trouve à 500 mètres des murs extérieurs du musée, qui font 3 m de hauteur et qui le séparent des routes principales. Des caméras et des portes de contrôle modernes seront placées partout. Tout est bien planifié. L’Etat déploie un effort énorme pour achever cet important centre mondial de l’histoire des pharaons.

— Après de longues années d’attente, pouvez-vous déterminer une date pour l’inauguration du musée ?

— Cela est difficile, car c’est une décision présidentielle et ministérielle. Mais on peut dire que ce musée verra le jour vers le dernier trimestre de l’année 2020.

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