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Un casse-tête urbain

Dalia Farouq, Mardi, 02 juillet 2013

Le Caire, qui célèbre ses 1 044 ans cette semaine, est une ville millénaire, où les vestiges du passé côtoient les bâtiments modernes. Mais l'extension de la ville à 20 millions d'habitants pose d'énormes problèmes de planification urbaine.

un casse-tete
La capitale dans la maquette du projet « Le Caire 2050 ».

Le caire, grande mégapole du XXIe siècle, un rêve irréalisable ? Plusieurs initiatives ont été lancées pour transformer Le Caire en une ville moderne et apporter une solution aux problèmes urbains, mais toutes les initiatives ont échoué. Le plus grand projet visant à transformer Le Caire en ville moderne date de 2008. Baptisé Le Grand Caire 2050, ce projet visait à faire du Caire la grande métropole arabe du XXIe siècle en rénovant ses quartiers informels comme Boulaq ou Imbaba, en augmentant les espaces verts et en déplaçant les ministères en dehors du centre-ville. Ce projet était élaboré en collaboration avec l’Onu, les universités et les centres de recherches cairotes, avec l’objectif de faire du Caire une ville verte et globale. « L’avenir est dans le désert, car nous avons besoin de préserver les terres agricoles. A l’horizon 2050, Le Caire devrait atteindre 30 millions d’habitants », explique Dr Ahmad Yousri, professeur de planification urbaine, qui estime que le seul défaut du projet du Caire 2050 était qu’il négligeait l’aspect social.

Dr Yousri, comme la plupart des Cairotes, estime aujourd’hui que la ville a été défigurée par des politiques urbaines irréfléchies et incohérentes, surtout insuffisantes face à l’intense exode rural qui a conduit Le Caire à doubler sa population en l’espace de 20 ans. La ville compte aujourd’hui près de 20 millions d’habitants. Outre les défauts esthétiques de la ville et les « cicatrices » que sont les nombreux ponts construits dans les années 1970-80 pour décongestionner le trafic, les défis qui se posent face aux tentatives de réaménagement urbain sont nombreux : insalubrité due à la multiplication des zones d’habitat informel, manque de transports en commun, embouteillages perpétuels, crise de logement, pollution, manque d’espaces, etc.

Outre Le Caire 2050, de nombreux autres projets de réaménagement urbain ont été lancés, comme celui de la rénovation du Caire historique ou celui du Caire khédivial. Ce n’est qu’en 2006 que des lois ont été adoptées pour assurer la protection du patrimoine du XIXe-XXe siècles. Puis l’Organisme de l’harmonie urbaine a été créé.

Des projets de création de musées à ciel ouvert visant à développer le tourisme urbain ont vu le jour dans les quartiers historiques islamiques et haussmanniens. Dans Le Caire islamique, les autorités oeuvraient depuis 10 ans pour transformer la rue Al-Moezz en rue piétonne et pour réhabiliter les khans, les mosquées et les sabils. Dans le vieux quartier d’Al-Darb Al-Ahmar, un projet urbain adossé au parc d’Al-Azhar, véritable poumon vert pour la région voit le jour. Pour Le Caire khédivial, 3 sites emblématiques font l’objet d’un intérêt tout particulier de l’Organisme de l’harmonie urbaine en partenariat avec le gouvernorat du Caire et la Banque Centrale : les immeubles de la rue Ramsès ont été rénovés, la rue Qasr Al-Nil a été réaménagée et la région du centre-ville redécouverte à partir de 2007 par des investisseurs affichant leur souhait d’acquérir des immeubles entiers pour les rénover, puis les louer. « Ces projets de réaménagement du Caire se sont tous arrêtés à cause du manque de financement », explique Achraf Salah, archéologue.

Il y a quelques semaines, le ministère du Logement a lancé un projet pour le réaménagement du Grand Caire. Selon le ministre du Logement, Dr Tareq Wafiq, ce projet aura pour base le projet du Caire 2050 avec des modifications qui ont pour objectif d’éviter les critiques auxquels ce dernier a été exposé. « Nous avons devant nous plusieurs expériences réussies en matière de réaménagement urbain comme celles du Brésil et du Sri Lanka. Le Kenya a pu, lui aussi, surmonter ses problèmes urbains et transformer complètement le schéma esthétique de ses villes. Il nous manque seulement la volonté politique pour réaménager Le Caire, ainsi qu’une complémentarité entre l’Etat, le secteur privé et la société elle-même pour accomplir cette mission. Le Caire est une ville qui mérite d’être parmi les plus belles métropoles du monde arabe », conclut Dr Ahmad Yousri.

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