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Une vie de prince

Doaa Elhami, Mardi, 14 mai 2019

Plusieurs expositions se tiennent actuellement dans différents musées du Caire en lien avec la Journée mondiale du patrimoine, qui a eu lieu 16 avril. Focus sur trois d'entre elles : « Effendina », au palais Manial, « Touna Al-Gabal », au Musée égyptien de Tahrir, et « L’Asie accueillie par Kiridliya », au musée Gayer Anderson.

Une vie de prince
L'exposition Effendina accueille un grand nombre de visiteurs. (Photo : Manial Palace)

17 panneaux regroupant une sélection des archives photogra­phiques du prince Mohamad Ali Tawfiq composent l’exposition « Effendina », dans la grande salle du musée privé du palais Manial. L’exposition se tient jusqu’au 16 juillet et est organisée en coopération avec la Société des amis du musée. « Cette exposition nous donne une idée du mode de vie de la génération qui a vécu pendant les années 1930 et 40 », a indiqué le prince Abbas Helmi, le fils du neveu de Mohamad Ali Tawfiq, lors de l’inauguration.

Le choix du nom « Effendina » n’est pas un hasard. « Ce titre a été donné seulement au khédive Ismaïl et à son fils Mohamad Tawfiq et à son petit-fils Abbas Helmi II, qui lui ont succédé sur le trône. Mais le prince Mohamad Ali Tawfiq était le prince héritier pendant le règne du khédive Abbas Helmi II (1892-1899). Ensuite, il a été régent du trône à deux reprises, une fois à la mort du roi Fouad Ier en 1936, et une autre fois après le déclen­chement de la Révolution de 1952. Le propriétaire du palais Manial a, de ce fait, été honoré en on lui a attribué ce titre lui aussi », explique Hadir Adel, cheffe du département des expositions temporaires au musée du palais Manial. Les photos ont été sélection­nées parmi le nombre considérable d’images composant les archives du prince. « Nous étions à la recherche de photos significatives et, en même temps, de bonne qualité. Les photos exposées ont été scannées, documen­tées, puis imprimées en une taille convenant à l’exposition », explique Hadir Adel.

Une vie de prince
Panneau représentant les photos du palais. (Photo : Manial Palace)

« Chaque panneau fait référence à une phase de la vie du prince, depuis son enfance, en passant par sa jeunesse et ses activités, et jusqu’à ses rôles officiels et amis préférés », explique Walaa Badawi, directeur du musée. Les photos montrent notamment le prince pen­dant ses années d’études en Autriche. Il était alors fasciné de voyage, de déplacement et d’art. « D’après les mémoires du prince, qu’il a rédigées à l’âge de 75 ans et qui ont été publiées en 1950, Mohamad Ali Tawfiq est né en 1875 au palais Qobba, à l’est du Caire », lit-on sur les panneaux. Le prince aimait les jardins de ce palais, où il a passé son enfance. C’est cette fas­cination qui l’a l’incité à construire le palais Manial. « Le prince a déci­dé de construire son palais sur l’île de Roda, connue pour ses plantes et arbres rares et son histoire, surtout durant l’époque mamelouke », explique Hadir Adel, tout en ajou­tant que le prince voulait que son palais devienne une oeuvre de renaissance de l’architecture isla­mique, inspirée de diverses régions du monde — Asie mineure, Afrique du Nord et Andalousie. L’exposition présente d’ailleurs des photos du palais en cours de construction au début du XXe siècle, tout comme des divers sérails du palais, qui se compose de 5 bâtiments ainsi que de quelques salles représentatives de l’art islamique.

Jardin et vie sociale

Le prince a aussi voulu y aménager des jardins comme ceux du palais Qobba. Les photos montrent donc les vastes surfaces de verdure et les arbres historiques comme les cèdres. Les jardins du palais témoignent aussi de la vie sociale du prince, qui avait de bonnes relations avec la haute société. C’est ainsi que les visi­teurs de l’exposition verront sur les photos exposées notamment Sir et Lady Miles Lampson. Parmi les pho­tos les plus particulières figurent celles montrant des chevaux. « Ces photos ont été scannées à partir de deux volumes rédigés par le prince et dont le thème était l’élevage des che­vaux arabes. C’était l’une des tradi­tions de la famille alide, dont le fon­dateur, Mohamad Ali pacha, avait fait installer, au début du XIXe siècle, une vaste écurie », souligne Hadir Adel. Etant conservateur des tradi­tions de sa famille, le prince a aussi gardé un nombre considérable de peintures représentatives des diverses tenues de sa famille. L’exposition consacre ainsi plusieurs panneaux à des reproductions de peinture et à des photos de membres de la famille alide, dont celles de Abbas Helmi Ier, de Saïd pacha, des khédives Ismaïl, Tawfiq (avec sa famille) et de Abbas Helmi II sont les plus remarquables.

Certaines photos de Mohamad Ali Tawfiq le représentent dans des situa­tions officielles alors qu’il était régent. L’une témoigne de sa présence à l’ou­verture de la session parlementaire de 1936, tandis qu’une autre le repré­sente en compagnie de Saïd Zoulfiqar pacha, chef du diwan royal, lors de l’inauguration de la gare de Ménouf, capitale du gouvernorat de Ménoufiya, dans le Delta. Les panneaux exposés reflètent ainsi la vie riche du prince qui aimait l’Egypte et qui lui a laissé un patrimoine de valeur, témoignant d’une époque raffinée.

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