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Al-Montazah change de visage

Samar Zarée, Mercredi, 30 janvier 2019

50 cabines ont été détruites sur les plages des jardins d’Al-Montazah, à l’est d’Alexandrie. Une destruction marquant le début d’un grand projet touristique souhaité par le ministère du Tourisme.

Les cabines ont été détruites.
Les cabines ont été détruites. (Photo: Ibrahim Mahmoud )

50 cabines de plages, construites dans les années 1950, viennent d’être détruites sur les plus belles plages de la ville d’Alexandrie, situées dans les jardins d’Al-Monta­zah. Une décision qui suscite la colère des Alexandrins et des esti­vants cairotes qui passaient leurs étés sur ces plages. « La démolition de ces cabines de Semiramis et de Venicia est survenue suite à une recommandation d’un comité de la faculté d’ingénierie. Fortement abîmées par l’érosion, elles ne peuvent plus être restaurées et représentaient un danger pour leurs occupants », explique Bahaa Tahoun, directeur de la Société d’Al-Montazah pour le tourisme et l’investissement, responsable de la région des jardins d’Al-Montazah, assurant que la société va dédom­mager les locataires qui ont payé leurs loyers, en leur proposant d’autres cabines dès que possible. D’autres cabines, dont les occupants n’ont pas payé le nouveau loyer, vont aussi être détruites.

(Photo: Ibrahim Mahmoud )
(Photo: Ibrahim Mahmoud )

Une déci­sion du ministère du Tourisme qui a été exécutée par la Société d’Al-Montazah. Car en 2013, le Conseil des ministres avait réévalué ce loyer annuel à 1000 L.E. par m2. Selon les occupants des cabines, cela représente une somme importante et plusieurs continuent de payer l’an­cien loyer des cabines. « Les dettes des locataires ont dépassé 130 mil­lions de L.E., c’est pour cela que nous avons commencé à retirer les cabines », souligne Bahaa Tahoun, assurant avoir averti les occupants des cabines, au début de l’année 2018, qu’ils avaient jusqu’au 30 juin 2018 pour le paiement des loyers, selon la nouvelle valeur locative, et qu’en cas de non-paie­ment, les cabines pourraient leur être retirées. « Plus de 150 cabines existantes sur les trois plages de Cléopâtra, Semiramis et Aïda ont été retirées la semaine dernière. Parmi les cabines récupérées, il y a celles de Habib Al-Adeli, l’ancien ministre de l’Intérieur, d’Onsi Sawirès, de Esmat Al-Sadate, frère de l’ancien président Anouar Al-Sadate, et d’autres », indique Tahoun.

Les cabines d’Al-Montazah, réparties sur les 5 célèbres plages des jardins du palais d’Al-Montazah dont Aïda, Semiramis, Cléopatra, Venicia et Ramsès sont louées depuis les années 1950. Elles repré­sentent un casse-tête pour le minis­tère du Tourisme et les occupants depuis que l’ex-ministre du Tourisme, Hicham Zaazoue, a ordonné en 2013 de retirer ces cabines aux résidents et de les vendre aux enchères, ce qui a suscité la colère des locataires qui ont eu recours au tribunal afin d’arrêter cette décision. Cette affaire n’est pas encore jugée.

« Une destination touristique mondiale »

(Photo: Ibrahim Mahmoud )
Les cabines de Semiramis avant leur destruction. (Photo: Ibrahim Mahmoud )

La démolition des cabines fait suite aux directives du président Abdel-Fattah Al-Sissi de lancer le développement de la zone d’Al-Montazah. L’objectif est de faire de cette zone, à la situation géogra­phique exceptionnelle, aux plages de sable fin et aux vastes espaces verts, une destination touristique mondiale. Et ce, tout en préservant son patrimoine unique et ses chefs-d’oeuvre historiques. Un respon­sable au ministère du Tourisme, souhaitant garder l’anonymat, assure que des avancées concrètes sont actuellement en cours. Un grand projet est en cours d’étude et devrait se réaliser bientôt à la place des cabines. Selon cette même source, des yachts et des navires d’autres ports méditerranéens pour­raient venir y accoster. Des pro­grammes d’activités artistiques et sportives seraient mis en place, ce qui permettrait de créer de nouveaux emplois dans le secteur des services touristiques et contribuerait à la renaissance du tourisme côtier et historique de la ville. « J’ai passé mon enfance sur les plages et dans les jardins d’Al-Montazah, et j’y ai des souvenirs agréables », explique Hosni Hafez, député au parlement, « mais j’estime que le tout doit changer, surtout que ces cabines n’ont aucune valeur historique et sont louées à des prix très médiocres, alors que cet endroit peut rapporter des milliards de livres chaque année », conclut le député.

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