
Les panneaux qui composent l’exposition. (Photo : Institut italien)
« L’archéologie italienne aux pays du Moyen-Orient et en Afrique du Nord » est le titre de l’exposition qui se tient à l’Institut culturel italien du Caire jusqu’à la fin de cette année. Inaugurée le 5 décembre en présence de Paolo Sabbastini, directeur de l’Institut culturel italien, Giuseppina Capriotti, directrice du Centre archéologique italien, et Ayman Achmawi, chef du secteur des antiquités égyptiennes au ministère des Antiquités, l’exposition reflète non seulement la collaboration entre les archéologues italiens et égyptiens au fil des ans, mais aussi les travaux des Italiens dans différents pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.

60 panneaux illustrés représentent les travaux d’une mission universitaire ou d’une institution de renommée dans le domaine historique ou archéologique. Grâce aux textes anglais explicatifs et aux photos prises sur des chantiers, ces panneaux exposent les diverses activités archéologiques effectuées sur le terrain. Le visiteur a l’occasion alors de contempler toutes les étapes archéologiques à partir du choix du site, des relevés, des fouilles, des restaurations, jusqu’à la documentation des objets dégagés et la préparation du site pour la visite touristique. Les panneaux de l’exposition offrent aussi une promenade dans le temps depuis l’ère préhistorique, en passant par les époques égyptologiques, gréco-romaine jusqu’aux âges chrétiens, notamment copte en Egypte et islamique. Il ne faut pas encore oublier les récentes publications des missions italiennes auxquelles l’exposition a consacré un panneau particulier.
Les premiers villages
Certains panneaux représentent l’évolution des villages durant l’ère préhistorique à travers les travaux archéologiques de la mission italienne en Tunisie, notamment dans la région Doukanet-El-Khoutifa, « l’un des plus importants sites néolithiques de l’est du Maghreb », souligne le préhistorien Alfredo Coppa de l’Université Sapienza de Rome. D’après lui, cette région se compose de plusieurs couches superposées. Il s’agit d’un village et d’un cimetière. Les dernières activités archéologiques effectuées en 2013 et en 2018 ont clarifié la chronologie des occupations et de l’organisation de cet espace entre lieu de vie et lieu de sépulture. Les résultats indiquent que les dernières occupations de la couche inférieure datent de la seconde moitié du 6e millénaire, alors que la couche supérieure était occupée pendant la seconde moitié du 5e millénaire.

Des discussions scientifiques se déroulent dans l’exposition.
Toujours à l’époque préhistorique, l’exposition transporte le visiteur de l’Afrique du Nord à l’Asie pour atteindre la Jordanie centrale. Au sein de la Vallée Az-Zarqa se situe, au sommet de Djebel Al-Mutawwaq, un site reculé datant des débuts de l’âge de bronze (3500-3100 av. J.-C.) où opère, depuis 2012, la mission italiano-espagnole de l’Université Pérouse et Pontificia Facultad San Esteban. Les ruines du village sont dispersées sur une superficie de 18 ha, ainsi qu’un vaste dolmen étendu sur toute la montagne. « Entre 2014 et 2018, la mission a mis au jour dans le secteur Est du village les installations de stockage et les bâtiments consacrés à la production alimentaire. La mission a trouvé aussi la grande enceinte semi-circulaire qui avait probablement une fonction économique, en particulier en relation avec l’exploitation des troupeaux de moutons », lit-on sur le panneau. D’ailleurs, le village était encerclé d’une muraille dont les vestiges sont encore visibles partout.
L’exposition retrace sur l’un des panneaux les travaux effectués en Syrie, en montrant les dernières années de l’âge de bronze et le début de l’époque du fer. Ce panneau retrace encore la dernière saison de fouilles de la mission archéologique italienne de l’Université Sapienza de Rome qui a opéré en 2009-2010 avant le déclenchement de la guerre en Syrie. Ce panneau retrace l’histoire des fouilles de l’Acropole de Tell Mardikh dans la ville d’Ebla, depuis la moitié des années 1960.
Le parc archéologique
De retour sur le continent africain l’exposition dirige le visiteur vers l’Erythrée où se trouve le port Adulis, l’un des plus importants ports africains. Il s’agit du projet d’Adulis érythro-italien, en cours depuis 2011. L’objectif du projet est la connaissance et la valorisation du site à travers la création du premier parc national archéologique de l’Afrique subsaharienne. Adulis était fréquenté par les aventuriers à la recherche d’ivoire, de coquilles des tortues, de perles, de pierres précieuses, d’encens, d’aromates et d’épices. Le port d’Adulis comporte aussi des trésors archéologiques, à l’instar des vestiges romains. Les fouilles ont mis au jour 3 églises, datant du IVe au VIIe siècle, témoins du début du christianisme dans la Corne d’Afrique.

Une forte affluence lors de l’inauguration.
En outre, l’exposition met en évidence les efforts des missions italiennes visant à valoriser le patrimoine et les sites archéologiques, en Egypte. Sur ce sujet, un panneau représente le théâtre des derviches tourneurs, situé dans le quartier Helmiya Al-Guédida, au Caire, qui est une école de restauration créée en 1976 par le professeur Giusseppi Fanfoni, en collaboration avec la faculté des antiquités de l’Université du Caire. Ce centre a restauré plusieurs bâtiments comme le Théâtre des derviches, l’école Sunqor Al-Saadi, Mevlev de Tekya, et le mausolée de Sunqor Al-Saadi. Le palais Qosun Yazbek sera le futur bâtiment à restaurer. Ce centre, installé dans le Théâtre des derviches, a formé beaucoup de restaurateurs venant des quatre coins de l’Egypte.
Les panneaux exposés ont mis en exergue les diverses contributions des missions archéologiques italiennes pour conserver, préserver et valoriser les sites archéologiques.
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