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Des sarcophages et des momies

Nasma Réda, Mardi, 27 novembre 2018

Des sarcophages et des momies
Le sarcophage de Pouya ouvert au public. (Photo : Ministère des Antiquités)

La scène spectaculaire se déroule dans la nécropole d’Al-Assassif, à Louqsor. Devant les caméras des médias internationaux, deux sarco­phages en bois, intacts, sont ouverts par le ministre des Antiquités, Khaled El-Enany, et Frédéric Colin, chef de la mission archéologique de l’Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO). A l’intérieur, deux momies, en très bon état de conservation.

Les deux sarcophages, ainsi qu’une stèle, datant de la XVIIIe dynastie (Nouvel Empire), ont été découverts, il y a quelques jours, par la mission de l’IFAO, dans la cour extérieure de la tombe TT33 de Padiamenope. Celui-ci était le chef des prêtres durant le règne de Psammatique Ier (664-610 av. J.-C. - XXVIe dynastie).

« Mon travail, débuté il y a un mois et demi, consiste à faire un diagnostic du sol, pour voir l’état du terrain et étudier, d’après ses couches, l’histoire du site », a expliqué Frédéric Colin, professeur d’égyptologie à l’Université de Strasbourg. Cette tombe est consi­dérée comme la plus grande sépul­ture d’Egypte, avec ses 22 chambres reliées par de longs corridors. « La zone que j’étudie, longue de 80 m, était encore inconnue. Notre mis­sion a été chanceuse de trouver ces pièces magnifiques antiques lors de sa première saison de fouilles », a déclaré le chef de la mission.

C’est en enlevant un tas de rem­blais de sable, recouvrant les murs de cette enceinte, que les égyptolo­gues ont découvert la magnifique stèle en calcaire, de 1 m de long et 65 cm de large, dont les inscrip­tions et les scènes d’offrandes figu­rent clairement. Trois textes y sont écrits, dans lesquels apparaît le nom d’Inéni, architecte du roi, et maire de Thèbes sous le règne de Thoutmosis Ier.

La momie du premier sarcophage est probablement celle d’un homme, mais le nom n’est plus lisible. Le deuxième sarcophage en bois et plâtre, peint en blanc, mesure 1,70 m de long. Il était celui d’une femme qui porte le nom de Pouya ou Pouyau. « Ce qui est sur­prenant ici, c’est le bon état de conservation de ces momies et de ces sarcophages. Ils sont encore plus anciens que la partie souter­raine de la tombe », selon Frédéric Colin. Cela pourrait signifier que ces deux sarcophages ont été dépla­cés de leur cimetière d’origine, pour être réenterrés près des murs entourant la tombe. Et les momies qu’elles renfermaient auraient été recouvertes de nouvelles bandes de lin, afin de les conserver plus long­temps.

D’après l’égyptologue de la mis­sion française, ceci est la preuve du respect des Anciens Egyptiens pour leurs ancêtres. Il est à noter que depuis la découverte de ce site au XIXe siècle, les fouilles, qui s’y menaient, mettaient au jour des pièces remontant à des époques plus anciennes que celle du site lui-même, ce qui constituait un véri­table mystère pour les égyptolo­gues de cette époque.

« Nous accordons aujourd’hui plus d’intérêt à l’étude stratigra­phique de ce site, afin de nous per­mettre de reconstituer progressive­ment son histoire », ajoute l’égyp­tologue.

Le but de la mission de l’IFAO, opérant à Al-Assassif, n’est pas seulement de déterrer des trésors pour les exposer dans des musées. L’institut est d’abord chargé de pro­téger les antiquités égyptiennes et de les documenter pour pouvoir laisser aux générations futures une histoire dont ils seront certainement fiers. « Les études et les fouilles continueront dans les prochaines saisons pour en savoir plus sur l’histoire de ces deux momies, mais aussi sur l’ensemble du site », a conclu Moustapha Waziri, secrétaire général du Conseil suprême des antiquités.

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