La salle 50 au rez-de-chaussée du Musée égyptien du Caire, à la place Tahrir, accueille, depuis le 1er avril et jusqu’au 31 mai, une exposition exceptionnelle en son genre et dont le titre est « L’Egypte captée sur verre: Trésors photographiques des archives du ministère des Antiquités ». Cette exposition, inaugurée par Khaled Al-Anani, ministre des Antiquités, comprend 21 négatifs sur verre et 6 panneaux retraçant, à travers des photos, l’historique de quelques sites archéologiques égyptiens. Ces photos ont été prises par des photographes éminents des XIXe et XXe siècles.
En fait, les 21 négatifs sur verre de l’exposition représentent un exemple de la première phase d’un grand projet égypto-anglais qui vise à documenter et conserver tous les négatifs et photos que possède le ministère des Antiquités. Ce projet s’inscrit dans le cadre d’une coopération entre le ministère des Antiquités et le British Museum. La première phase du projet a commencé en mars 2017. Elle vise à examiner, restaurer et documenter, pendant un an, plus de 20000 négatifs sur verre pour les transformer en images numériques. « Cette phase, financée par la compagnie anglaise Arcadia Group sous le partenariat du British Museum, sera suivie d’autres, afin de terminer la documentation de plus de 60000 négatifs de différentes tailles conservés au Centre de documentation des antiquités égyptiennes et au Musée égyptien, place Tahrir, et de plus de 100000 anciennes photos», a déclaré le ministre des Antiquités, lors de la cérémonie d’ouverture de l’exposition, accompagné de Hartwig Ficher, directeur du British Museum. « Cette exposition montre les plus importants négatifs documentés jusqu’à avril 2018 dans le cadre du projet, et met également la lumière sur les moyens utilisés pour préserver les négatifs sur verre et les photos, tout en présentant au visiteur une collection de vieux appareils photos », souligne Hicham Al-Leithy, directeur général du Centre d’enregistrement et de documentation des antiquités.
Fascination étrangère pour l’Egypte

En fait, le ministère des Antiquités possède une quantité énorme de photos et de négatifs qui retracent l’historique des fouilles des missions étrangères depuis le XIXe siècle. Cela a commencé avec l’arrivée de photographes étrangers. Fascinés par la culture de l’Orient, ils se sont rendus en Egypte pour documenter la richesse du pays. « Les premières photos de sites égyptiens ont été prises le 7 novembre 1839. Il s’agit des photos du palais de Ras Al-Tine à Alexandrie, dont la première partie fut construite en 1811 par le wali Mohamad Ali », dit Al-Leithy. Puis les photographes se sont rendus dans les quatre coins du pays, afin de capturer les sites archéologiques ainsi que la vie quotidienne des gens, et effectuer des portraits des Egyptiens. La plupart de ces photographes tels que l’Italiano-britannique, Antonio Beato (1860-1906) et l’Américain Gabriel Lekegian (1870-1890) ont choisi de rester en Egypte— au Caire, à Alexandrie, à Port-Saïd ou à Louqsor— et d’ouvrir des studios, profitant de l’augmentation du nombre de touristes.
Avec la fondation du Service des antiquités égyptiennes en 1858, présidé par Auguste Mariette, et jusqu’aux années 1980, les découvertes des missions étrangères ont augmenté, ce qui a exigé la documentation de leurs trouvailles. « C’est en 1872 qu’Auguste Mariette a ordonné à Hippolyte Délié et Emile Béchard de prendre des photos et de créer un album, de 40 planches, du musée de Boulaq, qui était le premier véritable musée public d’égyptologie », raconte Al-Leithy, ajoutant que les directeurs des autres missions ont ensuite commencé eux-mêmes à prendre des photos de leurs sites et de leurs découvertes pour les documenter, à l’image de l’Anglais Flinders Petrie et de l’Américain George Reisner. « Les histoires de ces fouilles sont racontées à l’exposition pour les amateurs et les professionnels de photographie et des antiquités », indique Sabah Abdel-Razeq, directrice du Musée égyptien. « Ce projet ainsi que cette exposition nous informent aussi sur les noms des célèbres photographes étrangers fascinés par les antiquités égyptiennes», conclut Al-Leithy.
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