
Le sarcophage de l'artisan Sennedjem en bois stuqué, vernis et peint en bon état de conservation.
Pour célébrer 100 ans de fouille française à Deir Al-Médina à Louqsor, le Musée égyptien du Caire organise, jusqu’au 5 février, au rez-de-chaussée dans la salle 44, une exposition consacrée aux objets trouvés sur ce site et conservés dans les entrepôts du musée. « Il s’agit de présenter aux chercheurs comme au grand public des pièces découvertes durant les fouilles effectuées dans les tombes des artisans qui ont construit les sépultures thébaines des pharaons du Nouvel Empire », explique Khaled Al-Anani, ministre des Antiquités, lors de la cérémonie d’ouverture. L’Institut Français d’Archéologie Orientale (IFAO) effectue des fouilles à Deir Al-Médina depuis 1917. L’exposition rassemble 52 objets issus des fouilles, dont la plupart sont exposés pour la première fois. « Cette collection comprend 11 manuscrits appartenant à d’anciens chercheurs et égyptologues. Ils ont commencé à les écrire pendant ce siècle, mais sans pouvoir les terminer », explique Sabah Abdel-Razeq, directeur du musée. Et d’ajouter que d’autres documents provenant des archives de l’IFAO sont aussi exposés. Outre les pièces exposées, deux films documentaires sont projetés dans la salle, le premier retrace les fouilles menées par Bernard Bruyère et qui ont commencé en 1920 et ont duré 30 ans, alors que le second est un documentaire en 3D qui montre les trois tombes récemment ouvertes au public à Deir Al-Médina, à savoir celles de Sennedjem (TT1), de Pached (TT3) et d’Inherkhâouy (TT359).
Trois sections

Fragment d'une stèle portant des cartouches trouvée sur le site.
L’exposition comprend trois sections. La première aborde les aspects de la vie quotidienne des artisans. Cela inclut leurs loisirs, leurs pratiques littéraires et artisanales et leurs relations avec le pouvoir. « Le quotidien des artisans et de leurs familles nous est devenu familier grâce à la découverte de leur village, qui a été fouillé par l’archéologue français Bernard Bruyère en 1920 », affirme l’organisateur de l’exposition, Hanan Gaber, qui est restée un an à préparer cet événement. Parmi les objets exposés les plus importants figure une statue de l’artisan Sennedjem, des instruments musicaux, des rasoirs et des peignes, ainsi que des stèles et des ostraca en calcaire peint. « Pendant leur temps libre, les artisans tiraient librement sur les ostraca. Certains de ces dessins sont satiriques, c’est le cas de cet ostraca représentant un chat assumant le rôle surprenant d’un gardien d’oie, ou un autre montrant un singe imitant l’attitude d’un scribe », souligne Gaber. D’après elle, ces ostracas, retrouvés en quantité énorme sur le site, conservent de nombreuses traces d’enterrement. La deuxième section de l’exposition porte sur les pratiques religieuses et funéraires des artisans. Celles-ci sont connues à travers les peintures et le riche mobilier funéraire découvert à l’intérieur des tombes des artisans Kha et Sennedjem, et dans certaines sépultures du cimetière oriental de Deir Al-Médina. « Bruyère a découvert plusieurs cercueils, dont le plus beau est celui d’une femme appelée Noub. Des objets tels la planche d’une momie, le cercueil de Sennedjem et les linteaux des pharaons Amenhotep Ier et IIe, ainsi que d’autres sarcophages bien décorés et coloriés », explique Elham Salah, chef du secteur des musées au ministère des Antiquités.
Pour sa part, Laurent Bavay, directeur de l’IFAO, considère que le tronc d’arbre décoré avec une inscription de l’artisan Sennedjem, exposé pour la première fois, est une pièce unique. « Cette pièce que Bruyère a découverte en 1920 et qui n’a jamais été montrée est vraiment exceptionnelle », assure-t-il. Quant à la dernière section de l’exposition, elle illustre les travaux de fouille et de recherche sur le site montrant l’évolution des fouilles pendant 100 ans, le travail actuel de préservation et quelques exemples de travaux en cours. Selon Bavay, cette exposition est une occasion pour montrer au public le village de Deir Al-Médina qui a été entièrement fouillé, et la communauté très particulière qui y vivait, puisqu’il s’agit des artisans, chargés de construire, de creuser et de décorer les tombes de la vallée des rois et des reines. « Ce sont des artistes très spécialisés qui avaient beaucoup d’importance, car ils accomplissaient une tâche très importante, à savoir la décoration des tombes des pharaons », conclut-il.
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