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Retour sur les principales révélations de cette année remarquable

Nasma Réda et Doaa Elhami, Mardi, 02 janvier 2018

Une trentaine de découvertes ont été faites et deux grands musées ont été inaugurés au cours de l'année écoulée. Bilan.

Retour sur les principales révélations de cette année remarquable

Héliopolis, le roi soleil fait parler de lui

Retour sur les principales révélations de cette année remarquable
Scène de Psammétique Ier gravée sur du granite noire dégagée de Matariya.

Malgré le grand débat qu’elle a engendré lors de sa découverte, la statue de Psammétique Ier (664-610 av. J.-C.), déterrée dans le quartier de Matariya au nord-est du Caire, demeure la découverte maîtresse de l’année 2017. C’est la mission égypto-allemande, opérant sur le site de Souq Al-Khamis (le marché du jeudi) depuis 2012, qui a sorti du sol, submergée par la boue, en mars der­nier, la partie supérieure d’une statue colossale. Cette pièce découverte représente la couronne royale ainsi que l’oreille, l’oeil droit et une partie d’un visage. Les archéologues ont d’abord suggéré que ces fragments appartiennent à Ramsès II, puisqu’ils ont été découverts à proximité de son temple situé dans la ville antique de Oun, soit l’actuelle Héliopolis. Cette équipe d’archéologues a sorti une deuxième partie de la colossale statue après quelques jours. Cette gigan­tesque statue fait près de 8 m de hau­teur et pèse plus de 24 tonnes.

Depuis, la polémique s’est instal­lée. Suite à ce long débat qui a duré des semaines dans les médias, le ministère des Antiquités a préféré transférer ces pièces au Musée du Caire, afin de les exposer, de les res­taurer et de les étudier avant qu’elles ne soient transférées au Nouveau Grand Musée. Et c’était la surprise. Lors du soulèvement du buste, les archéologues ont lu sur le pilier dor­sal le nom de Nebty du pharaon Psammétique Ier (664-610 av. J.-C.) qui était le premier roi de la XXVIe dynastie, qui a débuté à la Basse époque. Si cette identification est retenue, la statue serait la plus grande retrouvée de ce souverain. Quelques mois plus tard, une nouvelle cam­pagne de fouille a mis au jour 1920 fragments (de 10 cm à 1,50 m) de la statue, surtout de sa partie inférieure et du pilier dorsal, confirmant ainsi que le monument appartenait bien à Psammétique Ier. Autre la statue colossale de 9 m de haut, le site de Oun a révélé d’autres trésors dont un buste de 80 cm d’une autre statue appartenant au roi Séthi Ier (1274 à 1279 av. J.-C.), sculptée avec finesse dans un roche de calcaire. A noter que la cité d’Héliopolis, dont le nom grec était Oun (la maison du soleil) était la capitale religieuse du pays pendant l’Ancien Empire.

Draa Aboul-Naga, un site florissant

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Momies trouvées dans la tombe d’Amnemhat, l’orfèvre d’Amon à Draa Aboul-Naga.

La Haute-Egypte a eu comme d’ha­bitude la part du lion des découvertes de l’année. Draa Aboul-Naga, situé sur la rive ouest de Louqsor (Thèbes), est parmi les sites les plus florissants en matière de découvertes archéolo­giques en 2017. Cette nécropole qui remonte à la XVIIe dynastie a révélé 4 tombes et un jardin funéraire. Deux découvertes remontent au Moyen Empire. C’est-à-dire avant la nécro­pole elle-même. La première trou­vaille a été mise au jour dans l’une des tombes rocheuses. Il s’agit d’un jardin funéraire dévoilé par une mis­sion espagnole. Une découverte exceptionnelle à Thèbes, puisque c’était la première fois qu’on trouve un jardin datant du Moyen Empire. D’une superficie de 6 m2, ce jardin montre l’environnement de l’époque. Le jardin est divisé en carrés pour la culture des plantes et des fleurs variées.

La deuxième trouvaille du Moyen Empire est la tombe d’Amnemhat, l’orfèvre d’Amon. Datant de la XIIIe dynastie, cette tombe est importante, étant donné la valeur des trouvailles. Un nombre considérable de poteries, d’ouchebti, de figurines funéraires, de momies et de cercueils de diffé­rentes époques y ont été découverts jusqu’à aujourd’hui. Le travail a commencé en avril dernier après la découverte de la tombe d’Userhat sur le même site. Les archéologues ont suivi les traces qui se trouvaient derrière la porte portant le numéro TT390.

Toujours à Draa Aboul-Naga, deux autres tombes ont été découvertes qui remontent au Nouvel Empire, soit à la fin de la XVIIe dynastie et à la XVIIIe dynastie. Elles portent les noms de « Kampp 150 » et « Kampp 161 » en référence à l’égyptologue allemande, Frédérica Kampp, qui a découvert les portes de ces tombes en 1990 mais sans franchir leur seuil. Les propriétaires des deux tombes sont encore inconnus. Mais d’après les scènes, les égyptologues ont daté la Ire tombe à la fin de XVIIe dynastie et au début de la XVIIIe dynastie. Le plafond de la salle rec­tangulaire de la tombe est gravé du cartouche de Thoumosis Ier. Quant à la deuxième tombe, Kampp 161, elle a été creusée sous les règnes des rois Amenhotep II et Thoutmosis IV.

Tiye, Sekhmet se révèlent à Kom Al-Hitane

A Louqsor aussi, mais cette fois-ci dans la région de Kom Al-Hitane, la mission archéologique égypto-euro­péenne, dirigée par Hourig Sourouzian opérant sur le site du temple d’Amenhotep III a découvert une statue magnifiquement sculptée de la reine d’Egypte de la XVIIIe dynastie du Nouvel Empire, la reine Tiye. Cette belle statue magnifique­ment sculptée en albâtre a, en effet, été déterrée à côté de la jambe droite d’une statue colossale du roi Amenhotep III, le IXe roi de la XVIIIe dynastie. Celle-ci, considé­rée comme la plus distinguée, repré­sente probablement la reine Tiye, la femme d’Amenhotep III. C’est la première fois qu’une statue en albâtre soit trouvée à l’intérieur de ce temple. Toutes les découvertes précédentes étaient sculptées en quartzite. Cette découverte a été faite accidentellement en nettoyant et en réparant la partie inférieure de la statue colossale d’Amenhotep III. La statue était en très bon état de conservation et conserve toujours ses belles couleurs d’antan. Des tra­vaux de consolidation et de restaura­tion doivent être effectués sur la statue avant qu’elle ne puisse être exposée en plein air au temple de Memnon.

L’année 2017 a été très riche pour la mission archéologique égypto-européenne de Kom Al-Hitane, puisque quelques jours après cette découverte, les archéologues ont également sorti du sol 66 statues de la déesse Sekhmet en bon état, ainsi que d’autres fragments. Ces statues sont exceptionnelles et d’une grande qualité artistique, scientifique et archéologique. Elles montrent que ce roi du Nouvel Empire a cherché la bienveillance et la protection. La présence de ce grand nombre de sta­tues servait aussi à repousser les ennemis. Ce qui explique la raison pour laquelle presque à chaque sai­son de travail, de nombreuses statues de la déesse sont découvertes sur le même site.

Vers la fin de l’année, 27 nouvelles statues de la déesse Sekhmet sculp­tées en granite noir ont été mises au jour. Au total 287 statues ont été découvertes depuis le début des fouilles en 1998.

Assouan et ses 10 nouvelles tombes

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Masque trouvé auprès de la tombe d’Agha-Khan à Assouan.

Assouan a été le théâtre de plu­sieurs découvertes importantes. Au mois de juin, une mission archéolo­gique égyptienne dépendant du ministère des Antiquités a mis au jour dix tombes remontant à la période tardive près du mausolée d’Agha Khan sur la rive ouest d’As­souan au cours de leurs travaux de fouille. Ces tombes, selon les res­ponsables de la mission, pourraient être une extension de la nécropole des gouverneurs de la région sur la colline de Qobbet Al-Hawa, située à l’ouest d’Assouan, qui abrite des tombes appartenant aux plus impor­tants gouverneurs de la ville d’As­souan durant l’Ancien, le Moyen ou le Nouvel Empire.

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Masque de cartonnage trouvé à Assouan dans la tombe de Kampp 150.

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En fait, les tombes découvertes ont une conception architecturale iden­tique. Creusées dans le rocher, elles commencent par des escaliers raids aboutissant à une entrée qui donne immédiatement sur une petite chambre funéraire dans laquelle se trouvent sarcophages, momies et ustensiles divers. Au cours des pro­chaines saisons de fouille, la mission étudiera ce qui a été découvert à l’intérieur des tombeaux et accom­plira les travaux de conservation nécessaires.

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Djebal Al-Selsela révèle ses secrets

Toujours à Assouan, mais cette fois-ci dans la région de Djebal Al-Selsela, une série de découvertes ont eu lieu, fruit de la coopération entre plusieurs missions étrangères et le ministère des Antiquités. Une mission suédoise a dégagé 12 tombes du Nouvel Empire, surtout remon­tant aux rois Thoutmosis III et Amenhotep II. Y ont été trouvés des restes humains et des dépouilles d’animaux. Il y avait aussi des restes de sarcophages en bois et de carton­nages. D’après les analyses prélimi­naires des os, les défunts étaient en bonne santé. Cette mission a mis au jour encore 4 tombes intactes consa­crées aux enfants. La mission autri­chienne a dévoilé à Kom Ombo un cimetière qui remonte à la première période intermédiaire. Quant à la mission suisse opérant à Assouan, elle a délivré une statue incomplète qui remonte à l’époque gréco-romaine.

Minya dévoile de nouveaux trésors

En Moyenne-Egypte, et plus préci­sément au gouvernorat de Minya, 17 momies couvertes de lin remontant à la fin de l’époque pharaonique tar­dive (712-332 av. J.-C.) ont été découvertes dans des catacombes dans la région de Touna Al-Gabal. Cette nécropole est incomparable, car elle représente le premier cime­tière humain du genre trouvé près de la ville de Mallawi à Minya en Moyenne-Egypte, depuis les années 1950. Outre ces momies, la mission archéologique égyptienne a mis au jour, en mai dernier, des catacombes, des sarcophages et des squelettes. Les archéologues ont exhumé, lors des excavations, des amphores et des récipients en argile qu’ils ont expo­sés devant la nécropole. Ils ont éga­lement découvert deux papyri mon­trant probablement l’état religieux et social dans la région. Ils sont écrits en démotique, une forme d’écriture hiéroglyphique simplifiée, utilisée au cours des dernières dynasties pha­raoniques jusqu’au début de l’époque romaine. Selon les archéologues, ces momies appartiennent à de hautes personnalités.

Elles pourraient appartenir à de grands prêtres de la région qui ser­vaient en faveur de dieu Djehouty (Thot, en romain) et pourraient éga­lement remonter à l’ère ptolémaïque, ce que les études vont prouver dans les jours qui viennent. Cette décou­verte est intervenue suite à une déci­sion de scanner la région avec un radar GPR qui a révélé la présence d’espaces vides dans la région est des catacombes.

Un temple de Ramsès II à Abou-Sir

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Cartouche de Ramsès II trouvé à Abou-Sir.

Près de Guiza, à Abou-sir, dans la région de Badrachine, la mission égypto-tchèque a réussi à découvrir les vestiges d’un temple de Ramsès II remontant au Nouvel Empire. Depuis la première saison de la mission sur le site, en 2012, cette dernière a mis au jour certains témoignages archéolo­giques qui indiquent la présence d’un temple complet à Abou-Sir. Raison pour laquelle la mission a continué ses fouilles pendant trois autres saisons 2013, 2014, et 2015.

La partie découverte du temple a une dimension de 32 m x 51 m. Il s’agit de fondations en brique crue de l’un des pylônes du temple et une cour ouverte externe qui donne sur la salle hypostyle en pierre. Certains murs de la salle hypostyle sont bleus. Au fond de la salle, on a dégagé quelques marches d’escaliers ou une pente qui mène vers une chapelle divisée en trois pièces parallèles cou­vertes de scènes colorées qui ont permis de dater le temple.

Le temple comprend une gravure qui représente les noms du roi Ramsès II. Il y a une autre gravure décorée de scènes étroitement liées aux divinités solaires comme Amon, Râ et Nekhbet. Ces scènes reflètent le pouvoir royal et sa sainteté, puisque le roi est le fils de la divinité Horus sur terre. Ce temple est le seul témoin des activités de Ramsès II dans la nécropole de Memphis. Le temple indique encore qu’on a continué à adorer le dieu solaire Râ à Abou-Sir, lieu de naissance de cette divinité durant la Ve dynastie et jusqu’au Nouvel Empire. Ce qui a incité Ramsès II à y bâtir un temple consi­dérable dédié à cette divinité.

Les deux citadelles de Tell Al-Maskhouta

Au nord de l’Egypte, la mission italienne du Conseil National des recherches italiennes, en coopération avec le ministère égyptien des Antiquités, a dévoilé les vestiges de deux citadelles à Tell Al-Maskhouta, précisément à Wadi Al-Tomaïlate situé à 15 km de l'ouest de la ville d’Ismaïliya au nord de l’Egypte. La première citadelle est considérée comme l’une des plus vastes jamais découvertes. Sa muraille nord est for­mée de deux murailles collées l’une à l’autre. L’épaisseur de la première est de 12 m, tandis que la seconde est d’une épaisseur de 10 m et d’une hau­teur de 7 m. La muraille de la pre­mière citadelle est d’une épaisseur de 7 m et d’une hauteur de 4 m.

La deuxième citadelle a été bâtie sur les vestiges de l’époque des Hyksos. La construction de ce fort, de 8 x 7 x 5 m de dimensions, remonte à la XXIVe dynastie. Les murailles découvertes sont en briques crues. Cette trouvaille enrichit l’histoire de l’architecture militaire égyptienne, surtout que le site donne sur les fron­tières est de l’Egypte. Les fouilles continueront dans ce site riche en vestiges militaires remontant aux plus anciennes époques. Les murailles seront restaurées.

Les trésors sous-marins d’Alexandrie

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Statuette d’Osiris repêchée du port est à Alexandrie.

Des débris de trois navires, datant de l’époque romaine, ont été décou­verts lors des fouilles de la mission égyptienne avec l’Institut européen des antiquités maritimes, au port est d’Alexandrie. En plus, la mission a ressorti des eaux une tête royale de cristal de la même époque. Cette tête pourrait appartenir aux armées d’An­toine. La mission a également dégagé du golfe d’Abou-Qir trois pièces de monnaies en or remontant à l’empe­reur Octave Auguste, ainsi qu’un bateau de voeux en plomb dédié à la divinité Osiris de la cité Héraclès.

Ces trouvailles indiquent que le port cache encore plusieurs monuments à découvrir, surtout qu’on croyait que le site ne comprenait que le navire découvert en 1998. La mission a repê­ché de grandes planches de bois, ainsi que des poteries qui faisaient proba­blement partie de la cargaison des navires.

Les ordonnances d’Hippocrate découvertes à Sainte-Catherine

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Manuscrit d'ordonnances d'Hypocrate découvert au monastère de Sainte-Catherine.

Dans le Sinaï, un manuscrit inesti­mable a été découvert. Au cours du projet d’énumération et de photogra­phie minutieuse des manuscrits de la bibliothèque du monastère de Sainte-Catherine, situé au pied du Mont Moïse dans la péninsule du Sinaï, les scientifiques ont découvert un manus­crit (palimpseste) remontant aux Ve et VIe siècles, écrit sur du vélin. Le palimpseste consistait à réécrire de nouveaux textes d’autres plus anciens, et cela est dû à la rareté du vélin qui était utilisé, surtout au Moyen Age, à cause de sa blancheur et sa finesse. La mission a découvert sur l’une des pages du manuscrit le nom « NF arab 8 » et trois textes écrits l’un sur l’autre, dont le plus ancien remonte au Ve siècle. Il s’agit de plusieurs ordon­nances médicales écrites par le célèbre médecin grec Hippocrate. Sur cette page, deux autres textes toujours médicaux et aussi en grec ont été rédigés par des savants anonymes.

Une autre page découverte, remon­tant au IXe siècle, renfermait un texte en arabe du célèbre médecin grec Claude Galien, rédigé sur des mes­sages religieux de saint Paul de Tarse, qui datent du Ve siècle. Lors de ces travaux, une ancienne copie de la Bible en syriaque et des légendes écrites en grec concernant de célèbres personnalités ont été découvertes. Le monastère de Sainte-Catherine, ins­crit en 2002 sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco, abrite de nom­breux manuscrits de palimpsestes et une collection de manuscrits du Sinaï. Cette collection, qui est la plus ancienne et la plus importante après celle du Vatican, compte 3 300 manuscrits, dont les deux tiers sont en grec. Le reste est principalement en arabe, en syriaque, en géorgien et en slave.

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