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Fayoum révèle encore des secrets

Dalia Farouq, Mardi, 28 novembre 2017

Deux découvertes archéologiques de taille ont récemment été faites au Fayoum : une momie de l'époque gréco-romaine à Deir Al-Banate et le premier gymnase hellénistique jamais mis au jour en Egypte à Watfa. Focus.

Fayoum révèle encore des secrets
Sarcophage en bois coloré renfermant sa momie.

La mission russe de l’Institut d’orienta­lisme de l’Académie des sciences de Russie, qui travaille sur le site du monastère copte d’Al-Banate dans l’oasis du Fayoum, à l’ouest du Nil, vient de mettre au jour une momie datant de la période gréco-romaine. Elle était contenue dans un sar­cophage en bois.

« La momie est bien conservée et son drap mortuaire en lin n’a pas été endommagé. Sa tête est recouverte d’un masque en cartonnage. Couverte de motifs bleus et dorés, la poitrine porte aussi une représentation du dieu Khépri, dieu du ciel dans l’Egypte Ancienne. Quant au dos de la momie, il est orné d’une image de la déesse Isis et ses pieds portent le dessin d’une pantoufle blanche », a déclaré Mustafa Waziri, secrétaire général du Conseil suprême des anti­quités.

Le sarcophage est, quant à lui, dans un mau­vais état de conservation. « Le couvercle était cassé et la base avait plusieurs fissures. La mis­sion russe a commencé la restauration du sarco­phage et l’étude de la momie avant de les trans­porter au dépôt », explique Mohamed Abdel-Latif, président du secteur des monuments isla­miques au ministère des Antiquités. Il ajoute que Deir Al-Banate renferme encore beaucoup de secrets. Le site se compose de deux parties. La première renferme le reste d’une église et d’un monastère. Quant à la seconde partie, elle ren­ferme une nécropole qui regroupe plusieurs époques historiques, y compris l’époque gréco-romaine et l’époque copte.

Abdel-Latif indique que ce n’est pas la pre­mière fois que la mission russe met au jour une momie sur ce site, surtout qu’elle y travaille depuis plus de dix ans. En effet, la mission a déjà découvert un tombeau avec quatre sarco­phages renfermant des momies bien conservées et appartenant à la même famille. Trois des sar­cophages étaient en bois, tandis que le qua­trième, celui d’un enfant, était en papyrus. « La mission russe va poursuivre ses fouilles sur le site, afin de découvrir les autres secrets de Deir Al-Banate », explique Abdel-Latif.

Gymnase hellénistique

Toujours au Fayoum, mais cette fois-ci au nord-ouest du gouvernorat, la mission archéo­logique de l’Institut allemand d’archéologie (DAI) a déterré le premier gymnase hellénis­tique jamais trouvé en Egypte, situé dans la ville de Watfa. Datant de près de 2 300 ans, il a été utilisé pendant la période ptolémaïque, non seulement pour le sport, mais aussi pour l’enseignement de la lecture, de la langue grecque et de la philosophie aux jeunes, à côté des sports. « Le gymnase comprenait une grande salle de réunion ornée de statues, une salle à manger et une cour dans le bâtiment principal. Il y a aussi une piste longue de près de 200 mètres », explique Ayman Ashmawi, chef du secteur des antiquités égyptiennes au ministère des Antiquités. Il ajoute que le site de Watfa se trouve à l’emplacement de l’ancien village de Philotéris, fondé par le roi Ptolémée II au IIIe siècle avant notre ère et baptisé du nom de sa deuxième soeur, Philotera. « De vastes jardins entouraient le bâtiment », ajoute Ashmawi.

Pour sa part, Cornelia Römer, directrice de la mission allemande, qui mène des études et des fouilles à Watfa depuis 2010, indique que les gymnases ont été fondés par de riches citoyens qui voulaient que leurs villages deviennent plus grecs. « Toutes les grandes villes du monde hellénistique, comme Athènes en Grèce, Pergame et Milet en Asie mineure et Pompéi en Italie, avaient de tels gymnases. Les jeunes gens de la classe supérieure parlant grec y faisaient du sport, y apprenaient à lire et à écrire et y menaient des discussions philo­sophiques », explique Römer. Et d’ajouter : « Les gymnases de la campagne égyptienne ont été construits sur le modèle de ces gym­nases. Bien que beaucoup plus petit, celui de Watfa montre clairement l’impact de la vie grecque en Egypte, non seulement à Alexandrie, mais aussi à la campagne ». La directrice sou­ligne qu’Alexandre le Grand avait fait de l’Egypte une partie du monde hellénistique et que des milliers de colons parlant le grec avaient afflué vers le pays par le Nil, attirés par le nouvel empire ptolémaïque, qui promettait la prospérité et la paix.

Vie grecque en Egypte

Dans le Delta et au Fayoum en particulier, de nouveaux villages ont ainsi été fondés, dans lesquels la population autochtone vivait avec les nouveaux venus. Ces villages étaient équi­pés non seulement de temples égyptiens, mais aussi de sanctuaires grecs. Il y avait en outre des bains publics, une institution très populaire dans le monde grec. Les bains sont bientôt devenus des points de rencontre pour les habi­tants égyptiens et grecs. Le gymnase en tant que lieu de culture et de style de vie grec faisait lui aussi partie de la culture hellénistique de cette époque. « Plusieurs inscriptions et papy­rus trouvés en Egypte parlent de l’existence de gymnases dans la campagne lors de la période ptolémaïque en Egypte. Ils indiquent que ce sont de riches habitants et de hauts fonction­naires qui en ont construit une grande partie », conclut Römer.

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