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Rue Al-Moez resplendit à nouveau

Nasma Réda, Lundi, 24 juillet 2017

Au terme de travaux de restauration, trois monuments islamiques, de différentes époques, ont été inaugurés rue Al-Moez dans Le Caire historique. Focus.

Rue Al-Moez resplendit à nouveau

Dans le cadre de la campagne de sauvegarde de 100 sites au Caire historique, lancée en 2015, le ministère des Antiquités a inau­guré cette semaine trois sites islamiques de différentes époques situés entre la rue de Beit Al-Qadi et celle d’Al-Moezz dans Le Caire historique.

Il s’agit de la résidence de Mohebeddine Aboul-Tayeb, le sabil de Khesrou pacha et le dôme d’Al-Saleh Negmeddine Ayyoub. Ces sites font partie de la première phase de res­tauration qui réunit quatre autres établisse­ments, à savoir Maqaad Mammay Al-Seifi, Al-Madrassa Al-Saléhiya, Khanqet Saïd Al-Saadaa et le complexe d’Aboul-Dahab. « La restauration de ces monuments a lieu dans le cadre d’un grand projet qui vise à préserver et à protéger l’héritage islamique du Caire », souligne Khaled Al-Anani, ministre des Antiquités.

« Le coût total de cette phase a atteint envi­ron 9 millions de L.E. », déclare Ahmad Abdel-Aziz, assistant du ministre et directeur du Caire historique. La rue Al-Moez s’étend de Bab Al-Fotouh à Bab Zoweila, deux portes situées dans l’enceinte du Caire historique, connu comme étant le coeur emblématique de la capitale égyptienne.

Ce quartier historique comprend des monu­ments de différents styles architecturaux, dont les façades sont décorées de fins mouchara­biehs et de mosaïques. Cette rue est bordée de plusieurs sabils-kottab (fontaines et écoles coraniques), de mosquées et de wékalas (éta­blissements commerçants).

La résidence de Mohebeddine Al-Tayeb

La résidence de Mohebeddine Al-Tayeb

Le cheikh Mohebeddine Al-Tayeb, qui a vécu sous le règne du sultan Al-Nassir Hussein Ibn Qalaoun, a établi son palais en 1350 dans la rue Beit Al-Qadi (maison du juge), perpendiculaire à la rue Al-Moez. Cet édifice est devenu le siège de plusieurs chefs et émirs au cours des siècles sui­vants, comme l’émir Osmane Kadkhoda, vice-gouverneur d’Egypte au XVIIIe siècle.

Pendant les années 1940, au cours des travaux de réhabilitation de la rue Beit Al-Qadi, ce palais a été sévèrement endommagé et partiellement détruit. Seule une grande salle et quelques chambres sur trois étages ont été épargnées. « La salle principale au rez-de-chaussée reflète l’opulence architectu­rale de l’ère mamelouke (1250-1517). Celle-ci était à l’origine l’espace d’accueil du palais », explique Chérif Fawzi, coordinateur archéologique de la rue Al-Moez au ministère. Cette salle rectan­gulaire comprend en son centre une fontaine en marbre et son plafond de bois est décoré de motifs géométriques colorés. Au bout de ce premier espace, un petit passage mène à une salle de bains voûtée. « L’humidité avait gravement endommagé la structure de cette résidence. Les travaux de restauration ont permis de restaurer le marbre de la fontaine, les boiseries des plafonds et les fis­sures des murs. L’opération a également permis de révéler des versets coraniques cachés jusque-là par une quantité de poussière et de saletés », sou­ligne Abdel-Aziz. La salle principale a aujourd’hui retrouvé sa splendeur d’antan.

Le dôme d’Al-Saleh Najmeddine Ayyoub

Le dôme d’Al-Saleh Najmeddine Ayyoub

Pas loin du sabil-kottab de Khesrou pacha et de l’école Al-Saléhiya se trouve le dôme du sultan Najmeddine Ayyoub. Il a été fondé en 1250 par Chagaret Al-Dorr, l’épouse du sultan. « Après la mort du sultan à Mansoura en Basse-Egypte, Chagarat Al-Dorr l’a fait transporter au Caire pour l’y enterrer », explique Abdel-Aziz. « C’est au centre de cette salle et sous le dôme que se trouve le tombeau de Najmeddine », ajoute-t-il. Le sol est couvert de marbre tandis que des versets coraniques et le nom du sultan recouvrent le tombeau en bois. Le reste des inscriptions du pla­fond et de la porte d’entrée témoignent de l’incroyable dextérité dont faisaient preuve les artisans de l’époque. Au sud-est apparaît un mihrab décoré en forme de demi-cercle et jouxté de deux colonnes en marbre. La première partie du dôme est accompagnée de quatre fenêtres. Un grand lustre antique en cuivre est suspendu juste au-dessus du tombeau. D’autres michkahs (lampes) aident à éclairer la pièce. « Les travaux d’éclairage et la réparation du réseau électrique faisaient partie du projet de restauration de l’édifice », explique Fawzi, tout en signalant les risques qui ont menacé le tombeau après la baisse du niveau du sol. « Les restau­rateurs ont également pu réparer et consolider les murs fissurés », ajoute-t-il. Al-Salih fut le dernier sultan ayyoubide. Il était connu comme un souverain valeureux et révéré, poli, timide et à l’élocution parfaite.

Le sabil-kottab de Khesrou pacha

Le sabil-kottab de Khesrou pacha

Le sabil-kottab de Khesrou pacha est considéré comme l’une des plus anciennes fontaines publiques ottomanes du Caire qui servait autrefois à distribuer l’eau potable à la population. La fontaine se situe dans la rue Al-Moez devant le complexe de Qalaoun et couvrait une grande partie des besoins en eau de l’ancien Caire. C’est Khesrou pacha, le wali (gouverneur) d’Egypte entre 1535 et 1537, qui l’érigea. « Malgré sa construction pendant la période ottomane, son style est une extension du style local égyptien des fontaines publiques », indique Abdel-Aziz. Le sabil est composé d’une pièce rectangulaire à deux fenêtres qui servaient à distribuer l’eau. La première donne sur la rue Al-Moez du côté sud-ouest, alors que la deuxième donne sur le côté nord-est où se trouve l’iwan (salle d’éducation) au nord de l’école Al-Saléhiya. L’entrée du sabil est située dans un passage derrière l’école. « Le marbre coloré en forme de rectangles, carrés, cercles, losanges et triangles, qui borde la pièce d’eau, a été fortement endommagé par l’humidité et l’ab­sence d’entretien au cours des siècles », explique Fawzi, ajoutant que les travaux de restauration ont compris égale­ment le plafond en bois et les inscriptions murales. Au-dessus du sabil se trouve le kottab (l’école coranique) à laquelle on accède par un escalier en acier construit en 1909. Chacune des deux façades comporte deux voûtes maintenues sur un contrefort central. Un trésor de l’époque ottomane.

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