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La tombe du Christ rénovée

Dalia Farouq, Mardi, 11 avril 2017

Les célébrations de Pâques promettent d'être grandioses à la Basilique du Saint-Sépulcre de Bethléem, où les travaux de restauration de la tombe du Christ viennent d'être achevés.

La tombe du Christ rénovée

Après dix mois de travaux de restauration, la tombe du Christ, lieu de l’ensevelissement et de la résurrection de Jésus selon la tradition chrétienne, a retrouvé ses couleurs d’antan. En mai dernier, un groupe de 70 experts, ingénieurs, architectes et conservateurs grecs, dirigés par Antonia Mariopoulou, ingénieure de l’Ecole polytechnique d’Athènes et coordinatrice scientifique de l’ensemble du projet, soutenu par le groupe National Geographic, a ouvert la tombe du Christ, considérée comme le lieu le plus saint du christianisme, afin d’effectuer une restauration en profondeur du site. Une telle opération n’avait pas eu lieu depuis plus de deux siècles.

Un processus délicat

Le premier acte de cette restauration a été le déplacement de la plaque de marbre recouvrant la tombe du Christ. « La pierre tombale de la tombe n’avait pas été déplacée depuis l’an 1810, lorsque de précédents travaux de restauration avaient été entrepris suite à un grand incendie », indique le père Samuel Aghovan, supérieur de l’église arménienne. C’est émouvant, car c’est quelque chose dont nous parlons depuis des siècles », ajoute cet ecclésiastique.

Le tombeau est situé dans une petite structure connue sous le nom d’édicule, qui a été construite en 1809-1810 dans un style baroque ottoman, après un incendie qui avait endommagé toute la basilique. Cet édicule constitué d’une structure métallique maintient ensemble, depuis des dizaines d’années, les blocs de marbre du tombeau. Mais ceux-ci se désolidarisent. L’impact de plusieurs facteurs contemporains a accéléré la dégradation du monument. Parmi ces impacts on trouve en première position la grande fréquentation quotidienne des pèlerins et des touristes, dont le souffle augmente l’humidité ambiante et altère les mortiers. Viennent ensuite les cierges qui se consument à quelques centimètres de l’édicule provoquant de fortes contraintes thermiques sur le marbre, et qui déposent un épais dépôt noir et huileux sur la pierre. L’édicule dressé sous la coupole de l’église a donc été démonté et reconstruit à l’identique, a indiqué la Custodie de la Terre Sainte, ordre franciscain gardien des lieux saints catholiques. Seules les pièces trop fragiles ou cassées ont été remplacées, tandis que les plaques de marbre pouvant être conservées ont été restaurées et nettoyées. La structure qui les soutient a été elle aussi consolidée dans son intégralité. A noter que cet édicule est la dernière des constructions qui se sont succédé dans la basilique du Sépulcre depuis le IVe siècle. Aujourd’hui, les pierres ont repris leurs couleurs rosées originelles et les gravures sont désormais lisibles et claires.

Des travaux ouverts au public

La tombe du Christ rénovée

En dépit des travaux de restauration qui ont eu lieu dans la basilique, celle-ci n’a guère fermé ses portes aux fidèles et aux touristes venus parfois de très loin pour visiter ce lieu sacré. Des échafaudages et des panneaux de protection ont été dressés autour du site en restauration, et une structure métallique a été placée devant l’entrée du tombeau pour protéger les touristes et le site en travaux. C’est la Custodie de la Terre Sainte qui avait insisté, lors du lancement des travaux de restauration, pour que le tombeau du Christ reste accessible aux visiteurs même durant les travaux.

« Selon la tradition chrétienne, le corps du Christ a été déposé sur un lit funéraire taillé dans la roche suite à sa crucifixion par les Romains en l’an 33. D’après les chrétiens, le Christ a ensuite été ressuscité. Des femmes venues oindre son corps trois jours après son enterrement ont retrouvé le lit funéraire vide. La tombe restaurée aujourd’hui est le témoin et la mémoire de l’histoire du Christ, et il est important qu’elle soit toujours libre d’accès aux pèlerins et aux visiteur », souligne Doaa Bahey Al-Din, chercheuse en coptologie à la Bibliotheca Alexandrina.

D’après le magazine National Geographic, qui a consacré un article sur ces travaux de restauration, « la mise au jour du lit funéraire du Christ a fourni aux chercheurs une occasion sans précédent d’étudier la surface originelle de cette pierre sacrée ». Les experts ont pu analyser les matériaux et les structures appartenant au lieu sacré. Des moyens technologiques de pointe ont été déployés. Ceux-ci ont permis par exemple de déterminer les dimensions de la chambre funéraire constituée d’une banquette étroite taillée pour un seul corps. Selon Mariopoulou, deux plaques de marbre de couleur grise et marquées d’une croix lorraine, « caractéristique de l’époque croisée » ont également été identifiées. Des examens archéométriques ont été réalisés pour déterminer l’ancienneté des matériaux. « Ces données seront bientôt en libre accès pour les chercheurs du monde entier », assure la professeure Mariopoulou.

Les travaux de restauration de la tombe du Christ, qui ont atteint une somme d’environ trois millions et demi d’euros, ont été financés par les trois principales confessions chrétiennes du Saint-Sépulcre (Grecs Orthodoxes, Franciscains et Arméniens) ainsi que par le Fonds mondial des monuments, la compagnie aérienne grecque Aegean Airlines et le roi Abdallah II de Jordanie. Mais les travaux de restauration du reste de la basilique ne sont pas terminés. La Custodie de la Terre Sainte a annoncé récemment que le Saint-Siège offrait 500 000 dollars pour la rénovation future du dallage autour de l’édicule.

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