Le phare Eiffel de Ras Ghareb, ville côtière de la mer Rouge, a été récemment inscrit sur la liste du secteur des monuments islamiques du ministère des Antiquités. Construit en 1871, deux ans après l’inauguration du Canal de Suez, le phare tripode est considéré comme l’un des plus anciens phares du monde. Sous l’ordre du khédive Ismaïl, le célèbre ingénieur et industriel français Alexandre Gustave Eiffel, qui a notamment signé la construction de la Tour Eiffel à Paris, et participé à celle de la statue de la Liberté à New York et du pont métallique d’Aboul-Ela du Caire, a fondé ce phare afin de guider les navires au large du Golfe de Suez.
Haut de 50 m, le phare de Ras Ghareb est construit de fer, il se forme d’une base cylindrique où se trouve la chambre de surveillance et un escalier spiralé qui mène à une lanterne au sommet. Les marins pouvaient le voir à une distance dépassant les 30 000 nautiques. En dépit de son importance historique, le phare est maintenant en mauvais état, ce qui incite les habitants de Ras Ghareb à lancer une campagne dont le slogan est « Notre phare est en danger », afin de le sauver de l’érosion. Le phare Eiffel a été abandonné en 1987, après la construction d’un nouveau pour le remplacer.
Situé sur un promontoire de la ville Ras Ghareb, à environ 160 km au sud de la ville du Suez, « le phare était équipé de dispositifs pour contacter les navires et recevoir des SOS. Il envoie 4 faisceaux de lumière toutes les 30 secondes », déclare Al-Saïd Hélmi, chef du département des monuments coptes-islamiques.
Selon le directeur de la région archéologique de la mer Rouge et président du comité chargé d’étudier l’état du site, Mohamad Aboul-Wafaa, « le phare a joué un rôle important dans la protection des plateformes pétrolières pendant la guerre de 1967, les avions israéliens ne pouvaient pas les frapper parce qu’ils étaient trop près du phare ». Selon Aboul-Wafaa, l’idée de classer le phare Eiffel sur la liste du patrimoine égyptien islamique n’est pas récente. « Avec la richesse archéologique de la région, qui comprend les anciens monastères d’anba Antoine et anba Pola qui remontent au IVe siècle, sont venues l’inscription de ce phare patrimoine égyptien islamique et l’idée de la construction d’un musée pour valoriser la ville et la transformer en une attraction touristique », assure-t-il. A noter que c’est le khédive Ismaïl qui a réfléchi à construire des phares pour revigorer le commerce en Egypte. Lors de son règne, il a ordonné la construction d’une quinzaine de phares. Seuls deux métalliques, celui de Ras Ghareb (mer Rouge) et l’autre à Borollos (mer Méditerranée) ont survécu. « Ces deux phares en fer sont rongés par la rouille. Leurs feux ne fonctionnent plus depuis 1987, pour le premier, et 1992 pour le second », conclut Hélmi.
Ras Ghareb
Située à 100 km au sud de Zaafarana (Suez) et à 160 km au nord d’Hurghada, Ras Ghareb est renommée aussi pour ses carrières de granite et de marbre. La principale activité de la ville est l’extraction de pétrole. Ras Ghareb est aussi riche par ses nombreux villages et hôtels touristiques.
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