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Balade: Il était une fois une rue...

Caroline Odoz, Lundi, 25 février 2013

Haret Al-Yahoud représente tout un quartier qui s’étend à l’ouest de la rue Al-Moez, dans Le Caire islamique, entre la rue Khoronfech au nord et la rue Moski au sud. Exploration.

Il etait

Au coeur du chaos des étals sans fin du quartier d’Ataba, à la question « Haret Al-Yahoud feine ?» (où est la ruelle des juifs ?), les yeux pétillent et les doigts poin­tent pour indiquer une venelle d’une étroitesse étonnante, embarrassée de grappes de jouets et de balles en plastique, de sacs et d’accessoires, tombant des façades des immeubles. On pénètre ainsi dans la partie sud du quartier juif, formée au XIIe siècle, situé dans Le Caire isla­mique, et qui s’étend à l’ouest de la rue Al-Moez, entre la rue Khoronfech et la rue Moski.

Impossible de se faufiler dans cet enchevêtrement de venelles plus étroites les unes que les autres, sans se faire aider des habitants. Des ruelles qui étaient sans doute plus spacieuses aux époques passées. Elles sont devenues de véritables culs-de-sac. Il n’y a dans cette zone aucune trace ancienne : tous les bâtiments sont récents, faits de béton et de briques. La plupart font 3 étages. Certains sont des galeries marchandes. Ils ont sûrement connu des changements à plusieurs reprises, même dans les 30 der­nières années. Là on trouve un gara­giste, un café, un kiosque … tous les éléments de la vie quotidienne. C’est d’abord un quartier populaire et pauvre.

Après un coude, on arrive à Haret Al-Yahoud et on s’enfonce encore vers le nord en passant par Midan Sadalba. Les ateliers et les échoppes s’alternent. Les pavés sont hexago­naux. Lorsqu’on demande : Haret Al-Yahoud, on nous répond « Aiwa ». En voilà donc une deu­xième, parallèle à la première. Tout à coup, en carreaux bleus sur une façade de carrelage blanc, qui héberge un boui-boui à « taamiya », une large étoile de David. On trouve là les seuls bâtiments anciens de la zone. Ils sont tous juifs : un hôpital, avec balcon en bois, et la « Yeshiva Hatoum » qui tient encore debout. A l’arrière de tout cela, dans une rue faisant comme un demi-cercle, la synagogue de Maimonide, flambant neuve de sa récente rénovation, bor­dée de la cour d’une école d’au­jourd’hui. Les pavés autour sont rectangulaires, comme dans la rue Al-Moez. Pour rejoindre cette der­nière, il faut continuer la « deu­xième » Haret Al-Yahoud, et en allant plus ou moins tout droit, les rues s’élargissent. Il y a de plus en plus d’étalages : ce sont des mar­chands de fruits et de légumes ainsi que des gargotes. On rentre dans Le Caire ottoman pour traverser le quartier des fabricants de bijoux en passant par le sabil Taha Hussein Al-Wardani ou Wékalet Gald Al-Dahab. On arrive à une rue, Khoronfech mais ce nom sert aussi de sobriquet à tout un ensemble de rues : « c’est là », dit-on en faisant des moulinets avec les mains. On peut pénétrer dans le quartier à par­tir de l’avenue Port-Saïd, avant que celle-ci ne rejoigne Bab Al-Chaariya, en passant par n’im­porte laquelle des galeries mar­chandes qui passent sous les bâti­ments. En se dirigeant un peu plus au sud, on arrive à ... Haret Al-Yahoud. Il s’agit donc d’une troisième ruelle perpendiculaire cette fois aux deux premières.

Dans cette zone, ce sont des ruelles, plus larges donc que les venelles du sud. C’est aussi plus calme qu’au sud : la densité des échoppes est moindre. Il y a un mélange d’ancien et de nouveau : un patchwork de briques, de béton et autres constitue les étages de nombreux bâtiments dont le socle date de plusieurs siècles. Les pavés sont d’abord en forme de vague. Très vite, on trouve quelques traces, mais éparses, de la présence juive : à un carrefour on voit un morceau de synagogue, transformé en atelier de métal surmonté d’appartements. Ce bâtiment, comme tant d’autres autour, juifs on non, a sans doute connu dans les cinquante dernières années d’autres utilisations et d’autres habitants. Ici un portail portant l’étoile juive. Là quelques ornements.

Plus bas, le sol de la rue, couvert maintenant de petits pavés hexago­naux, devient très irrégulier. Il y a des bouchers, des gargotes, des ate­liers de fabrication d’objets en métal. La rue est très longue, plutôt calme, et serpente quelquefois avant de rejoindre la zone de la synago­gue.

Partout dans ce morceau de Moski, des bâtiments flambant neufs poussent ici et là. L’ensemble du quartier travaille le métal. Il est difficile de trouver des traces évi­dentes de l’ancienne présence juive. Et il n’y a sans doute aujourd’hui plus aucun habitant juif dans l’en­semble du quartier.

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