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Ounas révèle ses secrets

Nasma Réda, Mardi, 07 juin 2016

La pyramide d'Ounas et trois tombes pharaoniques (deux de l’Ancien Empire et une du Nouvel Empire) viennent d'être inaugurées à Saqqara. Décorations aux couleurs vives et sculptures uniques sont au rendez-vous.

Ounas révèle ses secrets

23 ans après sa fermeture, la pyramide du roi Ounas, dernier roi de la Ve dynastie (2356-2323 av. J.-C.) vient d’ouvrir ses portes aux visiteurs. Cette pyramide est située dans la nécropole de Saqqara, juste en face de la célèbre et la plus ancienne pyramide à degrés, celle de Saqqara construite par Djoser. C’est à cet endroit que le roi Ounas avait décidé de construire son complexe funéraire. De loin, on voit à peine la pyramide. Elle apparaît comme un tas de sables. Elle est ainsi considérablement plus petite que la pyramide de Djoser qui fait 62 m de hauteur. Celle d’Ounas a 43 m de hauteur, une base de 58 m et une pente de 56°. « Cette pyramide est l’une des plus importantes », souligne Mahmoud Afifi, directeur du secteur des antiquités égyptiennes au ministère des Antiquités. « Ses murs renferment des colonnes verticales avec des inscriptions hiéroglyphes connues sous le nom des Textes des pyramides », explique-t-il.

Ces textes sont censés protéger le défunt dans l’au-delà. Or, cette pyramide renferme 283 textes. Au niveau de la construction intérieure, la pyramide d’Ounas diffère des autres pyramides. Un passage de près de 15 m de long conduit vers le bas jusqu’à une petite chambre qui s’ouvre sur une antichambre d’un côté, et sur la chambre funéraire (3,08 m x 7,30 m) de l’autre. A l’intérieur se trouve un sarcophage en basalte noir. Les salles sous la pyramide suivent le même plan que celles des successeurs d’Ounas tels que Téti I (2321-2291 av. J.-C. VIe dynastie) ainsi que Pépi Ier et II. La pyramide est cependant la première depuis celle de Djoser à avoir eu ses salles décorées.

Le complexe funéraire d’Ounas se compose de la pyramide, d’un temple funéraire dit aussi temple de la Vallée où temple d’accueil, et d’une longue chaussée de 750 m qui relie le temple à la pyramide. La pyramide était fermée depuis 1996 à cause de la hausse du taux d’humidité à l’intérieur des salles, qui risquait d’endommager la chambre funéraire. Un projet de restauration a été entamé pour régler le taux d’humidité. Il a fallu placer un nouveau système d’éclairage et des appareils très précis pour mesurer régulièrement l’humidité et la chaleur à l’intérieur de la pyramide. L’inauguration de cette pyramide ainsi que celle de trois nouvelles tombes toujours à Saqqara est conforme aux consignes du nouveau ministre qui consistent à ouvrir de nouveaux sites archéologiques pour les touristes.

Le tombeau de Nemty-Umes

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La vache Hathor au tombeau de Nemty-Umes.

L'une des trois tombes en question est celle de Nemty-Umes. Située un peu plus loin que la pyramide du roi Ounas, elle a été également inaugurée par le ministre des Antiquités le 26 mai. Découverte par la mission française de Bubasteion dirigée par Alain Zivie en 1996, la tombe Nemty-Umes a fait l’objet d’intenses travaux de conservation. La tombe de Nemty-Umes date du règne du roi Ramsès II de la XIXe dynastie du Nouvel Empire. Son propriétaire a servi sous Ramsès comme émissaire de paix entre l’Empire égyptien et les Hittites.

Selon les inscriptions gravées sur les parois internes de la tombe, son propriétaire avait plusieurs titres : trésorier, directeur des travaux de tous les monuments royaux, conducteur de la fête de Ptah et grand administrateur de Memphis. « Les travaux à l’intérieur de la tombe comprenaient la consolidation des inscriptions murales, le nettoyage des inscriptions et les belles couleurs, ainsi que l’installation d’un nouveau système d’éclairage », explique Alaa Al-Chahat, chef du site archéologique de Saqqara.

La tombe de Nemty-Umes se compose d’une cour en calcaire avec deux colonnes décorées d’inscriptions funéraires. « Sur le mur ouest de la tombe se trouvent des scènes colorées typiques de l’art de l’époque des Ramessides, représentant la vie quotidienne et quelques rituels religieux. On y trouve également des cartouches portant le nom de Ramsès II », ajoute Al-Chahat.

Cette cour mène à une petite salle avec une statue de la déesse Hathor, une vache représentant la prospérité et la fécondité. Le fait qu’elle soit collée au mur donne l’impression qu’elle en sort pour avancer. En dessous de sa tête se trouve une petite statue royale de Ramsès II.

Le tombeau d’Ankh Mahor

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Les statues de Nefer-Seshem-Ptah.

L’autre tombeau inauguré est celui d'Ankh Mahor. C’est en 1899 qu’il a été découvert par l’archéologue français, Victor Loret, qui travaillait au sein de la Mission archéologique française du Caire (1881-1884). Le tombeau d’Ankh Mahor, non loin du tombeau précédent, est situé dans la nécropole des dignitaires au nord de la pyramide du roi Téti, non loin de la vaste mastaba de Mérérouka, toujours à Saqqara. Ankh Mahor était un vizir de la VIe dynastie, sous le règne du roi Téti. Cette sépulture est connue sous le nom de « tombeau de la médecine » puisqu’elle comporte de célèbres scènes chirurgicales : opérations d’un orteil, d’un pouce, et même de circoncision, une opération que subissaient déjà les garçons à l’époque de l’Ancien Empire. La sépulture présentait également des scènes du quotidien de l’Ancien Empire, entre agriculture et offrandes. Le tombeau est grand et renferme un certain nombre de pièces avec des portes très décorées. Dans sa chambre funéraire se trouvent un buste au milieu de deux statues du défunt sculptées dans les roches.

La tombe de Nefer-Seshem-Ptah

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L'une des scènes médicales à la tombe d'Ankh Mahor.

La dernière tombe inaugurée est celle de Nefer-Seshem-Ptah et qui était également découverte par Victor Loret. « Bien que la tombe soit de petite dimension, elle est d’une grande beauté. Elle conserve de belles scènes qui représentent la vie quotidienne de l’Egypte sous le règne de Téti Ier », indique Afifi. Nefer-Seshem-Ptah était le surveillant des prêtres de la cour royale. La fausse porte de la tombe est unique par ses nombreuses décorations et inscriptions aux couleurs vives. Loret a découvert dans les salles annexes à la chambre funéraire une douzaine de momies royales, cachées par des prêtres d’Amon vers 1 000 av. J.-C., dans le but de les protéger des pillages.

Cette tombe, tout comme celle d’Ankh Mahor, a été inaugurée pour la première fois dans les années 1970 avant d’être fermée vers la moitié des années 1980 et servir d’entrepôt pour les antiquités découvertes dans la région. En 2014 et 2015, ces tombes ont été vidées et le ministère égyptien des Antiquités a commencé un travail de restauration, de renforcement des murs et de réaménagement des terrains afin de faciliter les visites. Une réouverture qui intervient après une trentaine d’années. Vu la splendeur des tombes, il n’y a plus qu’à rattraper le temps perdu.

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