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Dahchour: Conflit au pied des pyramides

Nasma Réda, Lundi, 28 janvier 2013

Des villageois armés se sont approprié des terrains dépendants du site archéologique de Saqqara. Ils bloquent les accès à la nécropole et ont lancé des travaux de construction. Le ministère souhaite régler le problème rapidement en leur offrant d’autres terrains.

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L'invasion des « morts » menace le site de Dahchour.

« Sauvez nos antiquités ! Dahchour est en danger ! », scandent les archéologues et les employés du site. L’histoire a commencé, il y a deux semaines, quand plus de 1 500 villageois des régions d’Al-Maraziq, de Mazghouna et de Dahchour ont attaqué les terrains de la nécropole de Dahchour, notamment celui du temple de la Vallée, situés au pied de la pyramide rouge de Snéfrou.

Les villageois ont commencé à se répartir les terrains, à creuser des fondations et à construire des cimetières. Armés de fusils, ils empêchaient tout accès au site. Ils sont même allés jusqu’à menacer de détruire la pyramide de Snéfrou.

Ces violations inquiètent fortement les responsables du ministère d’Etat pour les Antiquités. Ils veulent mettre fin au plus vite à ces occupations illégales qui font courir un risque au patrimoine. « Le site est en danger. Ces gens qui nous menacent sont tous armés et refusent le moindre compromis », avance, impuissant, le directeur du site de Dahchour, Ossama Al-Chimi.

Kamal Wahid, directeur de la nécropole de Saqqara dont dépend le site de Dahchour, affirme que les incidents remontent au début de l’année, quand « deux citoyens ont demandé une autorisation pour agrandir leurs cimetières situés à proximité du temple de la Vallée. On leur a demandé d’obtenir un permis officiel du gouvernorat de Guiza et un autre du ministère des Antiquités. Ils étaient d’accord et ont commencé à faire les procédures demandées. Mais, en l’absence d’autorisation, ils se sont approprié ces terrains ».

Si les responsables estiment l’affaire choquante et la considère comme une violation d’un site archéologique, les auteurs de ces infractions voient les choses différemment. « Personne ne veut nous régler nos problèmes et nous autoriser à agrandir les cimetières. Cela fait longtemps que nous le demandons, mais en vain », crient quelques villageois qui tentent de défendre leur cause et de justifier leur recours à la force.

En réaction, les inspecteurs du ministère des Antiquités se sont adressés à la police pour dresser des procès-verbaux contre les villageois contrevenants. Mohamad Ibrahim, ministre d’Etat pour les Antiquités, veut utiliser toutes les procédures juridiques disponibles pour mettre immédiatement fin à ces agressions. Un rapport a ainsi été présenté au ministère de l’Intérieur avec les cartes du site déterminant les propriétés de l’Etat. « Actuellement, les appropriations de terrains se sont arrêtées, et on attend la destruction des bâtiments construits illégalement », précise Kamal Wahid.

Régler l’affaire dans le calme

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L'invasion des « morts » menace le site de Dahchour.

En quête de compromis, le ministère des Antiquités a contacté les citoyens pour leur offrir d’autres terrains, plus éloignés des sites archéologiques. Mais l’offre a été refusée par les citoyens qui estiment que les terres qu’ils se sont appropriées ne présentent pas d’intérêt archéologique particulier.

Le Conseil suprême des antiquités affirme, quant à lui, qu’il est impossible de savoir ce qui se trouve sous ces terrains, car aucune fouille n’y a jamais été menée. Le comité responsable des antiquités au sein du ministère souhaite lancer des recherches au plus tôt pour déterminer si, oui ou non, ces terrains présentent un véritable intérêt archéologique.

« Mais un tel travail est très coûteux. Vu la situation actuelle, on doit accélérer ces mesures, quel que soit le prix », avance le directeur du site.

Le ministre Mohamad Ibrahim blâme, quant à lui, l’ignorance des villageois et leur manque de conscience patrimoniale. « En plus du manque de volonté des gens à maintenir et préserver les régions archéologiques, le manque de sécurité est venu aggraver l’affaire et encourager les habitants à construire sur le site », ajoute-t-il. Il met en avant le fait que le ministère n’est pas apte à faire face à ces agressions répétées. Seule solution plausible : accorder au ministère des moyens financiers supplémentaires. Selon lui, il en va de la sécurité de l’ensemble des sites archéologiques en Egypte.

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