Amr Sedqi, membre de la Chambre des agences de voyages.
Al-Ahram Hebdo : Que représente pour vous cette nomination au parlement ?
Amr Sedqi : Ma nomination reflète l’importance accordée par l’Etat au secteur du tourisme, surtout à l’heure actuelle où l’économie traverse une période difficile. Le pouvoir politique est conscient que l’industrie du tourisme peut être une solution aussi rapide qu’efficace aux problèmes économiques. Ma mission au sein du parlement sera de mettre davantage l’accent sur l’importance de ce secteur et comment il peut se répercuter sur la politique, la culture, la société et pas seulement sur l’économie.
— Quel rôle peut jouer le parlement pour développer le secteur du tourisme ?
— Le rôle du parlement est en premier lieu législatif. Ainsi mes priorités, comme représentant du secteur, seront de réviser certaines lois et législations qui organisent le secteur du tourisme. En fait, ces lois sont très anciennes, elles datent des années 1960 et 70 et ne vont pas de pair avec l’évolution dont témoigne l’industrie du tourisme aujourd’hui. Lorsque j’étais président du comité juridique à la Chambre du tourisme, j’ai travaillé sur une loi unifiée pour le tourisme, qui organise le travail des institutions touristiques comme le ministère du Tourisme, l’Organisme de la promotion touristique, celui du développement touristique, l’Union des chambres de tourisme et les cinq Chambres génériques qui en dépendent. Il existe aujourd’hui de nouveaux genres de tourisme qui sont de plus en plus répandus dans le monde. Or, ces nouveaux genres de tourisme ne sont régis par aucune loi comme c’est le cas par exemple du tourisme électronique.
— Quels sont les grands problèmes dont souffre le secteur du tourisme à l’heure actuelle ?
— En plus du recul de l’activité touristique en Egypte et la baisse de ses revenus au cours des cinq dernières années, le tourisme est en train de perdre ses infrastructures à cause du déficit budgétaire dont souffre ce secteur. Les établissements touristiques ne sont plus périodiquement maintenus, les services ne sont plus au niveau requis, les cadres touristiques performants ont quitté le secteur. Quant à l’investissement touristique, son développement est entravé par la bureaucratie.
— Quelles sont, donc, les solutions pour développer le tourisme ?
— La solution doit être interne. Au lieu de réfléchir tout le temps à attirer les touristes étrangers, mettons d’abord un peu d’ordre dans notre maison, afin qu’elle puisse accueillir les touristes une fois que la situation sera stable en Egypte. Cela dit, nous devons mettre à profit cette période de crise pour former des cadres, améliorer les infrastructures touristiques, maintenir la propreté des sites touristiques, et ensuite faire la promotion du tourisme égyptien dans le monde entier. Le gouvernement doit soutenir financièrement les professionnels par le biais d’un rééchelonnement des dettes et d’exemptions fiscales. En outre, nous devons agrandir notre carte touristique en exploitant les atouts de chaque gouvernorat pour diversifier le produit touristique égyptien. Chaque gouvernorat peut être une destination touristique à part. Nous avons le tourisme rural, le tourisme thérapeutique ou le tourisme des conférences. Il ne faut pas se contenter du tourisme balnéaire uniquement.
— Que pensez-vous de la gestion du gouvernement de la crise de l’avion russe qui s’est abîmé dans le Sinaï ?
— Je dois dire tout d’abord que le terrorisme est devenu un phénomène universel. Il est présent à Charm Al-Cheikh comme il est présent dans les rues de Paris. Je pense que le ministère du Tourisme a réussi à gérer les répercussions de cet accident sur le secteur. Avoir recours à une société internationale spécialisée dans la sécurité des aéroports est une bonne mesure pour dire au monde entier que nous n’avons rien à craindre et que nous faisons de notre mieux pour rassurer nos visiteurs et veiller sur leur sécurité. La campagne de relations publiques lancée sur les principaux marchés du tourisme égyptien est d’une grande importance pour redorer l’image de l’Egypte à l’étranger. En outre, le ministère tient à maintenir le contact direct et continuel avec nos partenaires étrangers, qu’ils s’agisse de responsables du tourisme ou de tour-opérateurs. Et ceci est très important si on veut lever les restrictions imposées par certains pays sur les voyages en Egypte.
— Pensez-vous que le tourisme interne pourra compenser les pertes du tourisme externe ?
— Le tourisme interne peut compenser une partie des pertes du tourisme externe en aidant les établissements touristiques, comme les hôtels, à ne pas fermer leurs portes. Mais nous devons aussi élaborer des programmes touristiques convenables pour les Egyptiens dont les goûts et les traditions sont différents des étrangers. On peut par exemple organiser des visites sur le trajet de la Sainte Famille qui peuvent attirer des milliers d’Egyptiens. Il ne faut pas non plus oublier la sensibilisation des Egyptiens à l’importance du tourisme, afin qu’ils préservent les sites touristiques et archéologiques au lieu de les endommager.
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