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Musée du caire : Déserté par les touristes

Nasma Réda, Mardi, 22 janvier 2013

Ce haut lieu du tourisme recevait autrefois 6 000 visiteurs par jour. Mais ce chiffre est en nette régression à cause des incidents continuels sur la place Tahrir.

Musee

« Morsi, tes mains sont tachées du sang du martyr Jika, tu dois payer le prix », « A bas, à bas le régime du guide de la confrérie ! », « La gloire à Gaza …». Ce ne sont ni des cris de colère lancés par des protestataires, ni des slogans appelant à la chute du régime, mais des graffitis qui couvrent les murs du Musée du Caire situé à la place Tahrir. Pour atteindre le Musée du Caire, il faut passer par cette place emblématique, haut lieu de la révolution du 25 janvier. Quelques bus et minibus font la queue devant l’entrée principale du Musée pour se rapprocher le plus du portail. En fait, une seule porte est ouverte au public. « Je dois faire descendre les touristes juste devant la porte et surtout pas plus loin », dit l’un des chauffeurs de bus, précisant que lui et ses collègues sont toujours sur leurs gardes et ont reçu des consignes de quitter rapidement les lieux en cas de manifestations ou d’émeutes. Et d’ajouter : « Une fois les touristes en sécurité, je cherche un parking ».

Les officiers stationnés devant le Musée ont l’air tendu, aucun sourire d’accueil, aucune information ne peut être prise à la porte. La présence d’une dizaine de soldats 24h sur 24 pour la protection des touristes exacerbe ce sentiment d’insécurité. « Etant donné que nous sommes chargés de la protection des lieux, nous n’avons pas le temps de nous reposer. Nos yeux sont tout le temps irrités à cause des bombes lacrymogènes et des incendies. On vit des jours difficiles. Que Dieu nous protège !», raconte un des gardiens. Une fois dans le jardin du Musée, les touristes jouissent de la chaleur du soleil en ce mois de janvier attendant l’ouverture des portes du Musée. Des touristes, de toutes nationalités, se baladent dans le jardin. Ils prennent des photos en attendant l’ouverture afin de pénétrer dans ce magnifique édifice datant de 1900. « Les Japonais et les Chinois forment la majeure partie des touristes qui visitent le Musée actuellement », dit Névine Haroun, guide, qui ajoute que l’ambiance au Musée ne ressemble en rien à celle d’avant le 25 janvier 2011.

Les guides au chômage

Si les touristes prennent des photos et contemplent les quelques statues éparpillées dans les quatre coins du jardin, les guides égyptiens, eux, ont beaucoup de problèmes. Il est facile pour un visiteur de repérer ces guides. Ils portent leur carte d’identité sur la poitrine. Devenus presque « chômeurs », ils attendent impatiemment les touristes venus seuls afin de leur proposer leurs services moyennant quelques sous. « Bien que je sois trilingue, je ne travaille plus depuis le déclenchement de la révolution », raconte Mohamad Sami, guide touristique. «prenons place tous les jours à côté de la porte du Musée et nous attendons », expliquent ses collègues qui se trouvent dans la même situation.

Si le jardin du Musée est ouvert au public à 8h, les portes du Musée ne s’ouvrent, elles, qu’à 9h. Une longue queue qui va de la grille principale du jardin jusqu’à la porte du Musée se forme tous les matins devant le bâtiment. Elle disparaît en quelques minutes une fois la porte du Musée ouverte. Mais cette queue ne se répète plus aux autres moments de la journée. Car les visiteurs ne sont pas nombreux. « Autrefois, on voyait ces queues tout au long de la journée, surtout pendant les mois de décembre et de janvier, considérés comme la haute saison pour le tourisme en Egypte. Mais malheureusement, on assiste ces deux dernières années à une chute vertigineuse du nombre de touristes », se lamente l’un des guides à la recherche d’un « client ». Une fois la porte du Musée franchie, chaque petit groupe se disperse dans un coin de la grande salle. Chacun s’emploie à découvrir les mystères de cette grande civilisation qu’est l’Egypte Ancienne. L’intérieur du palais est presque désert. Si dans le jardin on entend des bruits, à l’intérieur c’est le grand silence brisé par quelques écoliers. « Ces élèves font l’école buissonnière et viennent ennuyer les passionnés de notre histoire », raconte Mohamad Sami, qui travaille au Musée. Il précise que la direction essaye de limiter ce phénomène, mais en vain. Le visiteur qui se balade dans les différentes galeries du Musée est choqué de voir quelques vitrines brisées. Celles-ci sont dues au vol du Musée pendant la révolution. 54 pièces avaient été alors dérobées au Musée. Même les vitraux du dôme, par lesquels les cambrioleurs avaient pénétré, sont toujours cassés. C’est lamentable pour l’un des plus grands musées du monde abritant la plus grande et la plus riche collection de pièces pharaoniques. « Ces poussières accumulées sur les monuments sont humiliantes. Le pire c’est que cette poussière pénètre à l’intérieur des sarcophages », dit un gardien du Musée. Malgré tout, les touristes ont admiré les trésors de l’Egypte Ancienne .

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