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Opération Toutankhamon

Nasma Réda, Mardi, 27 octobre 2015

A l’origine détachée du masque, puis collée en 1941, tombée en 2014 et immédiatement recollée à l’époxy, la barbe de Toutankhamon va finalement être décollée, avant d’être ré-attachée. L’opération devrait prendre deux mois. Explications.

Barbe de Toutankhamon, épisode 5
Eckmann en train de travailler sur le masque de Toutankhamon.

Barbe de Toutankhamon, épisode 5

A l’origine détachée du masque, puis collée en 1941, tombée en 2014 et immédiatement recollée à l’époxy, la barbe de Toutankhamon va finalement être décollée, avant d’être ré-attachée. L’opération devrait prendre deux mois. Explications.

Une fois de plus, le jeune pharaon T o u t a n k h a m o n revient au centre de la scène médiatique. Sa barbe conti­nue de faire des émules après le scandale de la colle. C’était en août 2014. Lors du nettoyage de la vitrine de Toutankhamon, les employés remarquent que sa barbe s’est détachée de son masque. Ils trouvent alors une solution radi­cale : la recoller avec de l’époxy, sorte de super-glue très puissante. Mais le méfait est remarqué et sus­cite un tollé international quant au non-professionnalisme des équipes du musée.

Aujourd’hui, devant les caméras du monde entier, l’archéologue allemand Christian Eckmann a commencé a étudier la colle, afin de rendre au masque son aspect d’origine. La salle 55 du deuxième étage du Musée du Caire a été spécialement équipée pour cette mission. Eckmann a examiné le masque et a expliqué les procé­dures et les étapes qui seront prises pour nettoyer le masque de ses impuretés modernes.

Après le tollé de l’affaire de la colle, le ministre égyptien des Antiquités, Mamdouh Al-Damati, avait décidé de former un comité pour évaluer la condition du masque. « Il n’est pas en danger. Il est dans un état stable hormis le problème de l’époxy utilisé », avait-il affirmé. Le comité avait alors confié la restauration à l’Al­lemand Eckmann. L’Allemagne a par ailleurs donné 50 000 euros pour restaurer le masque.

Après des études approfondies, Eckmann a mis en place un plan de travail précis. Trois étapes attendent le masque funéraire. La première est d’arriver au meilleur moyen pour re-détacher la barbe. Huit mois ont été nécessaires pour trouver le meilleur moyen d’y par­venir. « Je suis concerné par les deux premières étapes dont l’une est le détachement de la barbe sans l’endommager. Puis, il faut trouver la meilleure matière pour la remettre en place, en étudiant comment les anciens égyptiens fai­sait », explique Eckmann.

L’expert explique que la barbe n’a jamais été collée : des petites tiges venaient s’insérer dans des trous faits dans la barbe. Il raconte que lors de la découverte de la tombe par Howard Carter en 1922, le masque a été trouvé dans une pièce et la barbe dans une autre. Puis, ils ont été transportés au Musée égyptien du Caire où ils ont été exposés comme deux pièces séparées pendant près de deux décennies. En 1941, les deux pièces ont été collées pour en faire le fameux masque doré du jeune roi que l’on connaît actuellement.

Il assure que jusqu’à lors, il ne connaît pas la solidité ou l’épais­seur de l’actuelle matière collante. Une étude microscopique détaillée sera effectuée, afin de pouvoir détacher la barbe sans effectuer de dommages.

Cet expert de la restauration des métaux, qui avait réparé dans les années 1990 les statues en cuivre du roi Pépi Ier de la VIe dynastie exposées au Musée du Caire, assure qu’une étude sera ensuite conduite, afin d’étudier le masque sous tous ses aspects. Selon Mamdouh Al-Damati, « c’est la première fois depuis sa découverte en 1922 que ce trésor funéraire subisse une étude scientifique aussi sophistiquée et approfondie sur les matériaux utilisés ainsi que les couleurs et les inscriptions qui y sont gravées ». Ce comité d’études sera présidé par Tareq Tewfiq, directeur du Nouveau Grand Musée, avec des spécia­listes de l’University College de Londres (UCL).

Selon le côté égyptien, les tra­vaux de restauration pourraient durer longtemps. « On ne peut pas préciser de date fixe », a affirmé le ministre. D’après Eckmann, les travaux « pourraient se terminer d’ici la fin de l’année, disons dans deux mois ». En attendant, le musée cherche à mettre en place une version en 3D du masque, afin qu’il soit toujours visible, même sans être là.

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