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Coptologie: La Nativité en icônes

Doaa Elhami, Mardi, 01 janvier 2013

Depuis les débuts du christianisme, le thème de la Nativité revient sans cesse dans les oeuvres d’art copte. Etat des lieux.

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Peintures, fresques, sculptures, icônes … Toutes ces formes d’art représentent et illustrent les thèmes coptes « décrits dans l’Ancien et le Nouveau Testaments », souligne le professeur Louay Mahmoud Saad, professeur de coptologie à l’Université de Ménoufiya. Et d’ajouter : « Toutes ces formes d’art ont été inventées pour sensibiliser le peuple en grande partie illettré », renchérit le professeur. La naissance du Christ est l’une des scènes les plus importantes traitées dans ces peintures, fresques et sculptures. Elle est prise surtout de l’Evangile de Luc. « Celui-ci était médecin et prêtait une grande attention aux détails les plus infimes », commente Hani Zarif, conservateur et responsable du département d’information numérique au Musée copte. « Lorsque Marie mit au monde son nouveau-né, elle l’emmaillota, et le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie. Il y avait, dans cette même contrée, des bergers qui passaient dans les champs la nuit pour garder leurs troupeaux » (Luc 2 : 6-7).

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C’est ainsi que la Nativité est décrite dans la l’Evangile de Luc. Détaillée, cette description sera simplifiée par les premiers dessinateurs qui étaient des ermites. La Nativité a été partiellement illustrée pendant les premiers siècles du christianisme. L’une des illustrations les plus fréquentes était la Vierge tenant l’Enfant Jésus. Cette scène a été inspirée d’une représentation de l’enfant Horus avec sa mère Isis, déesse de la maternité dans l’Egypte Ancienne. Ainsi une peinture du VIe siècle au Musée copte décrit la Vierge assise, tandis que l’enfant Jésus prend la main gauche de sa mère dans ses deux petites mains. La Vierge et son Enfant sont entourés d’anges et de saints. Cette fresque vient du monastère Saint-Jérémie à Saqqara. Des représentations de la Vierge et de son Enfant ont été utilisées comme décors dans plusieurs manuscrits et livres saints.

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En effet, la couverture argentée d’un Evangile, exposée au Musée copte, est gravée de cette représentation maternelle évoquant la tendresse de la mère et sa protection. Mais au fil des jours et avec l’évolution de l’art copte, les détails se développent. Sur une peinture à tempera, provenant de l’église Abdallah Nirqi, en Nubie, on voit la Vierge allongée sur un lit, un peu dans le style byzantin, et derrière elle son nouveau-né dans une crèche. Joseph est assis sur un coussin en face d’eux avec derrière lui, les trois Rois Mages s’approchent de la Sainte Famille à cheval. Deux bergers en arrière-plan assistant à la Nativité de Jésus. Datée du Xe siècle, cette peinture incarne l’art copte en Nubie Selon Zarif, cette scène montrant la naissance du Christ dans un lieu modeste symbolise sa modestie. On trouve les détails de la Nativité sur les fameuses icônes du monastère Sainte-Catherine. « Ces icônes sont considérées dans le monde comme un trésor rare. Elles ont été sauvées du grand incendie des icônes qui a eu lieu au VIe siècle », renchérit le professeur Louay Mahmoud Saad. Datée du VIIe siècle, l’icône de la Nativité du monastère Sainte-Catherine incarne, dans sa première moitié, la Vierge allongée et à côté d’elle Jésus nouveau-né dans la crèche, surmonté de l’étoile, l’un des symboles de la célébration de la Nativité. Tous les deux sont ailés et auréolés de 4 anges : 2 à gauche et 2 à droite.

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Dans la seconde moitié, la Vierge est représentée sous une niche, lavant le nouveau-né Jésus. Y sont personnifiés aussi les Rois Mages qui observent l’étoile brillante et annoncent la naissance d’une personne grandiose. Ils se félicitent de l’arrivée du Christ. Chacun d’eux présente un cadeau au nouveau-né. De l’or « emblème de la grandeur et de la sagesse, l’oliban qu’on mettait dans l’encensoir incarnait Jésus dans le ventre de la Vierge ; et enfin la myrrhe dont le goût amer fait allusion aux douleurs dont souffrirait plus tard le Christ », commente Zarif. Cette icône comprend aussi des figures d’animaux comme le b&´lier, symbole du sacrifice, le taureau dont les cornes symbolisent le salut, et l’âne qui révèle la docilité du peuple d’Israël soumis à son pasteur, le Christ. Selon Zarif, cette icône représente en détail la Nativité. La philosophie du christianisme y est personnifiée. La Nativité continue à être reproduite dans des peintures jusqu’à nos jours. Parmi les symboles de cette célébration il y a la grotte, l’arbre et le Père Noël qui ne figurent pas dans l’art copte. Pourtant, ils sont présents dans nos festivités.

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