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Sauver une oeuvre du patrimoine

Nasma Réda, Mardi, 18 août 2015

Une campagne a été lancée par l’Egypte et l’Angleterre pour collecter la somme de 15,76 millions de livres sterling, afin de racheter la statue du scribe égyptien, Sekhemka, et la garder dans un musée sur le territoire britannique.

Sauver une oeuvre du patrimoine

Bien que la statue du scribe égyptien, Sekhemka, soit vendue en 2014 à la maison Christie’s de vente aux enchères à 15,76 millions de livres sterling pour le compte du musée Northampton, les autorités britanniques ont interdit sa sortie des frontières anglaises sur la demande des autorités égyptiennes. Les responsables égyptiens ont refusé cette vente, la qualifiant d’acte abusif. « Sekhemka appartient à l’Egypte, et même si on ne parvient pas à restituer cette statue à son pays d’origine, l’important pour nous est qu’elle soit exposée dans un musée », a déclaré Achraf Al-Khouli, ambassadeur d’Egypte en Angleterre. Il ajoute que si le conseil municipal de Northampton, qui détenait la statue, ne la veut plus, elle doit être remise à son pays d’origine. « Ce n’est ni éthique, ni acceptable que cette vente soit faite pour un but matériel. C’est une atteinte contre le patrimoine égyptien et mondial », assure-t-il. En fait, l’histoire de la vente de cette statue a commencé en 2012 quand le conseil municipal de Northampton, qui gère le musée qui porte le même nom, avait proposé la vente aux enchères de la statue de Sekhemka, estimée au départ à 2 millions de livres sterling (2,8 millions d’euros), pour financer son extension. Mais suite à de multiples protestations de la part des donateurs du musée en Angleterre et des autorités égyptiennes, la vente a été suspendue. Mais l’histoire de la statue ne s’est pas arrêtée là. En 2014, le musée a relancé la statue dans une vente aux enchères toujours dans le même but : celui de réaménager ses locaux. « Le ministère égyptien des Antiquités s’était adressé encore une fois au musée via notre ambassade à Londres pour arrêter cette vente. Une tentative qui n’a pas réussi », se souvient Ali Ahmad, responsable du département de restitution des objets d’antiquité au ministère. Il ajoute que le conseil municipal de Northampton avait assuré que la statue avait été offerte au musée par Lord Compton, marquis de Northampton, avant la ratification de la Convention de l’Unesco de 1970 qui interdit l’importation, l’exportation et le transfert des biens culturels. Avant cette date, la vente internationale des monuments n’était pas interdite. « C’est ainsi que Lord Compton a pu acquérir cette statue et la faire sortir d’Egypte », souligne Ali Ahmad, tout en ajoutant que très peu d’informations sont disponibles sur l’itinéraire de cette statue. Malgré les réserves de la partie égyptienne vis-à-vis de la vente de la statue, elle a été vendue en juillet 2014. La maison de vente aux enchères a refusé d’interrompre l’opération puisqu’il n’y a pas de procès judiciaire. La statue a été vendue à un homme d’affaires qatari pour la somme de 15,76 millions de livres sterling. « En 2014, je me suis adressé à l’Organisation internationale des musées (ICOM), afin de stopper cette catastrophe culturelle », souligne, pour sa part, Mamdouh Al-Damati, ministre des Antiquités. Il a exprimé à l’organisation son refus de cette vente qui « viole les valeurs de l’ICOM concernant la préservation des biens culturels ». « Même si ces musées ont pu acquérir légalement ces pièces antiques, cela ne leur donne pas le droit de les mettre en vente. Les musées doivent en faire un usage culturel », souligne-t-il encore.

Les autorités britanniques ont interdit la sortie de cette statue de leur territoire après une demande officielle de l’Egypte. Ainsi, l’Egypte et l’Angleterre ont lancé une campagne pour racheter la statue à son actuel propriétaire afin de pouvoir la garder dans un musée en Grande-Bretagne. « On a envoyé des lettres aux autorités britanniques, et des conseillers culturels se sont réunis avec les responsables du ministère de la Culture britannique. La campagne s’étend jusqu’au 29 mars 2016 pour collecter la somme nécessaire », dit le ministre.

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