Al-ahram hebdo : Le secteur de l’aviation civile a joué un rôle important dans l’économie égyptienne en 2014. Comment évaluez-vous sa performance et sa contribution au PNB ?
Hossam Kamal : La contribution du secteur de l’aviation au PNB est évaluée à une somme frôlant les 15 milliards de L.E., dont 7,7 milliards provenant des compagnies d’aviation, des aéroports et d’autres services. 5 autres sont procurés par les fournisseurs de services au secteur de l’aviation. Cela, outre les 2,3 milliards de L.E. qui constituent les dépenses des employés du secteur de l’aviation civile. Ce secteur procure 197 000 emplois directs ou indirects et en même temps verse 3,5 milliards de L.E. sous forme d’impôts annuels dans la trésorerie de l’Etat, sachant que ce secteur n’est nullement dépendant du budget étatique et que tous ses projets sont autofinancés.
— La baisse mondiale des cours de pétrole influencera-t-elle le prix des billets d’avion, et de manière générale les coûts de l’aviation ?
— Le pétrole représente entre 30 et 40 % des recettes de l’aviation et du coût total du voyage. Si cette baisse dure longtemps, pendant un an par exemple, cela aura naturellement un impact important car les accords de financement et d’approvisionnement sont généralement conclus pour une échéance de 6 mois à un an. L’impact apparaîtra donc sur les nouveaux contrats, si les cours du pétrole continuent à baisser, ceux des billets enregistreront inéluctablement une baisse.
— Mais les prix des vols internes sont excessifs pour les passagers égyptiens. Quel est votre plan pour les réduire afin d’activer le tourisme interne ?
— Il y a quelques semaines, nous avons annoncé une nouvelle tarification sur les vols domestiques. Ainsi, des prix unifiés ont été fixés pour tous les vols à destination des villes d’Hurghada, de Charm Al-Cheikh, de Louqsor et d’Assouan, pour les sièges des classes économiques et à tout moment de l’année. Ces prix sont de 20 % inférieurs à ceux qui prévalaient dans les saisons de fête et de congés.
— La transformation de la compagnie Egyptair et des aéroports en compagnies holding avec des compagnies affiliées a-t-elle été une expérience réussie ?
— Oui, l’expérience a prouvé sa réussite et ses avantages se sont répercutés sur tout le secteur de l’aviation civile. Ceci a assuré un statut financier indépendant aux compagnies et leur a permis de fonctionner dans un système flexible, notamment au niveau de la prise de décision, ce qui est important dans un marché caractérisé par ses changements aigus. Cette transformation a également encouragé les compagnies à augmenter leurs revenus, à partir de ressources externes comme Egyptair Maintenance&Engineering Company, Egyptair Ground Services, Egyptair Tourism & Duty Free et Egyptair In-Flight Services. Il est vrai que certaines compagnies souffrent de sureffectif, mais partant du principe de la responsabilité sociale, on ne peut pas mettre notre personnel au chômage forcé. Ce que nous pouvons faire c’est de profiter au maximum de ce surplus de main-d’oeuvre en la formant pour d’autres postes et missions au lieu d’embaucher de nouveaux cadres.
— Qu’en est-il du projet Airport City et des opportunités qu’il présente ?
— J’accorde un grand intérêt à ce projet car le concept des aéroports a changé. Ceux-ci ne sont plus de simples terrains d’atterrissage et de décollage. Aujourd’hui, les aéroports internationaux ne comptent pas uniquement sur les revenus provenant des activités de l’aviation : ils se sont transformés en terrains d’investissement et c’est ainsi qu’ils réalisent la plus grande part de leurs revenus. De plus, ces projets sont censés réaliser simultanément plusieurs autres objectifs comme l’implication du secteur privé, la création d’offres d’emploi, l’augmentation des revenus, le soutien de l’économie nationale et enfin ils procurent de nouveaux services aux voyageurs et à toutes les personnes qui fréquentent les aéroports. La maison britannique d’expertise AECOM a achevé en juin dernier les études concernant ce projet. Ses différentes phases seront soumises à des adjudications internationales. La superficie totale du projet de la cité de l’aéroport du Caire atteindra 10 millions de m2, répartis sur 5 zones. Le projet fera passer les revenus émanant des projets non liés à la navigation aérienne à 60 % contre 40 % actuellement, ce qui est proche de la proportion internationale. Il y a deux semaines, la première phase du projet a été lancée et 10 investisseurs ont retiré les cahiers des charges. Selon la maison AECOM, l’Egypte sera le 19e pays à se doter d’un Airport City.
— Pouvez-vous nous parler plus de ce projet, du volume d’investissements impliqués et des offres d’emploi qu’il doit assurer ?
— Le volume prévu des investissements dépasse les 12 milliards de dollars (soit 80 milliards de L.E.) et offre de très grandes opportunités d’investissement pour les investisseurs arabes et étrangers. Le projet comprend des activités commerciales et des services logistiques qui contribueraient à la relance de l’économie nationale tout en offrant des milliers d’emploi aux jeunes, dans divers domaines. Quant aux revenus prévus, on s’attend à ce qu’ils atteignent 422 milliards de L.E. d’ici à 2040, avec la création de 30 000 emplois directs et 90 000 autres indirects.
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