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La carte de Pékin

Chérine Abdel-Azim, Lundi, 15 décembre 2014

Outre les questions économiques, la visite du chef de l'Etat en Chine revêt aussi une importance politique.

La visite du président Abdel-Fattah Al-Sissi en Chine est en premier lieu économique. Elle revêt cependant une certaine importance sur le plan politique. « L’Egypte s’oriente vers la Chine », explique Wahib Al-Miniawy, ancien ambassadeur d’Egypte au Japon et membre du Conseil égyptien des affaires étrangères. Depuis les années 1970, Le Caire a toujours été un allié stratégique des Etats-Unis. Cependant, et depuis la révolution du 30 juin 2013, les relations avec les Américains ne sont pas au beau fixe. Les critiques de Washington sur la situation politique en Egypte après le 30 juin ont exaspéré Le Caire. Ce froid avec les Américains, même s’il a été en partie dissipé, a incité Le Caire à chercher des alternatives à Washington.

« Aujourd’hui, l’Egypte bouge dans toutes les directions. Vers l’Est et l’Ouest », explique l’ambassadeur. C’est dans ce contexte qu’on peut situer le récent rapprochement de l’Egypte avec la Russie. Le président Abdel-Fattah Al-Sissi a ainsi effectué deux déplacements en Russie avant et après son accession au pouvoir. Et des contrats de vente d’armes ont été conclus avec ce pays. Une manière de faire pression sur les Américains. Ces derniers ne voulaient sans doute pas que l’Egypte se jette dans les bras de Moscou. Et le Congrès américain a décidé de verser à l’Egypte les aides qui avaient été suspendues.

C’est dans ce contexte également que l’Egypte se rapproche de l’Europe comme en témoigne la récente visite du président Abdel-Fattah Al-Sissi en France et en Italie, deux pays méditerranéens qui peuvent comprendre le discours de l’Egypte et ses problèmes avec le terrorisme. Emad Gad, chercheur au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, affirme que la Chine ne remplace pas les Etats-Unis ou l’Europe, mais « l’Egypte a besoin de diversifier ses relations », dit-il. La Chine et l’Egypte possèdent d’excellentes relations depuis l’époque du président Gamal Abdel-Nasser.

L’Egypte a été le premier pays arabe et africain à reconnaître la République populaire de Chine et à établir des relations diplomatiques avec elle en 1956. Au cours de cette même année, la Chine a donné soutien à la décision de Nasser de nationaliser le Canal de Suez. De même, la Chine a retiré tous ses ambassadeurs dans la région, sauf celui du Caire, et a annoncé son soutien à l’Egypte durant la guerre du 6 Octobre. Après la révolution du 25 janvier, Pékin a affirmé le droit du peuple égyptien à déterminer son avenir et a refusé toute tentative d’ingérence dans les affaires internes de l’Egypte.

La Chine est aujourd’hui une superpuissance et l’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu. La Chine est également un marché potentiel d’armement pour l’Egypte. Et une coopération militaire existe entre les deux pays dans ce domaine. « Il y a une coopération militaire avec la Chine. Nous leur achetons des machines et des pièces de rechange. L’avantage de travailler avec la Chine c’est qu’elle fait exactement ce que veut le client et au prix qu’il veut », dit un responsable militaire ayant requis l’anonymat. Selon Magdi Amer, ambassadeur d’Egypte en Chine, le président Abdel-Fattah Al-Sissi signera, au cours de sa visite, un accord stratégique global avec la Chine. La preuve de l’intérêt porté par l’Egypte à ce pays .

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