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Egypte-Chine : Vers une nouvelle phase de coopération

Névine Kamel, Lundi, 15 décembre 2014

Le président Abdel-Fattah Al-Sissi est attendu en Chine le 23 décembre. Une visite qui vise à relancer les échanges commerciaux, mais surtout à attirer dans le pays un maximum d’investisseurs.

Egypte-Chine : Vers une nouvelle phase de coopération
Quatre ministres en Chine pour préparer la visite d'Al-Sissi. (Photo:Al-Ahram)

Une délégation ministérielle s’est rendue la semaine dernière en Chine, pour préparer la visite du président Abdel-Fattah Al-Sissi, attendu dans ce pays le 23 décembre. Le président chinois, lui, sera accueilli en Egypte en mars 2015. A en juger par ces déplacements, la Chine serait un partenaire potentiel guetté par l’Egypte, qui veut diversifier ses ressources économiques.

« Le gouvernement actuel a décidé de se diriger vers l’Est. D’abord la Russie et maintenant la Chine. Non seulement parce que les pays européens et les Etats-Unis entretiennent une position politique floue vis-à-vis de l’Egypte, mais également à cause du ralentissement de leurs économies », confie à l’Hebdo Mounir Fakhri Abdel-Nour, ministre de l’Industrie, du Commerce et des Petites et des moyennes entreprises.

Abdel-Nour fait lui-même partie de la délégation ministérielle qui regroupe également les ministres de la Coopération internationale, Naglaa Al-Ahawani, du Transport, Hani Dahi, et de l’Electricité, Mohamad Chaker.

Les deux pays signeront, lors de la visite présidentielle, un accord de « partenariat stratégique », visant une relance réelle de leur coopération dans divers domaines.

Les Egyptiens entendent exposer les opportunités d’investissement dans le pays et passer en revue les amendements législatifs favorables aux investisseurs récemment adoptés.

« Il s’agit d’envoyer un message clair : L’Egypte est intéressée à fortifier les liens avec la Chine et guette des opportunités concrètes de partenariat avec ce dragon économique », explique Abdel-Nour, qui annonce déjà un intérêt chinois pour le projet d’un train à grande vitesse entre Alexandrie et Assouan, et pour des secteurs comme l’aviation civile, l’électricité et l’énergie renouvelable.

Selon les chiffres du ministère de l’Industrie et du Commerce, le volume du commerce bilatéral entre les deux pays a atteint 10,5 milliards de dollars au cours de l’année fiscale 2013/2014, soit une hausse de 7 % par rapport à l’année précédente. Les exportations égyptiennes se limitent à 1,6 milliard de dollars et comprennent le coton, le lin, le cuivre et les agrumes, alors que l’Egypte importe à la Chine le fer à béton, les équipements et le kérosène. Lors de leur visite, les ministres égyptiens ont discuté de l’entrée en Chine de quelques produits agricoles supplémentaires.

En-deçà des potentiels

Malgré la hausse du commerce bilatéral, les investisseurs chinois sont peu intéressés à s’installer en Egypte. Les investissements chinois en Egypte se limitent à 500 millions de L.E., et sont majoritairement concentrés dans la zone au nord-ouest de Suez. « La coopération reste en-deçà des potentiels, et c’est pourquoi nous visons une vraie relance au cours de la prochaine période », dit Abdel-Nour.

A cet égard, comme le révèle un communiqué du ministère de la Coopération internationale, une série de rencontres est programmée avec des hommes d’affaires et des représentants de banques chinoises. Ils discuteront avec les officiels égyptiens des opportunités d’investissement, notamment dans l’infrastructure, l’énergie, les produits pétrochimiques, le transport et les médicaments.

L’appel égyptien intervient alors que la Chine accorde de plus en plus d’importance au continent africain. Au cours des 5 dernières années, l’Afrique est devenue le premier partenaire de la Chine avec des échanges commerciaux de près de 200 milliards de dollars en 2013.

Les grands projets, dits « nationaux », sont en tête des discussions, affirme la ministre de la Coopération internationale, Naglaa Al-Ahawani. Il s’agit notamment de la zone industrielle du « nouveau » Canal de Suez, du développement de la Côte-Nord, ou encore du « Triangle d’or » entre Safaga, Al-Qosseir et Qéna au sud-est. « Les Chinois se disent intéressés par la création d’une zone industrielle chinoise autour du Canal de Suez. Les détails seront abordés lors de la visite du président », ajoute la ministre, tout en rappelant que la Chine sera représentée par une délégation d’hommes d’affaires lors du sommet économique prévu en Egypte en mars 2015.

Le gouvernement égyptien doit réussir à convaincre les Chinois à injecter leur argent sur le marché égyptien. Mais la tâche n’est pas facile. Lors d’une visite le mois dernier pour une conférence sur les produits pétrochimiques, un membre de la délégation chinoise avait confié à l’Hebdo : « L’Egypte est un terrain fertile d’opportunités d’investissement, mais l’environnement des affaires n’est pas encore suffisamment développé pour encourager les investisseurs. Les lois, notamment celles relatives aux terrains, et surtout la bureaucratie demeurent des obstacles qui nous inquiètent. L’instabilité politique et le retard des élections parlementaires sont d’autres sujets d’inquiétude qui retardent le flux d’investissement ». La balle est donc dans le terrain du gouvernement égyptien.

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