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Subvention à l'énergie : Le début de la fin

Salma Hussein, Mardi, 01 juillet 2014

Le gouvernement égyptien entame un plan de hausse du prix de l’énergie le 1er juillet, début du nouvel exercice fis­cal. Objectif : écono­miser 40 milliards de L.E. par an et rame­ner à zéro les géné­reuses subventions en 3 ans.

Subvention à l
Si la subvention à l'énergie est supprimée, l'inflation gagnerait 37 %. (Photo:AP)

C’est un choix difficile et contesté que celui du gouvernement : aug­menter le prix des carburants et de l’électricité pour combattre un large déficit budgétaire de 10 %. « Il s’agit d’une période douloureuse faite de décisions impopu­laires », annonce Achraf Al-Arabi, le ministre du Plan, qui promet de ne pas adopter de politique choc, mais plutôt un plan de hausse graduelle qui s’étendra sur 3 ans. L’heure H de son appli­cation restant secret.

Ce qui n’a pas empêché, à l’annonce de ces mesures, des sources gouvernementales ano­nymes de révéler dans la presse que son applica­tion commencera le 1er juillet (soit un jour avant l’impression de l’Hebdo, ndlr). D’autres ont indiqué que les nouveaux prix des carburants seront affichés dès cette fin de semaine. Déjà, en milieu de semaine, certaines stations service ne vendaient plus de carburant attendant les prix en hausse pour maximiser leurs profits.

Le gouvernement a subventionné les carbu­rants et l’électricité à hauteur de 144 milliards de L.E. (20,3 milliards de dollars) l’année dernière (27 milliards pour l’électricité et le reste en pro­duits pétroliers). Il vise réduire cette énorme somme à moins de 100 milliards de L.E. en juillet 2015. Et le premier ministre Ibrahim Mehleb a annoncé à l’agence Reuters que la facture des subventions à l’énergie sera réduite à zéro en 3 ans. Le nouveau président élu, Al-Sissi, détenant provisoirement le pouvoir législatif, a approuvé le budget de l’Etat le 28 juin dernier. Cela après l’avoir refusé une semaine avant en raison d’un déficit trop large. La version finale table sur un déficit de 10 % au lieu de 12 %.

Pour Achraf Al-Arabi, la hausse des prix de l’électricité pour les ménages sera plus rapide que celle des carburants, qui sera plus graduelle et effective dans les 3 prochains mois. Le pre­mier ministre a annoncé à Reuters, le 30 juin, que les plus riches connaîtront une hausse de leur facture d’électricité comprise entre 15 et 20 %. Selon le ministre des Finances, il s’agit de ceux consommant plus de 50 kilowatts heure par mois (classes moyenne et riche), explique-t-il lors d’une conférence de presse tenue le même jour.

La hausse touchera également l’essence, pour toutes les catégories, dont les subventions ont coûté 27 milliards de L.E. en 2013-14. Cela comprend le gasoil destiné aux ménages et au secteur agricole, les deux s’emparant ensemble de moins de 20 % de la consommation locale. « Tous les prix des carburants augmenteront pour que les habitudes de consommations ne soient pas substituées par d’autres moins chères », explique Yasser Sobhi, du bureau technique du ministre des Finances. Les ména­gers avait déjà connu une hausse des prix du gaz naturel et du butane ces deux dernières années. Le ministre des Finances a cependant refusé de publier le plan du gouvernement et les économies réalisées sur les subventions de chaque type de carburant pour que le public et les médias n’en déduisent pas les nouveaux prix.

Parallèlement, le gouvernement promet une réduction des subventions allouées à l’énergie dans le secteur industriel et touristique, qui absorbe deux tiers de la facture des subven­tions, selon un rapport du Conseil consultatif (Sénat), non rendu public et datant de 2009. « Nous avons approuvé un plan pour éliminer les subventions du secteur industriel sur 3 ans », dévoile Achraf Al-Arabi. Toutefois, le gouvernement versera une compensation annuelle pour assister le secteur à adopter des énergies alternatives, ajoute-t-il, sans préciser ce montant. Le secteur touristique absorbe 22 % du total de la consommation en gasoil. Le plan pour supprimer les subventions allouées au secteur industriel (qui s’en empare de la plus grande part) est moins clair.

Protéger les plus pauvres

Mais le prix fort que les Egyptiens paieront sera celui de la hausse de l’inflation, qui est actuellement proche des 10 %. Une étude de 2009 du Centre égyptien des études écono­miques estime que toutes les subventions à l’énergie seront supprimées et que les prix des carburants connaîtront une hausse moyenne de 831 % de leurs prix actuels. Ce qui poussera l’inflation aux alentours de 37 %. L’alimentation — qui absorbe quelque 40 % des dépenses des ménages — contri­buera le plus à cette hausse de l’inflation. Pour protéger les plus pauvres contre cette vague de hausse de prix, le gouvernement promet de doubler la base des bénéficiaires de la pension sociale (allocations mensuelles aux plus pauvres) pour atteindre 3 millions d’Egyptiens. De plus, le gouvernement compte élargir l’offre en transports publics. Ainsi, l’arsenal des autobus publics au nombre de 1300 unités, sera doublé en 2015. Il y aura aussi l’accélération de la construc­tion de nouvelles lignes de métro et la moder­nisation comme l’augmentation des lignes de transport fluvial à travers un partenariat public-privé. La question reste cependant de savoir si ces mesures sont suffisantes à proté­ger plus de 60 millions d’Egyptiens vivant avec moins de 5 dollars par jour.

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