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La Bourse se refait une jeunesse

Gilane Magdi, Mardi, 15 avril 2014

Malgré la traversée d’une période difficile, l’indice boursier égyptien, l’EGX 30, retrouve le dynamisme. Car une deuxième génération de sociétés nationales performantes vient ranimer les échanges.

Bourse
La société Juhayna est devenue parmi les 5 les plus grandes dans l'indice EGX 30. (Photo : Moustapha Al-Sénoussi)

L’année 2013 a marqué un tournant pour l’indice EGX 30 qui regroupe les 30 titres les plus échangés en Bourse du Caire. L’indice est en réalité passé par vents et marées, comme l’affirment les résultats boursiers annuels. C’est que les principales sociétés cotées aujourd’hui sont pour la plupart nouvelles en Bourse. Tandis que Mobinil et NSGB n’y sont plus pour des raisons politiques et financières. Pour la première fois parmi les plus grands : le groupe immobilier Talaat Mustafa, propriété de l’homme d’affaires Hicham Talaat Mustafa actuellement en prison. « Bien que le secteur des télécommunications et celui des constructions soient toujours présents avec 5 grandes sociétés, d’autres secteurs ont fait leur entrée sur la liste, comme les produits alimentaires et l’immobilier. Cette diversification est un phénomène nouveau. Elle n’existait pas avant la révolution du 25 janvier 2011 », explique à l’Hebdo Mohabeddine, analyste technique auprès de la banque d’investissement Beltone Financial. Selon un communiqué de la Bourse égyptienne, l’action de la banque CIB, restée ces cinq dernières années parmi les 5 grandes actions cotées en Bourse, a occupé la première place pour la première fois en 2013 réunissant presque le quart des échanges (23 %) et remplaçant l’action d’OCI. L’action de la société Global Telecom (anciennement Orascom Telecom) et celle de Telecom Egypt représentent ensemble 20 % de l’indice EGX 30, suivies par l’action du groupe immobilier Talaat Mustafa et celle des produits laitiers Juhayna qui représente 5,96 % de l’indice.

Si ces actions figurent parmi les plus grandes de la Bourse c’est grâce à la performance financière des sociétés mais aussi à l’amélioration des indicateurs dans les secteurs auxquels elles appartiennent. Ainsi, l’action CIB, une des plus grandes banques privées, a enregistré une très bonne performance en 2013. Ses profits nets ont augmenté de 35 % pour atteindre 3 milliards de L.E. en 2013 contre 2,2 milliards de L.E. l’année précédente.

« Cette progression s’explique notamment par l’augmentation des services offerts par la CIB, ainsi que par la hausse des recettes des bons du Trésor et celle des revenus provenant des crédits. Ces derniers ont augmenté de 21,1% pour atteindre 9,5 milliards de L.E. en 2013 contre 7,9 milliards de L.E. l’année précédente », explique un communiqué de la banque. Beltone recommande l’achat de cette action et la classe parmi les actions préférées des investisseurs en 2014.

19000 logements livrés

Quant au groupe Talaat Mustafa, qui occupe la troisième place parmi les plus grandes sociétés cotées en Bourse, ses profits nets ont augmenté de 7% en 2013 pour atteindre 585 millions de L.E. contre 545 millions de L.E. en 2012, en raison notamment de la hausse des revenus du groupe qui ont atteint 4,8 milliards de L.E. en 2013 contre 4,6 milliards en 2012. Une hausse due à l’augmentation des logements vendus. « La société a réussi à surmonter la situation difficile que l’Egypte a traversée après le 30 juin 2013. Le groupe a déjà livré à ses clients 19000 logements à Madinati dans la banlieue du Caire, alors que 110000 autres unités doivent être remises d’ici la fin de cette année », note Achraf Al-Bana, vice-président de la société Talaat Mustafa. La bonne performance de la société et le fait qu’elle distribue des dividendes ont de plus incité les investisseurs à préférer cette action. La bonne performance des actions reflète généralement la bonne santé des secteurs d’activités auxquels elles appartiennent.

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Le secteur de construction est parmi les plus performants en 2013.

Le dernier rapport annuel de la Bourse égyptienne révèle une amélioration au niveau des différents secteurs— à part le secteur des services financiers. Le taux de croissance du secteur bancaire a atteint 33%. Celui-ci occupe la troisième place des secteurs les plus performants, suivi par le secteur de l’immobilier. Malgré les turbulences politiques et économiques, l’EGX30 a augmenté en 2013 de 24% pour la deuxième année consécutive. « L’indice de la Bourse a chuté de 13% pendant le premier semestre 2013 à cause de l’instabilité politique. Mais depuis le départ des Frères musulmans le 30 juin 2013, l’indice a augmenté de 43 % », explique le rapport annuel de la Bourse. Or, la valeur totale des échanges a chuté de 12,4% pouratteindre 162 milliards de L.E. en 2013 contre 185 milliards de L.E. l’année précédente.

Pendant une dizaine d’années, OCI a occupé la tête de l’indice EGX 30 réunissant à elle seule presque le tiers des échanges boursiers. Lorsque Nassef Sawirès, son président et fondateur, décide de créer une holding hollandaise qui achètera OCI en février 2013, l’action de la société a disparu de l’indice EGX30. Quelques mois auparavant, son frère, Naguib Sawirès, avait vendu l’opérateur de portables Mobinil, au groupe français France Telecom Orange pour 1,5 milliard d’euros. Et depuis,l’action n’a pas fait l’objet de transactions boursières, ou presque. « Aujourd’hui, Mobinil n’est plus l’action active en Bourse. Seuls 5 % de cette action sont échangés en Bourse, ce qui représente la part de la société Orascom Telecom et Media Techonology contrôlé par Naguib Sawirès », explique Sara Chabayek, analyste du secteur des télécoms chez le courtier CI capital. Cette action a été annulée de l’indice pendant sa révision périodique effectuée chaque année à la fin des mois de janvier et de juillet.

Craintes de répercussions

La sortie de ces deux sociétés appartenant à la famille Sawirès a suscité les craintes de répercussions majeures sur l’indice EGX30. « Le poids de cet indice boursier dans l’indice des pays émergents, Morgan & Stanley, a reculé de 0,32% à 0,21% », avait prévu la banque d’investissement EFG-Hermes l’année dernière. Mais Eissa Fathi Eissa explique à l’Hebdo que l’institution internationale n’a procédé à ce jour à aucune révision. « En juin prochain, elle révisera le poids de tous les indices dans le cadre d’une révision périodique qui ne concerne pas seulement l’Egypte », explique-t-il. Et d’ajouter que le recul éventuel de l’indice boursier égyptien au sein de Morgan & Stanley serait un message aux investisseurs étrangers pour réduire leurs investissements dans les mêmes proportions. D’ailleurs, le rapport de la Bourse dévoile une augmentation de la capitalisation après la sortie de cessociétés de la famille Sawirès, de 376 milliards de L.E. en 2012 à 427 milliards de L.E. en 2012. « La sortie de ces sociétés de l’indice EGX30 ne signifie pas leur suppression de la Bourse égyptienne. 1% des actions d’OCI est échangé en Bourse ainsi que 3 % de la banque NSGB représentant les parts des investisseurs qui n’ont pas encore vendu leurs actions. C’est pourquoi la capitalisation n’a pas baissé », explique Eissa Fathi.

Global Telecom en deuxième place dans l'EGX 30 malgré les pertes

Global Telecom est le nouveau nom commercial du groupe Orsacom Telecom, fondé par la famille Sawirès, deux ans après la fusion entre OT et le groupe russe Vimpelcom.

Ce groupe est classé en deuxième place dans l’indice EGX 30 (rassemblant les 30 actions les plus échangées en Bourse du Caire) avec un poids avoisinant 15,96 %, alors que ses résultats financiers en 2013 révèlent des pertes de 6,47 milliards de L.E. (soit 924 millions de dollars) en 2013 contre 1,44 milliard de L.E. (205,7 millions de dollars) l’année précédente. Le groupe a aussi révélé le recul des revenus de 5 % pour atteindre 3,4 milliards de dollars en 2013 contre 3,6 milliards de dollars en 2012. « L’action Global Telecom reste parmi les actions préférées des investisseurs vu son prix modeste par rapport aux autres », justifie à Al-Ahram Hebdo Ahmed Hendawi, analyste du secteur des télécoms chez le courtier Prime Securities, en ajoutant que la société possède des liquidités à hauteur de 17 milliards de L.E. au sein de sa filiale algérienne Djezzy. En avril 2011, le groupe russe Vimpelcom a acquis Orascom Telecom pour une valeur de 4,8 milliards d’euros devenant ainsi le sixième plus grand fournisseur mondial de services de télécommunications. Il offre ses services dans 7 pays (l’Algérie, le Bangladesh, le Burundi, le Pakistan, le Zimbabwe, la République d’Afrique centrale et le Canada).

En août dernier, le magnat égyptien Naguib Sawirès, ancien propriétaire d’OT, est complètement sorti du capital de Vimpelcom afin de créer la société OTMT, dont il est actuellement président exécutif.

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